France/Retraites
Grève toujours forte dans les transports mais cortèges moins fournis

Les opposants à la réforme des retraites se sont moins mobilisés mardi 10 décembre après la démonstration de force du 5 décembre, même si la grève est restée importante dans les transports, à la veille d'annonces cruciales du gouvernement.

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Des jeunes à la manifestation contre la réforme des retraites, le 10 décembre à Paris.

Quelque 339.000 personnes ont manifesté dans toute la France, dont 31.000 à Paris, selon le ministère de l'Intérieur, qui avait dénombré 806.000 manifestants le 5 décembre, dont 65.000 dans la capitale. La CGT a revendiqué un million de manifestants dont 180.000 dans la capitale (contre 1,5 million et 250.000 le 5 décembre), alors que le cabinet Occurrence, mandaté par un collectif de médias, en a compté 27.000 à Paris.

En régions, les chiffres des préfectures montraient une mobilisation au moins moitié moindre par rapport à jeudi : 12.000 personnes à Marseille et Toulouse contre 25.000 et 33.000 la semaine dernière, 9.500 à Lyon contre 18.000, 9.000 à Bordeaux et Nantes contre 20.000 et 19.000... Si la mobilisation dans la rue est en repli, "le mécontentement reste aussi haut", a fait valoir Philippe Martinez pendant la manifestation. "Aujourd'hui on est dans l'installation d'un mouvement", a jugé Yves Veyrier, numéro un de FO.

Semblant cependant prendre acte de ce retrait de participation mardi, l'intersyndicale (FO-CGT-FSU-Solidaires et quatre organisations de jeunesse) demandant le retrait de la réforme des retraites a renoncé dans la soirée à appeler à une journée de manifestations dès jeudi, misant sur des "actions locales le 12" et surtout une grande journée de mobilisation interprofessionnelle le 17. "Le 17 ce doit être l'irruption", a plaidé Eric Beynel (Solidaires).

L'enjeu pour les opposants : que le gouvernement renonce à mettre en place un "système universel" par points censé remplacer les 42 régimes existants (général, des fonctionnaires, privés, spéciaux, autonomes, complémentaires) et être "plus juste". Eux redoutent une "précarisation" des pensionnés. Édouard Philippe doit annoncer mercredi 11 décembre à 12h00 "l'architecture" de la réforme puis l'expliquer au 20 Heures de TF1.

"Ce n'est pas parce que je fais un discours (mercredi midi 11 décembre) que les manifestations vont cesser", a averti le chef du gouvernement lors d'une réunion à huis clos avec le groupe LREM à l'Assemblée mardi 10 décembre, selon plusieurs participants. "Il n'y a pas d'annonces magiques", a-t-il insisté. Le Premier ministre est particulièrement attendu sur certains sujets comme les périodes de transition pour les régimes spéciaux, une éventuelle revalorisation des carrières de la fonction publique, notamment des enseignants, ou encore la question de la pénibilité et des droits familiaux.

Au petit déjeuner de la majorité, Édouard Philippe a aussi évoqué la possibilité d'un décalage de l'application de la réforme à la génération née en 1975, au lieu de 1963, a indiqué un participant. L'enjeu pour le gouvernement est d'obtenir le soutien des syndicats qui ne rejettent pas le système à points, comme la CFDT ou l'Unsa, influente à la RATP, à la SNCF et dans l'Éducation.

"La semaine est morte"

Dans les cortèges mardi 10 décembre, encore beaucoup d'enseignants et de personnels de l'Éducation nationale mais aussi des cheminots, des fonctionnaires, des avocats, des retraités, des étudiants...

Manifestation contre la réforme des retraites, le 10 décembre à Paris
Photo : AFP/VNA/CVN

Rencontré à Tours, Anthony Moreau, responsable pompier syndiqué à la CFTC, expliquait : "La réforme des retraites, c'est la goutte d'eau. On n'a aucune garantie du maintien de nos acquis sociaux, notamment sur les années de bonifications acquises tout au long de la carrière pour pouvoir bénéficier d'un départ anticipé".

Comme jeudi, les transports publics ont été très perturbés, notamment en région parisienne, au sixième jour de grève, avec neuf lignes de métro fermées à Paris, un RER A sur deux et un RER B sur trois. La poursuite de la grève a été votée au moins jusqu'à mercredi 11 décembre, parfois jusqu'à vendredi 13 décembre. "La semaine est morte", a résumé Thierry Babec, de l'Unsa RATP, premier syndicat de la régie. De fait, la RATP prévoit mercredi 11 décembre un trafic similaire à mardi 10 décembre, avec 10 lignes de métro sur seize fermées.

À la SNCF, où l'on comptait 20% des TGV et des Transilien, ce sera "difficile jusqu'à la fin de la semaine", a prédit le directeur général de SNCF Transilien, Alain Krakovitch. Plus de trois quarts des conducteurs étaient en grève mardi, selon la direction. La compagnie ferroviaire n'annonce qu'une légère amélioration mercredi sur les TGV et Intercités (un sur quatre).

Dans les airs, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) avait demandé aux compagnies de réduire leur programme. Air France a annulé 25% des vols intérieurs et 10% des moyens courriers. EasyJet a supprimé 92 vols. Sept des huit raffineries françaises ont été touchées par la grève, selon la CGT. Des dockers ont organisé des blocages à Marseille et Rouen.

L'accueil des enfants dans les écoles et les crèches a été également perturbé, avec un taux de grévistes de 12,41% dans le primaire et 19,41% dans le secondaire, selon le ministère (respectivement 30% et 62% selon les syndicats). Bercy a annoncé 10,2% de grévistes dans la fonction publique d'État, EDF 21,8%. À Lyon, la CGT a revendiqué le basculement par les électriciens et gaziers de 80.000 particuliers en heures creuses.


AFP/VNA/CVN

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