>>Au moins 44 morts dans trois naufrages de migrants en mer Egée, dont 20 enfants
>>Merkel insiste sur une solution européenne de la crise des réfugiés
Ahmet Davutoglu (gauche) et Angela Merkel, le 22 janvier à Berlin. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu, en visite à Berlin, a assuré "faire tout ce qui est possible pour réduire de manière substantielle le nombre de migrants illégaux dans un avenir proche". La chancelière Angela Merkel, qui a opéré un rapprochement avec Ankara ces derniers mois, a réaffirmé qu'il n'était pas pensable que "les passeurs règnent en maitre en mer Egée".
Les deux ont insisté sur le fait que "les migrations irrégulières dans la région" étaient "une menace pour la stabilité régionale" et qu'elles devaient "être traitées dans la plus grande urgence".
Les 44 victimes se sont noyées dans trois naufrages distincts entre les côtes grecques et turques. Cette série noire est l'une des plus meurtrières depuis le début en 2015 de l'afflux en Europe de personnes fuyant guerres et misère via les côtes turques puis les îles grecques. Athènes et les humanitaires mettaient en garde depuis des semaines contre le risque croissant encouru par les migrants du fait de l'hiver.
La lourdeur du bilan humain ces derniers jours s'explique aussi par "le fait que la tendance en Europe (à fermer les frontières) pousse les réfugiés à prendre beaucoup plus de risques pour pouvoir passer tant que c'est encore possible, et les trafiquants ont baissé leurs prix, à quelques centaines d'euros", relève Kurt Day, de l'ONG International rescue committee (IRC).
Avant même la découverte des nouveaux corps, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déploré "un record de morts" en Méditerranée en janvier 2016 par rapport aux mois de janvier 2015 et 2014, avec au moins 119 morts. Le Haut commissariat aux réfugiés à lui comptabilisé 149 morts. Depuis le début de l'année, l'OIM a dénombré 36.000 arrivées sur les îles grecques.
Financement problématique
Pour tenter de juguler l'afflux depuis la Turquie, l'Europe veut, sous l'impulsion d'Angela Merkel, qu'Ankara fasse plus pour empêcher les migrants, notamment syriens, de tenter le voyage vers l'UE.
Des migrants en attente de distribution de nourriture le 21 janvier près d'Idomeni à la frontière entre la Grèce et la Macédoine. |
La chancelière a réaffirmé le 22 janvier que l'UE avait promis fin novembre 3 milliards d'euros à la Turquie en échange de leur engagement à mieux contrôler leurs frontières et à lutter contre les passeurs. Selon elle, "la Turquie a fait de premiers pas". À la veille de son déplacement à Berlin, M. Davutoglu avait exhorté l'UE à prendre des mesures "concrètes" pour aider son pays qui accueille entre 2 et 2,5 millions de Syriens.
Les gouvernements européens peinent à boucler le financement et Ankara est accusé de ne pas jouer le jeu. Début janvier, l'UE s'est dite "loin d'être satisfaite" de sa coopération avec la Turquie. Mme Merkel et M. Davutoglu ont réaffirmé viser une levée des visas pour les Turcs souhaitant se rendre dans l'espace Schengen "d'ici octobre" et rappelé que, bien que l'Allemagne soit opposée à une entrée de la Turquie dans l'UE, le processus d'adhésion "enregistre un regain d'énergie".
Mme Merkel est toujours plus contestée dans son propre camp conservateur et isolée en Europe, le flux de migrants arrivant en Allemagne ne se tarissant pas après le record de 1,1 million d'arrivées en 2015. Elle continue néanmoins de refuser un plafonnement du nombre de réfugiés, promettant à son opinion des solutions internationales et européennes. Mais ses propositions, comme la répartition par quotas des migrants au sein de l'UE, sont rejetées par nombre d'États-membres.
La chancelière a promis de faire un "bilan intermédiaire" de sa politique après trois rendez-vous clé : la rencontre avec M. Davutoglu, une conférence des donateurs sur la Syrie à Londres le 4 février et un sommet européen mi-février.