>>À Madrid, une marche pour le climat pour mettre la pression sur la COP25
>>Colère, espoir et plaidoyers pour l'action à la COP25
Conférence de presse de jeunes militants pour le climat, dont la Suédoise Greta Thunberg (4e, à droite) et l'Allemande Luisa Neubauer (6e, à droite) à propos de la COP25, à Madrid le 9 décembre. |
Alors que débute à Madrid la deuxième semaine de la 25e conférence de l'ONU sur le changement climatique, l'écart semble toujours aussi grand entre les attentes des défenseurs du climat et les intentions des pays les plus émetteurs de gaz à effet de serre.
Il a même "grandi", estime Jennifer Morgan, directrice de Greenpeace International. "La paralysie des gouvernements est incroyablement troublante".
Ainsi, sauf surprise, aucun des plus gros émetteurs ne devrait faire d'annonce significative concernant ses ambitions. Ni la Chine, ni l'Inde, ni même l'Union européenne qui focalise tous les espoirs. Et encore moins les États-Unis qui ont officialisé leur retrait du pacte climatique l'an prochain. Pour montrer que les Américains sont malgré tout engagés pour le climat, Michael Bloomberg qui vient de lancer sa campagne pour l'investiture démocrate sera à Madrid mardi 10 décembre.
Soulignant l'urgence à agir, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a été plus clair que jamais à l'ouverture de cette COP.
"Nous attendons un mouvement profond de la part de la plupart des pays du G20, qui représente trois-quarts des émissions mondiales", a-t-il lancé aux quelque 200 signataires de l'Accord de Paris, réclamant en particulier la fin des subventions aux énergies fossiles et la décarbonation des secteurs clé de l'énergie ou des transports.
Mais l'Accord de Paris, qui vise à limiter le réchauffement à maximum +2°C, prévoit que les États présentent une révision de leurs engagements de réduction des émissions seulement en 2020, alors que la plupart d'entre eux se focalisent sur la COP26 à Glasgow.
"Le grand événement est la COP26 mais nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre un jour de plus", a insisté la jeune combattante pour le climat Greta Thunberg, arrivée à Madrid vendredi 13 décembre et qui a une nouvelle fois entraîné dans la rue des milliers de manifestants.
"Nous faisons grève depuis plus d'un an et en gros rien n'a changé", a-t-elle dénoncé.
À cinq jours de la fin de la réunion, effectivement "les signaux ne sont pas très bons", commente Alden Meyer, de l'Union for Concerned Scientists, observateur de longue date des négociations climatiques. Pour la Chine, l'Inde ou le Japon, "s'ils décident de bouger, ce sera plus prêt de la COP26", explique-t-il à l'AFP.
Quant à l'UE, c'est à Bruxelles qu'elle pourrait faire avancer les choses lors d'un sommet jeudi 12 décembre et vendredi 13 décembre, si elle parvient à adopter un objectif de neutralité carbone pour 2050 qui ne fait pas encore l'unanimité.
"Recul"
En attendant, quelque 70 pays qui représentent seulement 8% des émissions mondiales et qui se sont engagés à rehausser leurs ambitions en 2020 se réunissent à Madrid mercredi 11 décembre. De nouveaux membres pourraient les rejoindre, mais probablement pas de grands émetteurs. "Nous aurons de bonnes nouvelles l'année prochaine", résume Laurence Tubiana, architecte de l'accord de Paris.
Mais pour les régions en première ligne des impacts déjà dévastateurs des dérèglements climatiques, c'est loin d'être suffisant. "Quelques partis influents ont entravé les efforts pour répondre à l'urgence climatique", a dénoncé lundi 9 décembre sur Twitter Janine Felson, représentante du groupe des 44 États insulaires.
"Nous avons vu des reculs de nos partenaires développés" sur le sujet des "pertes et dommages", regrette de son côté Sonam P. Wangdi qui préside le groupe des Pays les Moins Avancés.
Alors que même si les engagements des États sont tenus, le mercure pourrait dépasser les +3°C, les pays du Sud réclament une accélération des négociations sur le financement des "pertes et dommages" qu'ils subissent.
Selon un récent rapport de l'International Institute for Environment and development, les familles rurales du Bangladesh dépensent 2 milliards de dollars par an pour réparer les dommages causés par les cyclones et autres événements extrêmes.
Les pays les plus pauvres s'inquiètent aussi des négociations sur les marchés carbone, dernier reliquat des règles d'application de l'Accord de Paris qui n'avait pas pu être adopté à la COP24.
Si les nouvelles règles régulant les marchés carbone internationaux sont mal conçues, elles risquent de saper les objectifs de l'Accord de Paris, selon les experts. Alors "un mauvais résultat serait pire que pas de résultat du tout", estime Kelly Levin, du World Resources Institute.
Xinhua/VNA/CVN