>>Le Vietnam, un membre actif de l’ASEAN
>>Empreinte du Vietnam au sein de l’ASEAN
Les produits textiles constituent l’une des marchandises les plus compétitives sur le marché de l'ASEAN. |
Photo : VNA/CVN |
Les données du ministère de l’Industrie et du Commerce montrent que l’an passé, les échanges commerciaux entre le Vietnam et les pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) ont atteint 57,6 milliards d’USD, soit 12% du commerce extérieur du Vietnam. Lors du séminaire "Marché de l’ASEAN et promotion des exportations vietnamiennes" organisé par le Département des marchés Asie-Afrique (ministère de l’Industrie et du Commerce), en collaboration avec le Centre de soutien à l’intégration internationale de Hô Chi Minh-Ville, tenu le 26 juin dans la mégapole du Sud, l’assistance a estimé que l’ASEAN n’était pas un marché aussi exigeant que certains pays développés d’Asie du Nord-Est, de l’Union européenne (UE) et les États-Unis.
Un marché négligé malgré les privilèges douaniers
Le marché de l’ASEAN importe des produits très variés, ce qui est favorable aux entreprises vietnamiennes. En outre, l’UE considère le Vietnam comme une porte d’entrée dans l’ASEAN dans le contexte où l’Accord de libre-échange Vietnam - UE (EVFTA) entrera en vigueur en août prochain. Avec une population d’environ 650 millions d’habitants, un PIB total de plus de 3.111 milliards d’USD, et une croissance moyenne de 4,7% par an, l’ASEAN est considérée comme un marché particulièrement important pour le Vietnam et le premier où les produits "made in Vietnam" peuvent tester leur compétitivité avant d’entrer sur le marché mondial.
Le Vietnam et l’ASEAN ont signé l’Accord sur le commerce des marchandises (ASEAN Trade in goods agreement - ATIGA) entré en vigueur en 2010. Avec cet accord, les pays signataires bénéficient de privilèges, notamment de réductions sur les taxes douanières. Ainsi, en 2018, plus de 98,6% des lignes tarifaires entre le Vietnam et l’ASEAN ont été supprimées.
D’après Lê Thi Mai Anh, experte au Département des marchés Asie-Afrique, “le Vietnam a beaucoup d’opportunités pour exporter vers ce marché produits agroalimentaires, mécaniques, produits manufacturés, téléphones et composants électroniques, prêt-à-porter, meubles en bois, café, thé, matériaux de construction... À propos du riz, l’ASEAN consomme plus de 50% du volume de riz exporté par le Vietnam. Prochainement, nous signerons un mémorandum avec Singapour pour l’exportation mensuelle de 7.000-8.000 tonnes de riz, pendant deux ans".
Mais, bien qu’il existe des avantages géographiques, la majorité des entreprises vietnamiennes ne pensent pas à exploiter au maximum le potentiel de ce marché. Plus précisément, les exportations vers les pays de l’ASEAN sont actuellement les plus faibles par rapport à d’autres pays asiatiques. En 2016, seuls 10% des exportations totales du Vietnam étaient destinées à l’ASEAN, et en 2017, 11,7%. Au cours des cinq premiers mois de l’année en cours, les échanges commerciaux Vietnam - ASEAN ont atteint 21 milliards d’USD, dont 9,3 milliards d’exportations vietnamiennes, en baisse de 14% par rapport à la même période de l’an dernier, à cause de la pandémie de COVID-19.
Mieux saisir les opportunités
Selon les analyses de Nguyên Phuc Nam, directeur adjoint du Département des marchés Asie-Afrique, "les exportations de riz vers les Philippines et Singapour ont continué de croître mais celles des produits aquatiques ont chuté, en particulier le pangasius vers la Thaïlande (-23%), la Malaisie (-22%) et Singapour (-27%). Les ventes de produits technologiques, de téléphones portables, d’ordinateurs et d’accessoires électroniques, de matériaux de construction ont connu un fort recul".
L'ASEAN consomme plus de 50% du volume de riz exporté par le Vietnam. |
Photo : VNA/CVN |
Évaluant les possibilités d’augmenter les exportations vers l’ASEAN, Pham Ngoc Hung, vice-président de l’Association des entreprises de Hô Chi Minh-Ville, a constaté que la chute des échanges commerciaux due au COVID-19 était imprévisible et que jusqu’à présent, personne ne sait quand finira cette épidémie qui a un impact très fort sur les entreprises exportatrices.
Cependant, il y a une raison importante à la croissance lente des exportations du Vietnam vers l’ASEAN : "Les grandes entreprises exportatrices ne visent pas encore l’ASEAN. Seules les PME s’intéressent à ce marché mais leurs produits ne sont compétitifs qu’au Laos, Cambodge et Myanmar. Ils ne peuvent concurrencer au sein de l’ASEAN les marchandises de haute technologie en provenance de Chine, du Japon, de Corée du Sud et d’Inde", fait remarquer
M. Hung.
D’après Lê Thi Mai Anh, afin de tirer le meilleur parti des privilèges tarifaires et augmenter les exportations, les produits vietnamiens doivent veiller notamment à la traçabilité de leurs produits et aux procédures de certification. De plus, il est nécessaire de mettre à jour les réglementations sur les normes, la qualité des produits, d’investir dans la mise à niveau des chaînes de production et de stockage, de se concentrer sur l’emballage et l’étiquetage. Les entreprises sont appelées aussi à bien étudier les tendances de consommation et participer activement aux événements de promotion commerciale.
"Les pays de l’ASEAN ont de nombreuses similitudes avec le Vietnam en termes de mode de vie et de culture. Les échanges commerciaux bilatéraux seront favorables en raison de la proximité géographique. L’essentiel maintenant pour conquérir ce marché est que chaque entreprise dispose d’une stratégie claire et améliore sa compétitivité", recommande Pham Binh An, directeur du Centre de soutien à l’intégration internationale de Hô Chi Minh-Ville.
Linh Thao/CVN