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Christine Lagarde, le 5 juin à Washington. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
"La priorité absolue est de résoudre les tensions commerciales tout en accélérant la modernisation du système commercial international", a estimé Christine Lagarde, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) dans un blog publié en amont du G20 finances qui se tiendra le weekend prochain au Japon.
Les États-Unis ont porté le 10 mai à 25% les droits de douane sur 200 milliards de dollars de marchandises en provenance de Chine, accusant les autorités chinoises de ne pas tenir leurs engagements permettant de signer un accord commercial.
De son côté, Pékin a rétorqué en augmentant le 1er juin ses tarifs douaniers sur 60 milliards de dollars de biens américains.
En outre, Washington menace de renforcer les droits de douane sur encore 300 milliards de dollars de biens chinois, ce qui reviendra à surtaxer la totalité des importations en provenance du géant asiatique.
Par ailleurs, la Maison Blanche pourrait imposer, à partir de lundi, des tarifs douaniers sur toutes les importations en provenance du Mexique si aucun accord n'était trouvé pour mettre fin à l'afflux d'immigrés clandestins arrivant aux États-Unis par le biais de la frontière mexicaine.
"Tout indique que les États-Unis, la Chine et l'économie mondiale sont les perdants des tensions commerciales actuelles", a souligné Christine Lagarde.
Le FMI a ainsi calculé que les tarifs douaniers récemment mis en vigueur pourraient amputer le Produit intérieur brut mondial (PIB) de 0,3 point de pourcentage supplémentaire, dont la moitié en raison de la détérioration de la confiance des entreprises et des inquiétudes des marchés financiers.
Il avait auparavant estimé que les droits de douane supplémentaires que Washington et Pékin s'étaient déjà infligés, y compris ceux en vigueur depuis l'année dernière, pourraient réduire le PIB mondial de 0,5% en 2020.
"Cela représente une perte d'environ 455 milliards de dollars américains, soit un montant supérieur à la taille de l'économie sud-africaine", a souligné Mme Lagarde.
Les mesures protectionnistes nuisent non seulement à la croissance et à l'emploi mais encore rendent les biens de consommation plus chers, affectant surtout les ménages à faibles revenus, s'accordent les économistes.
Les drapeaux américains et chinois lors d'une exposition à Shanghai en novembre 2018. |
Pour Christine Lagarde, les deux premières puissances mondiales doivent supprimer au plus vite "ces blessures auto-infligées".
"Se tenir prêts à agir"
Elle invite en outre les pays du G20 à trouver un consensus sur la manière de renforcer les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), en particulier en ce qui concerne les subventions, la propriété intellectuelle et le commerce des services.
"L'objectif est de créer un système commercial plus ouvert, plus stable et plus transparent, un système mieux armé pour répondre aux besoins des économies du XXIe siècle", a-t-elle expliqué.
En attendant, le FMI exhorte les décideurs à éviter "toute suppression hâtive de soutien" à leur économie, dans une note adressée aux ministres des Finances et aux banquiers centraux qui seront réunis les 8 et 9 juin à Fukuoka (Japon).
Il invite concrètement les banques centrales à maintenir le cap de leur politique accommodante "jusqu'à ce que les nouvelles données confirment les pressions inflationnistes".
Le Fonds recommande en outre aux décideurs du G20 de ne pas se contenter de taux de croissance, qui par habitant, demeurent à des niveaux inférieurs aux moyennes historiques pour de nombreux pays.
De plus, si la croissance s'avérait "particulièrement décevante, les décideurs doivent se tenir prêts à agir", ajoute-t-il, prônant l'utilisation de tous les outils à leur disposition, de la baisse des taux d'intérêt et de mesures budgétaires à des mesures non conventionnelles.
Mardi 4 juin, la Banque mondiale avait de son côté annoncé avoir abaissé ses prévisions de croissance pour cette année (+2,6%), citant la persistance des tensions commerciales, l'accroissement de l'endettement public et un ralentissement de certaines économies dont celles de la zone euro.
Le FMI doit publier jeudi 6 juin son rapport annuel sur l'économie américaine.
Mercredi 5 juin, il a légèrement revu à la baisse ses projections de croissance pour la Chine en raison de la guerre commerciale avec les États-Unis.
"Tout le monde est perdant dans une guerre commerciale. Si les échanges commerciaux sont menacés, s'ils sont affectés, la croissance en pâtira", a averti lors d'une conférence de presse à Pékin, Kenneth Kang, le directeur adjoint du département Asie-Pacifique du FMI.
AFP/VNA/CVN