France : détonations près de l'immeuble où s'est retranché le tueur présumé

Trois violentes détonations ont retenti peu avant minuit le 21 mars près de l'immeuble où s'est retranché depuis plus de 20 heures le jeune Français suspecté d'avoir abattu des militaires et des juifs dans le Sud-Ouest de la France, en disant avoir agi sur instruction d'Al-Qaïda.

Le ministre français de l'Intérieur, Claude Guéant (droite), se rend à l'école Ozar Hatorah de Toulouse, visée le 20 mars par la pire attaque antisémite en France depuis 30 ans. Photo : AFP/VNA/CVN

Mohamed Merah, 23 ans, qui a revendiqué trois attaques sanglantes menées dans la région de Toulouse au cours desquelles sept personnes ont été tuées, est retranché depuis le 21 mars à 03h00 (02h00 GMT) dans son appartement toulousain assiégé par la police. Selon une source proche de l'enquête les détonations montrent que le dénouement est proche même si un assaut a pour le moment été démenti. "Il disait qu'il voulait se rendre, il a changé d'avis, on augmente la pression pour qu'il se rende", a déclaré une source, alors que l'électricité, l'eau et le gaz ont aussi été coupés dans son quartier.

Selon un spécialiste, les trois dénotations peuvent "provenir de grenades assourdissantes et aveuglantes pour tester les capacités de réaction et peser sur les négociations". Selon un autre, elles peuvent aussi annoncer l'assaut, une première explosion faisant sauter la cloison, les deux secondes devant sidérer l'individu retranché et l'assourdir, le rendant pendant quelques instants incapable de réaction. "Nous espérons éviter l'assaut parce que nous souhaitons prendre M. Merah vivant afin qu'il puisse être jugé", avait déclaré dans la soirée le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant.

Le jeune homme est l'auteur présumé de l'assassinat entre le 11 et le 19 mars à Toulouse et Montauban de trois militaires d'origine maghrébine et de quatre juifs, dont trois enfants. Il projetait encore d'assassiner deux policiers et un militaire dès le 21 mars, selon le procureur de Paris, François Molins. Le suspect "revendique être un moudjahidine, appartenir à Al-Qaïda et avoir voulu venger les enfants palestiniens autant qu'avoir voulu s'en prendre à l'armée française" du fait de sa présence en Afghanistan, selon Claude Guéant. Il entendait aussi punir la France pour sa loi interdisant le port public du voile islamique intégral, selon le procureur.

Le Raid (l'unité d'élite de la police) a mené "plusieurs tentatives" pour entrer dans son appartement situé au premier étage d'un petit immeuble d'un quartier résidentiel et s'est heurté à chaque fois à une "réplique" à l'arme à feu, a indiqué le procureur. Deux policiers ont été blessés.

"Mettre la République à genoux"

Trois personnes de son entourage ont été placées en garde à vue dont l'un de ses frères interpellé le 21 mars et "engagé lui aussi dans l'idéologie salafiste", selon une source policière. Des "explosifs" ont été trouvés dans sa voiture. À Montauban, un hommage aux trois militaires tués les 11 et 15 mars, a été rendu dans l'après-midi en présence du chef de l'État, Nicolas Sarkozy et d'autres candidats à la présidentielle d'avril et mai dont le socialiste François Hollande.

Le tueur "voulait mettre la République à genoux" mais elle "n'a pas cédé", a martelé le président en qualifiant la mort des militaires d'"exécution terroriste". Nicolas Sarkozy a prévenu que "ces crimes ne demeureront pas impunis". Face à de tels événements il ne faut "en aucun cas céder à l'amalgame" ni "à la vengeance", a-t-il aussi ajouté. Le président avait réuni dans la matinée à Paris les représentants des grandes religions de France, dont les juifs et les musulmans, "pour montrer que le terrorisme ne parviendra pas à fracturer notre communauté nationale".

Les autorités musulmanes, comme celles du judaïsme, ont rejeté tout amalgame entre l'islam et ces crimes. "Ces actes sont en contradiction totale avec les fondements de cette religion", a assuré Mohamed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman (CFCM). La France compte les plus fortes communautés juive et musulmane en Europe, avec respectivement plus de 500.000 et plus de 4 millions de membres.

Le ministre de l'Intérieur s'est dit "certain" que le suspect était bien le coupable de la série d'assassinats commis entre le 11 et le 19 mars, qui ont bouleversé la France. Trois enfants juifs de 4, 5 et 7 ans, et un professeur de religion de 30 ans ont été exécutés le 20 mars dans des conditions effroyables, à l'école Ozar Hatorah de Toulouse. Les corps des victimes, dont trois avaient la double nationalité franco-israélienne, ont été transportés en Israël où elles ont été inhumées.

"Entraîné par Al-Qaïda"

Pour chacun de ces crimes, le tueur s'était déplacé sur un scooter de marque Yamaha, qui selon le procureur a été retrouvé. À chaque fois, il avait utilisé une arme de calibre 11,43 mm. Une caméra a aussi été retrouvée dans un sac qu'il avait remis à une connaissance.

Selon le procureur, il n'a exprimé "aucun regret" sinon de "ne pas avoir fait plus de victimes" et s'est glorifié d'avoir "mis la France à genoux".

Lors des discussions avec les policiers, il a expliqué qu'il avait "reçu des instructions d'Al-Qaïda" et qu'il avait "accepté une mission générale pour commettre un attentat en France", a déclaré le ministre de l'Intérieur. Le suspect, qui a effectué deux séjours en Afghanistan et au Pakistan, a aussi dit "avoir été entraîné par Al-Qaïda" au Waziristan, à la frontière afghano-pakistanaise.

Selon le procureur, il avait été arrêté lors d'un de ses voyages par la police afghane et remis à l'armée américaine qui l'avait renvoyé en France. Il avait été détenu pour des faits de droit commun à Kandahar, le berceau des talibans. Mohamed Merah "était suivi depuis plusieurs années par la DCRI", les services du renseignement intérieur français, "mais jamais aucun élément de nature à (faire) penser qu'il préparait une action criminelle n'était apparu", a confié le ministre de l'Intérieur.

Claude Guéant a précisé qu'il avait commis dans le passé en France "plusieurs actes de délinquance, une petite dizaine, parfois avec violence". Les services occidentaux estimaient récemment à quelques dizaines ces jeunes jihadistes de retour des zones troublées à la frontière du Pakistan et de l'Afghanistan, dont quelques-uns en France.

L'école Ozar Hatorah de Toulouse, visée le 20 mars par la pire attaque antisémite en France depuis 30 ans, a rouvert le 21 mars ses portes. Les parents d'élèves se disaient "soulagés" de savoir le suspect assiégé par la police mais attendaient son arrestation, leur "délivrance". Même soulagement pour les proches des militaires tués. "Je l'avais dit au chef du corps où exerçait mon petit, que j'étais confiant", a commenté le père d'Abel Chennouf, l'un des trois parachutistes assassinés.

Mais l'identité du suspect et sa revendication d'appartenance à Al-Qaïda ont immédiatement alimenté le débat politique et la campagne présidentielle, mise en grande partie entre parenthèses depuis le 20 mars. Pour la candidate de l'extrême droite, Marine Le Pen, "le risque fondamentaliste a été sous-estimé" en France.

AFP/VNA/CVN

 

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