Les bibliothèques en mal de fonds et de documents

Les bibliothèques constituent une institution culturelle spécifique destinée à l’ensemble de la population pour lui permettre de s’informer et de se divertir. Mais, faute de ressources financières et documentaires suffisantes, ces temples du savoir ont toutes les peines à séduire un public aisément détourné par les nouveaux médias d’information.

Le manque de crédits est fréquent et affecte de nombreux secteurs. Seulement, la situation est encore plus grave pour les bibliothèques.

La Bibliothèque nationale.

Chaque année, la Bibliothèque nationale se voit accréditer un budget de plus de 10 milliards de dôngs, dont près de 80% consacrés à la seule masse salariale de son personnel. «Le salaire moyen d’un peu plus de 2 millions de dôngs ne peut suffire aux besoins minimaux du quotidien d’un bibliothécaire. Nous devons alors exploiter notre espace libre pour proposer des services culturels payants tels que café livre, salle de lecture pour hommes d’affaires..., afin que nos salariés puissent avoir un revenu décent», informe Pham Thi Kim Dung, directrice de la Bibliothèque nationale.

Sur le plan professionnel, budget limité oblige, la bibliothèque a bien du mal à attirer des compétences, surtout dans des domaines comme les technologies ou l’informatique... Plus triste encore, «ces dernières années, la Bibliothèque nationale n’a bénéficié d’aucun financement pour compléter sa documentation étrangère», déplore Mme Dung.

Hélas, cette situation vaut aussi pour la Bibliothèque de Hanoi. Ses deux établissements disposent d’un budget annuel de 800 millions à 1,2 milliard de dôngs pour compléter leurs fonds documentaires. Malgré les dons d’organisations et de particuliers vietnamiens ou étrangers, ce budget ne suffit pas à satisfaire les besoins d’information et de données des lecteurs de la capitale. De même, le personnel de la Bibliothèque de Hanoi doit transporter des livres en moto sur 50-60 km pour les enfants des 10 communes reculées bénéficiant du projet de «Bibliothèque mobile : roue de la connaissance». «C’est un travail pénible qui prend beaucoup de temps et est mal rémunéré. Cette opération nous a fait perdre pas mal de bibliothécaires qualifiés ces deux dernières années», regrette un responsable de la Bibliothèque de Hanoi.

Les crédits pour les activités des bibliothèques sont de plus en plus limités et plus encore pour celles des localités. Selon les statistiques, chaque bibliothèque de district de la province de Sóc Trang (Sud) ne se voit accorder que 7 à 30 millions de dôngs chaque année pour l’ensemble de ses activités.

Cette insuffisance sur le plan budgétaire est directement responsable du dépérissement de près de 60% des bibliothèques de district et de l’absence d’une centaine d’autres de district.

Bibliothèques privées, une alternative crédible ?

Alors que les bibliothèques publiques souffrent d’un financement insuffisant, les centaines de bibliothèques privées qui parsèment les trois régions du pays fonctionnent plutôt efficacement.

Photo : Minh Tu/VNA/CVN

On peut dire que les bibliothèques privées sont la continuité de leurs homologues publiques, dans la mesure où un certain nombre est installé dans les régions reculées ou particulièrement difficiles sur le plan économique. Revers de la médaille : le manque de références, souvent chronique.

La bibliothèque familiale de Nguyên Bá à Cô Đô, une commune du district de Ba Vì de Hanoi, illustre bien ce point. Accueillant chaque jour de 40 à 50 lecteurs et ouverte depuis plusieurs dizaines d’années, elle compte à peine plus d’un millier d’ouvrages. «Notre collection provient essentiellement des contributions de notre famille, et pour partie du soutien de la bibliothèque du district de Ba Vì. Mais cette dernière n’ayant elle-même que peu de nouveaux titres, elle ne peut nous en fournir», explique Nguyên Đình Chiên, responsable de cet établissement.

Pour enrichir de 300 à 500 titres par semaine sa bibliothèque, la famille de Đang Van Kham à Hai Hâu, dans la province de Nam Đinh (Nord), fait payer une cotisation de 500 à 1.000 dôngs par prêt. Une somme toutefois infime par rapport au montant de ses acquisitions... «La lecture permet aux jeunes de s’informer et de se divertir. Néanmoins, une bibliothèque sans nouvelles références va rapidement les lasser car les jeunes aiment les nouveautés. Nous souhaitons donc recevoir un soutien financier de la part de l’État afin que les bibliothèques privées puissent mieux fonctionner», explique M. Kham.

Tous les propriétaires de bibliothèques privées abondent en ce sens. Le tout pour un intérêt commun : satisfaire les besoins de découverte des gens et faire en sorte que chacun d’entre nous, sans aucune distinction sociale ou autre, puisse avoir accès à la culture et au savoir.

Hoàng Minh/CVN


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