>>Ankara prévient l'UE qu'elle ne faiblira pas dans sa riposte
>>L'ONU exhorte la Turquie à respecter l'état de droit durant l'état d'urgence
Le portrait de Mustafa Kemal Atatürk, brandi lors de la manifestation de l'opposition le 24 juillet place Taksim à Istanbul. |
Des mandats d'arrêt ont été délivrés à l'encontre de 42 journalistes dans le cadre des purges tous azimuts lancées après le putsch du 15 juillet en Turquie, ont annoncé le 25 juillet les médias turcs.
Parmi les journalistes se trouve Nazli Ilicak, figure de premier plan du monde des médias en Turquie, limogée du quotidien progouvernemental Sabah en 2013 pour avoir critiqué des ministres impliqués dans un scandale de corruption, ont rapporté NTV et CNN-Turk.
Au moment où démarrait le 24 juillet une manifestation à l'appel du principal parti d'opposition, l'ONG Amnesty International affirmait avoir réuni des "preuves crédibles" attestant de tortures, et même de viols, de personnes détenues en Turquie après la tentative de coup raté.
C'est le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate et laïc) qui avait appelé à ce rassemblement. S'y était rallié le parti islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan (AKP), dont les partisans descendent par dizaines de milliers dans les rues chaque soir.
Mais place Taksim, à Istanbul, dominaient bien les portraits de Mustafa Kemal Atatürk, père de la République et figure tutélaire des militants du CHP. "Nous défendons la République et la démocratie", "Non au coup d'État, oui à la démocratie", proclamaient des pancartes.
Kemal Kilicdaroglu, chef du Parti républicain du peuple (CHP), lors de la manifestation de l'opposition le 24 juillet place Taksim à Istanbul. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Car au-delà du rejet des putschistes, de nombreux Turcs ont exprimé dimanche 24 juillet leur inquiétude après l'instauration de l'état d'urgence, ainsi que leur opposition à M. Erdogan.
Lundi 25 juillet, le président et son Premier ministre Binali Yildirim doivent d'ailleurs rencontrer Kemal Kiliçdaroglu, chef du CHP, et Devlet Bahceli, chef du Parti de l'action nationaliste (MHP), pour discuter de la tentative de coup d'État et de ses conséquences.
Le rassemblement de dimanche 24 juillet est intervenu huit jours après la tentative de coup d'État qui a fait au moins 270 morts et déclenché des purges massives dans l'armée, la justice, l'enseignement et les médias par un pouvoir turc totalement pris par surprise.
C'est la première fois que pouvoir et opposition en appelaient ensemble au peuple depuis le putsch raté.
Washington mis en cause
M. Erdogan avait balayé samedi 23 juillet les critiques de l'Union européenne sur le sujet. Ce que disent les responsables européens "ne m'intéresse pas et je ne les écoute pas", a-t-il lancé.
Devlet Bahceli, chef du Parti de l'action nationaliste (MHP), le 19 juillet à Ankara. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Il a averti que la riposte ne faiblirait pas contre les partisans du prédicateur Fethullah Gülen, exilé aux États-Unis et accusé par Ankara d'avoir ourdi le coup d'État.
La Turquie doit demander formellement son extradition à Washington, que le ministre de la Justice Bekir Bozdag n'a pas hésité dimanche à mettre en cause. "L'Amérique sait que Fethullah Gülen est derrière ce coup", a-t-il déclaré.
Dernières mesures en date, la Turquie, où l'état d'urgence a été instauré jeudi 21 juillet pour la première fois en 15 ans, a porté de quatre à 30 jours la durée des gardes à vue et a dissous plus de 2.000 institutions. Plus de 13.000 personnes ont été placées en garde à vue et 5.800 sont en détention.
Dans ce coup de balai inédit depuis l'arrivée au pouvoir de M. Erdogan en 2003, ont été fermés plus de 1.000 établissements d'enseignement, 15 universités, plus de 1.200 associations ou fondations et 19 syndicats. Seule note d'apaisement de l'après-coup d'État, 1.200 militaires du rang ont été élargis.