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Le Premier ministre tunisien Habib Essid lors d'une réunion extraordinaire du gouvernement, le 23 janvier à Tunis. |
Après l'instauration le 22 janvier d'un couvre-feu nocturne sur tout le territoire, pour une durée indéterminée, le calme prévalait en journée dans les principales villes touchées par les troubles.
S'exprimant à l'issue d'un conseil des ministres extraordinaire, le Premier ministre n'a de son côté annoncé aucune mesure concrète immédiate, exhortant ses compatriotes à "comprendre qu'il y a des difficultés".
La Tunisie est "en danger malgré les choses positives que nous avons accomplies, surtout au niveau de la transition démocratique", a estimé Habib Essid, évoquant de nouveau les défis "sécuritaire, économique et social" du pays.
"Les solutions existent mais il faut un peu de patience et d'optimisme", a-t-il plaidé.
M. Essid a assuré que le conseil des ministres resterait mobilisé pour étudier la situation du pays, à la fois pionnier et unique rescapé du "Printemps arabe" de 2011 mais qui ne parvient pas à s'extirper du marasme économique.
Le ministre Kamel Jendoubi (société civile et droits de l'homme) a, lui, affirmé que le chef du gouvernement ne tarderait pas à annoncer des mesures pour "la jeunesse, l’emploi et la prise en charge des situations difficiles".
Heurts entre police et manifestants à Kasserine, le 21 janvier en Tunisie. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le soir du 22 janvier, dans une allocution télévisée, le président Béji Caïd Essebsi a reconnu que la contestation qui s'est ensuite propagée était "naturelle", et appelé le gouvernement à élaborer un plan contre le chômage.
La nuit précédente, dans certaines villes, des postes de police avaient été incendiés et des "saccages" s'étaient produits dans une banlieue populaire du Grand Tunis.
Pour toute la journée et la nuit du 22 janvier, 261 personnes ont été arrêtées pour troubles et 84 pour violation du couvre-feu, a indiqué le ministère de l'Intérieur.
Après ces violences, les autorités ont décrété un couvre-feu nocturne, arguant du "danger" que représenterait la poursuite des "atteintes contre les propriétés publiques et privées (...) pour la sécurité de la patrie et des citoyens".
Le chef de l'État a mis en garde contre la récupération de la contestation par "des mains malveillantes", évoquant des partis politiques sans les nommer ainsi que le groupe jihadiste État islamique (EI), qui a revendiqué les trois attentats meurtriers majeurs ayant frappé la Tunisie en 2015.
La France, où le Premier ministre tunisien se trouvait en visite le 22 janvier, a de son côté annoncé un plan de soutien d’un milliard d’euros sur cinq ans, visant "à aider les régions défavorisées et la jeunesse, en mettant l’accent sur l’emploi".
Le chômage en Tunisie atteint plus de 15% au niveau national, et plus de 30% chez les diplômés. Ces chiffres sont encore supérieurs dans les régions de l'intérieur du pays.
AFP/VNA/CVN