L'Autorité palestinienne a réclamé la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU après le raid israélien meurtrier contre la flottille internationale en route vers Gaza, a déclaré le 31 mai le négociateur palestinien Saëb Erakat. "Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a donné instruction au délégué palestinien aux Nations unies de demander au Conseil de sécurité la tenue d'une réunion d'urgence pour discuter de la piraterie, du crime et du massacre israéliens", a précisé M. Erakat.
L'Autorité palestinienne a également demandé à l'administration américaine une intervention d'urgence pour mettre un terme à ces "crimes israéliens", a-t-il ajouté. "Nous considérons qu'il s'agit d'un massacre que nous condamnons", a indiqué M. Abbas dans une déclaration sur la télévision palestinienne.
Au Caire, la Ligue arabe a qualifié de "crime contre une mission humanitaire" le raid contre la flottille internationale. Plus de 10 passagers ont été tués le 31 mai lorsque des commandos israéliens ont pris d'assaut la flottille internationale de militants pro-palestiniens qui se dirigeait vers la bande de Gaza, a indiqué l'armée israélienne. "Plus de 10 passagers ont été tués, selon un premier bilan", a affirmé un porte-parole de l'armée, sans donner de détails sur le nombre de blessés.
Selon la chaîne 10 de la télévision israélienne, les membres du commando de la Marine israélienne ont ouvert le feu après avoir été attaqués à coups de hache et de couteaux par certains des passagers de la flottille. "Durant l'opération, des soldats israéliens ont été confrontés à de dures violences physiques. Certains des passagers ont utilisé des armes blanches et des armes de poing et on a tenté aussi d'arracher l'arme d'un des soldats. Face à la nécessité de défendre leur vie, les soldats ont employé des moyens anti-émeute et ont ouvert le feu", a précisé un communiqué de l'armée. "Ces affrontements ont fait plusieurs morts et blessés parmi les passagers. Au moins 4 soldats ont été blessés, dont un par balle, et ils ont été transférés vers des hôpitaux israéliens", a ajouté l'armée israélienne.
La censure militaire a interdit la diffusion de toute information sur le nombre de morts et de blessés transférés vers des hôpitaux en Israël.
Une ONG turque à Gaza a fait part de son côté de 15 morts parmi les passagers. La Turquie a aussitôt prévenu Israël de "conséquences irréparables" sur les relations bilatérales en condamnant "fortement ces pratiques inhumaines d'Israël". "Cet incident déplorable, qui a eu lieu en pleine mer et constitue une violation claire de la loi internationale, peut entraîner des conséquences irréparables sur nos relations bilatérales", a déploré un communiqué officiel. L'ambassadeur d'Israël en Turquie, Gabby Levy, a été convoqué le 31 mai au ministère des Affaires étrangères.
À Gaza, le Hamas, qui contrôle l'enclave palestinienne, a appelé le 31 mai les Arabes et les musulmans à un "soulèvement" devant les ambassades d'Israël. "Nous appelons tous les Arabes et les musulmans à se soulever devant les ambassades sionistes dans le monde entier", a déclaré un porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri. Le chef du gouvernement du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, a dénoncé une "attaque barbare" contre la flottille internationale dans un communiqué.
M. Haniyeh a exhorté les Nations unies à protéger les activistes pro-palestiniens à bord de la flottille. La flottille acheminant des centaines de militants pro-palestiniens et de l'aide pour Gaza avait appareillé dimanche après-midi pour le territoire palestinien.
Dans la soirée, peu après 21h0 locales (18h00 GMT), 3 patrouilleurs lance-missiles de classe Saar israéliens avaient quitté le port septentrional de Haïfa pour aller intercepter la flotille, selon des journalistes à bord d'un bâtiment.
La Marine israélienne avait annoncé son intention d'empêcher, de force si nécessaire, la flottille de s'approcher des côtes de la bande de Gaza, soumise par Israël à un blocus strict -sauf pour les produits de première nécessité- depuis la prise de contrôle du territoire par le Hamas en juin 2007.
AFP/VNA/CVN