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Facebook a promis cet automne de crypter sa plateforme de messagerie instantanée Messenger, comme l'est déjà WhatsApp. |
Les demandes de certains gouvernements de conserver des accès exceptionnels à des services comme WhatsApp (propriété de Facebook) "menaceraient la sécurité et la vie privée de milliards d'utilisateurs d'internet dans le monde", ont déclaré plus de 100 organisations et experts, dont Amnesty International et Human Rights Watch, dans une lettre ouverte publiée mardi 10 décembre.
Lundi 9 décembre, les vice-présidents de Facebook en charge de WhatsApp et Messenger, Will Cathcart et Stan Chudnovsky, ont adressé une missive similaire aux ministres américains, britannique et australien qui ont demandé en octobre au groupe de ne pas crypter l'ensemble de ses plateformes sans garantir un accès aux forces de l'ordre "de manière à protéger nos citoyens".
De nombreux responsables politiques dans le monde souhaitent que la justice de leur pays puisse récupérer les e-mails, messages instantanés et photos échangés sur les réseaux et stockés sur des serveurs, essentiels dans le cadre d'enquêtes criminelles. Mais cette requête est difficile à concilier avec l'impératif de respecter la vie privée des usagers.
"En tant qu'entreprise qui dessert 2,7 milliards d'utilisateurs dans le monde, il est de notre responsabilité d'utiliser la meilleure technologie disponible pour protéger leurs données confidentielles", argumente Facebook.
"Cadeau pour les criminels"
"Les messageries cryptées sont à la pointe de la communication en ligne, et l'immense majorité des milliards de messages numériques envoyés tous les jours, y compris sur WhatsApp, iMessage (Apple, NDLR) et Signal sont déjà protégés par un cryptage de bout en bout", continue le géant d'internet. Le groupe californien, qui se voit régulièrement reprocher de ne pas suffisamment protéger les données confidentielles de ses utilisateurs, a promis cet automne de crypter sa plateforme de messagerie instantanée Messenger, comme l'est déjà WhatsApp.
En octobre, dans une lettre ouverte adressée au patron de Facebook Mark Zuckerberg, Bill Barr, ministre américain de la Justice, Kevin McAleenan, alors ministre de l'Intérieur, ainsi que leurs homologues britannique Priti Patel et australien Peter Dutton, lui ont demandé de ne pas mener ce projet à terme "sans inclure un moyen pour accéder légalement aux contenus des communications de manière à protéger nos citoyens". Facebook leur avait déjà accordé une fin de non-recevoir.
"Les portes dérobées que vous demandez pour les forces de l'ordre seraient un cadeau pour les criminels, les pirates et les régimes répressifs (...) et rendraient nos plateformes plus vulnérables, avec de potentielles conséquences délétères dans la vie réelle", continue le groupe. "Il est tout simplement impossible de créer un tel accès en s'imaginant que d'autres ne vont pas essayer de s'en servir aussi".
Qui va là ?
Les dizaines d'ONG et experts en sécurité signataires de la lettre de mardi abondent dans le sens de Facebook. "Les développeurs ne peuvent pas concevoir de systèmes intrinsèquement capables de déterminer si des +méchants+ sont en train d'utiliser le service, tout comme les ingénieurs ne sont pas capables de construire des trottoirs et des autoroutes qui s'effondreraient seulement sous certaines personnes", remarquent-ils.
Facebook argumente par ailleurs que ses équipes coopèrent déjà largement avec les autorités, en priorité pour des enquêtes sur des affaires de terrorisme ou de protection de l'enfance. "WhatsApp détecte et interdit 2 millions de comptes tous les mois sur la base de faisceaux d'indices compromettants et scanne les informations non cryptées, comme le profil ou les informations de groupes pour repérer des contenus abusifs, comme des images d'exploitation d'enfants", détaillent Will Cathcart et Stan Chudnovsky.
Le réseau social se concentre sur la détection grâce à l'intelligence artificielle des comptes et contenus problématiques en amont, avant publication, et recoupe les informations issues de ses différentes plateformes pour repérer les acteurs nocifs. Selon les ONG, construire des portes dérobées pour les enquêteurs ne mènerait nulle part car les criminels utiliseraient simplement d'autres messageries.
AFP/VNA/CVN