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Des gens effectuent un rituel de purification avant le Jour du silence de Nyepi sur la plage de Masceti à Gianyar, à Bali, en Indonésie, le 8 mars 2024. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Depuis samedi matin 29 mars à 06h00 locales (vendredi 28 mars 22h00 GMT), l'île indonésienne connaît 24 heures d'un calme inusité grâce à une journée annuelle de réflexion et de méditation. Une tradition hindouiste, placée sous la protection de patrouilles dédiées, appelée "Nyepi".
Les hindouistes, qui composent 80% de la population de l'île, doivent rester chez eux pour une journée de recueillement. Non-hindouistes et touristes sont appelés eux aussi à rester confinés pour cette extinction des feux annuelle dans l'île.
Le "Pecalang", une milice locale, "coordonne, informe et sensibilise les gens qui ne sont pas hindouistes" pour assurer le respect de cette parenthèse de paix, explique I Gusti Agung Ketut Kartika Jaya Seputra, le chef de la communauté traditionnelle de Bali. Ils sont des milliers à être ainsi mobilisés pour protéger cette tradition multiséculaire.
Les touristes qui se risquent à enfreindre les consignes en quittant leur hôtel ou en rompant le silence qui s'abat sur l'île s'exposent à de sévères sanctions, qui vont de l'arrestation à l'expulsion.
Pour cette journée de méditation, consacrée par un jour férié depuis les années 1980, personne ne travaille, ne voyage ou ne s'amuse. Les lumières artificielles sont même proscrites.
La circulation des voitures et deux-roues à moteur est interdite, les lumières électriques dans les maisons comme dans les rues sont éteintes, tandis que toutes les distractions habituellement destinées aux touristes sont suspendues. Même les services internet pour téléphones portables sont à l'arrêt, sauf pour les services publics essentiels.
Les pistes bordées de palmiers de l'aéroport, animées normalement par plus de 400 vols intérieurs et internationaux quotidiens, sont vides. Seuls les vols sanitaires sont autorisés.
Rituel de purification
Les services publics d'urgence, comme les hôpitaux sont ouverts, mais, comme dans les hôtels, les lumières électriques ne sont tolérées qu'à l'intérieur des bâtiments.
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Un rituel de purification avant le Jour du silence de Nyepi sur la plage de Masceti à Gianyar, à Bali, en Indonésie |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le "Pecalang", formé de volontaires et de gardes désignés par les autorités villageoises, patrouille dans l'île pour veiller au respect de ces règles.
Les gardiens de la tradition assurent leur tâche leur vie durant, "jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus assumer leur charge", explique Gede Kamajaya, Professeur à l'Université Udayana de Bali.
La veille du "Nyepi" les habitants de l'île brûlent des effigies aux couleurs vives: un rituel de purification destiné à chasser démons et esprits malins.
Une préparation à la journée de contemplation propice à "la clarté de la pensée", expose l'universitaire : "Le jour de silence rend cela possible au milieu du tohu-bohu de la société moderne".
Les habitants attendent ce répit annuel avec impatience: "C'est un moment durant lequel ils peuvent s'extraire de la routine et des contraintes du travail", explique-t-il encore.
Tandis que l'île est plongée dans l'obscurité, toutes lumières électriques éteintes, c'est jusqu'à l'air ambiant qui devient réellement plus propre, assure Seputra. "L'impact est évident. Il n'y a pas de pollution atmosphérique en raison de l'absence d'activité !"
"Cela améliore clairement l'harmonie avec la nature, l'univers. L'air est de nouveau propre, c'est comme une nouvelle vie", s'enthousiasme le chef de la communauté traditionnelle de Bali.
Si la population de l'archipel indonésien est majoritairement musulmane, celle de Bali est très majoritairement hindouiste. Aussi, souligne Seputra, les fidèles des autres religions présentes dans l'île doivent "comprendre" et respecter le "Nyepi".
Pour les autorités de Bali, il est essentiel de conserver cette tradition unique.
"Le Nyepi n'existe nulle part ailleurs. Seul Bali a le Nyepi", une tradition qui est "la seule au monde qui puisse arrêter toute activité humaine", insiste Seputra.
AFP/VNA/CVN