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Le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel, le 19 février lors d'une conférence de presse commune à l'Élysée. |
Le président français a indiqué à l'issue d'un conseil des ministres franco-allemand que la France et l'Allemagne avaient "la volonté d'aboutir avant les élections européennes", quitte à s'entendre sur une taxe "imparfaite". "Je préfère une taxe imparfaite à pas de taxe du tout", a-t-il affirmé.
La chancelière Angela Merkel a fait valoir qu'une telle taxe serait "un signal important", qui "montrerait que les acteurs financiers ont une responsabilité", lors d'une conférence de presse commune à l'Élysée. "Ce n'est pas rien" de fixer l'échéance avant les élections européennes, a-t-elle estimé, assurant que les travaux avançaient "à un rythme soutenu". "Si les choses bougent, certains pays pourraient perdre leurs réticences", a-t-elle insisté.
Mais si les deux dirigeants sont restés évasifs sur les détails, côté français, on affirme que des avancées importantes ont été faites "en souterrain". Le ministre français de l'Économie, Pierre Moscovici, "a convaincu son homologue allemand d'accepter le principe d'une taxation large de tous les produits dérivés", a indiqué une source proche du ministère de l'Économie.
C'était le point le plus épineux des négociations entre les deux pays. La taxation des produits dérivés, actifs complexes pouvant jouer un rôle amplificateur lors de crises financières est un marché très important pour la banque allemande Deutsche Bank et la française BNP Paribas.
Les lobbies des secteurs financiers des deux pays mènent une campagne virulente contre cette taxe, illustrée par de récentes sorties du gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, selon qui elle nuirait à l'octroi de crédits et provoquerait une fuite de capitaux et d'activités bancaires. Ces promesses ont en revanche laissé sur leur faim les organisations non-gouvernementales, qui attendaient des avancées concrètes.
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Il regrette aussi l'absence de précisions sur l'affectation des recettes à la lutte contre la pauvreté, le SIDA ou le changement climatique, conformément à des promesses de campagne de M. Hollande.
Paris et Berlin planchent depuis des mois sur une taxe sur les transactions financières (TTF ou "taxe Tobin") qui concernerait d'abord onze pays de l'Union européenne, soit ce que l'on appelle une "coopération renforcée", de manière à contourner les réticences britanniques.
L'objectif est de lever des fonds et de décourager la spéculation, tout en s'affranchissant des initiatives de la Commission européenne, qui propose elle-même une taxe, jugée bien trop agressive dans les deux pays.
AFP/VNA/CVN