La peste porcine pourrait faire des ravages en Asie pendant des années

Des millions de porcs abattus, une filière décimée et des prix qui flambent: l'épizootie de peste porcine africaine qui ravage certains pays d'Asie, tout particulièrement le Vietnam et la Chine, ne devrait pas être maîtrisée avant plusieurs années, d'après les experts.

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Des responsables des services sanitaires désinfectent des porcs morts placés dans une fosse, le 27 mai 

Le virus de la peste porcine africaine, qui n'est pas dangereux pour l'homme mais très destructeur pour les cochons d’élevage, s'est propagé depuis août dans plus de la moitié des provinces chinoises. Des foyers ont également été détectés en République populaire démocratique de Corée, en Mongolie et au Cambodge. "Notre famille est dévastée (...) Nous comptions sur les revenus tirés des porcs pour payer la scolarisation de nos enfants", raconte l'éleveur vietnamien Nguyên Van Duoc, contraint de faire abattre ses 36 bêtes quand le virus a été détecté dans sa ferme près de Hanoï.

Depuis que le premier cas a été découvert en février, le Vietnam a abattu quelque deux millions de bêtes, soit plus de 6% du cheptel porcin du pays. En Chine, premier producteur et consommateur mondial, les autorités ont annoncé avoir tué environ un million de porcs depuis août mais, d'après les experts, ce chiffre est sous-évalué. Conséquence: le prix d'achat d'un cochon vivant a bondi d'environ 40% sur un an et la production de viande porcine a chuté de 30%, d'après plusieurs estimations.

Des mesures sanitaires ont été prises. Pékin, tout comme la République de Corée, le Japon et Taïwan (Chine), a également intensifié ses contrôles dans les aéroports et déployé des chiens renifleurs. Mais, la propagation de la maladie reste fulgurante en Chine, qui abrite "près de la moitié" des cochons vivant sur la planète, souligne l'Agence des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) dans son rapport Food Outlook publié le 9 mai. Et, les experts ne se montrent guère optimistes pour l'avenir.

Selon eux, de deux à dix ans pourraient être nécessaires pour que le virus soit maîtrisé en Asie car les normes sanitaires et de biosécurité font défaut particulièrement chez les milliers de petits exploitants. La plupart des bêtes sont nourries avec des restes alimentaires, vecteurs importants de maladie.

Traînée de poudre

La peste porcine "se propage comme une traînée de poudre en Asie parce que (...) le cochon est le camion à ordures de l'Asie", relève Simon Quilty, un analyste indépendant basé en Australie.

Carte montrant les zones épidémiques et les foyers de la peste porcine africaine en Asie au 16 mai

Au final, 200 millions de porcs pourraient être abattus en Chine, soit plus de la moitié de la population porcine du pays, d'après Christine McCracken, analyste pour le groupe hollandais Rabobank. Des marchés de Hong Kong (Chine) à la table du consommateur américain, "l'impact sur les prix sera considérable", selon elle. À Hong Kong, le coût du porc importé a plus que doublé. "J'ai réduit les approvisionnements de deux à un porc par jour", relève le boucher Woo.

Pékin achète désormais de la viande porcine à l'étranger: les importations en provenance de l'Union européenne ont augmenté de 20 à 30% et sont aussi en forte progression à partir du Canada et du Brésil. Mais, cela ne suffira pas à faire face à ses besoins énormes. La Chine produisait jusqu'à présent 55 millions de tonnes de viande porcine par an, soit 45% du total mondial. Et des millions de Chinois utilisent quotidiennement le porc dans leur alimentation.

Cette crise sanitaire a ouvert des opportunités pour d'autres filières. La production mondiale de volailles devrait augmenter de 3% cette année, selon le département américain de l'Agriculture et une partie pourrait être exportée en Chine. Les éleveurs de bétail australiens s'intéressent également au marché chinois.


AFP/VNA/CVN

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