États-Unis : Colonial Pipeline amorce le redémarrage de son oléoduc

Le groupe Colonial Pipeline a annoncé mercredi 12 mai avoir "amorcé" le redémarrage des opérations de son oléoduc, après avoir été la cible d'un piratage cinq jours plus tôt conduisant à sa fermeture et provoquant la ruée dans les stations services d'automobilistes paniqués à l'idée d'une pénurie d'essence.

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Une conductrice fait le plein à une station-service Costco le 11 mai à Atlanta en Géorgie.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le redémarrage des opérations a commencé mercredi 12 mai vers 17h00 locales (21h00 GMT), a précisé le groupe dans un communiqué.
Il faudra cependant "plusieurs jours" avant un retour à la normale de ce réseau qui transporte 45% de l'essence, du diesel et du kérosène américains depuis les raffineries du Golfe du Mexique vers la côte est américaine.
Plusieurs
États allant de la Floride à la Virginie ont déclaré l'état d'urgence, renforçant l'affolement des consommateurs qui se sont pressés dans les stations services, bidons à la main.
Le président Joe Biden avait indiqué que de "bonnes nouvelles" devraient intervenir "dans les prochaines 24 heures". Il avait ajouté que les autorités avaient été en "contact très rapproché" avec la compagnie Colonial Pipeline, ajoutant que la situation était "en passe d'être sous contrôle".
Dans son communiqué, Colonial Pipeline prévient que certains marchés pourraient continuer de subir "des interruptions de service intermittentes pendant la période de redémarrage".
Mais le groupe "déplacera autant d'essence, de diesel et de kérosène que possible en toute sécurité et continuera de le faire jusqu'à un retour à la normale", assure-t-il.
Il souligne que l'"objectif principal reste la sécurité". Dans le cadre de ce processus de redémarrage, l'entreprise mènera ainsi une série "complète" d'évaluation de la sécurité des pipelines conformément aux exigences fédérales.
Cybersécurité datée
Colonial Pipeline a été victime vendredi soir 7 mai d'un piratage informatique qui l'a forcé à fermer son système. Selon la police fédérale américaine, cette cyberattaque qui a utilisé un rançongiciel, ou "ransomware", a été menée par le groupe criminel DarkSide.
Mercredi 12 mai, Joe Biden a signé un décret pour améliorer la cybersécurité aux
États-Unis, après deux autres cyberattaques majeures.
Celle du logiciel de l'entreprise texane SolarWinds a secoué le gouvernement américain et la sécurité de grandes entreprises en décembre. La Maison Blanche accuse la Russie d'en être responsable.
Plus récemment, le piratage de la messagerie de Microsoft, attribué à un groupe de hackers chinois, a affecté au moins 30.000 organisations américaines, y compris des entreprises, des villes et collectivités locales.
Le décret présidentiel entend notamment obliger les sociétés à communiquer en cas de failles informatiques.
Il demande d'établir des standards de cybersécurité pour le gouvernement et les agences fédérales et de créer un conseil un bureau national de la cybersécurité, sur le modèle de celui des transports, chargé de déterminer les causes des accidents aériens ou routiers graves.
Le Conseil de sécurité nationale (NSC), qui dépend de la Maison blanche, a reconnu que de nombreux systèmes de sécurité informatique étaient datés, et qu'il devenait urgent d'agir en amont plutôt qu'en réaction, après les incidents.
Un haut-responsable du NSC a rappelé que des institutions locales, des petites entreprises, des écoles et des hôpitaux paient souvent le prix fort pour réparer les dégâts.

À la pompe, les prix grimpent
Mercredi 12 mai, en Floride, 73% des stations de la région de Pensacola étaient à cours d'essence, selon Patrick De Haan, du site spécialisé dans le suivi des prix de l'essence GasBuddy. Dans tout l'
État de Caroline du Nord, près d'une station d'essence sur trois est à sec, et 6 sur 10 à Atlanta, capitale de la Georgie.
L'essence commençait à se faire rare aussi en Virginie et même à Washington, où 10% des stations en étaient dépourvues, selon la même source.
Pour atténuer les perturbations, les autorités américaines avaient autorisé dès dimanche soir 9 mai les chauffeurs routiers transportant des produits raffinés à travailler plus longtemps.
Et l'agence de protection des consommateurs a lancé un avertissement : "ne remplissez pas des sacs plastiques avec de l'essence. Oui, cela peut paraître évident. Mais quand les gens sont désespérés, ils ne réfléchissent pas correctement", dans un tweet assorti d'une image d'explosion violente.
"Avec les déclarations d'état d'urgence, la perception du public est que la pénurie est grave et qu'il faut aller faire le plein", a commenté Andy Lipow, président du cabinet de consultants de Lipow Oil Associates.
Du coup, "la demande d'essence est deux à trois fois plus forte qu'à l'ordinaire, ce qui aggrave la situation".
Colonial Pipeline n'est pas le seul oléoduc à alimenter l'est américain en carburants, mais c'est le plus important. Son concurrent Plantation Pipeline s'arrête à Baltimore et a une capacité d'environ un tiers de celle de Colonial.
Le prix moyen du gallon d'essence (3,79 litres) à la pompe a dépassé les 3 dollars pour la première fois depuis novembre 2014, a indiqué l'association automobile AAA.

AFP/VNA/CVN

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