"Aujourd'hui, nous sommes dans un processus d'évaluation de ces prothèses mammaires vu les risques de cancer qui apparaissent", a déclaré mardi la porte-parole du gouvernement, la ministre du Budget, Valérie Pécresse.
"Le gouvernement annoncera d'ici la fin de semaine son plan d'action" et s'il recommande ou non aux Françaises de se faire enlever ces prothèses défectueuses, a-t-elle ajouté sur la chaîne de télévision LCI.
L'affaire n'est pas mineure : fondée en 1991, Poly Implant Prothèse (PIP) a un temps occupé le rang de numéro trois mondial du secteur, fournissant quelque 100.000 prothèses par an, dont elle a exporté 80% à l'étranger notamment en Espagne ou en Grande-Bretagne. Environ 30.000 femmes en sont actuellement porteuses en France.
En cause aujourd'hui, le recours de manière frauduleuse par PIP à un gel de mauvaise qualité pour fabriquer ses implants. Ce gel, dix fois moins coûteux que le gel conforme, entraîne des risques accrus de rupture de l'enveloppe de la prothèse, avec pour conséquence l'inflammation des tissus environnants et des suintements de silicone.
Pour l'instant "les liens de causalité" entre prothèses PIP défectueuses et cancers "ne sont pas avérés", selon le ministère de la Santé. Mais un total de huit cas de cancers ont déjà été "signalés" chez des femmes ayant eu des prothèses de cette marque. Outre le lymphome rare du sein, on relève un lymphome de l'amygdale, une leucémie et cinq cancers du sein.
Un groupe d'experts réunissant cancérologues, hématologues et chirurgiens a été constitué par l'Institut national du cancer (Inca) à la demande des autorités et ses recommandations sont attendues vendredi.
Si les recommandations "nous disent qu'à ce stade il n'y a pas d'autres risques avérés, on s'en tiendra là. Si jamais les recommandations nous disent que par mesure de précaution il vaut mieux +explanter+ (retirer les prothèses) les femmes, on le fera", a indiqué le ministère de la Santé.
Selon le journal Libération, les autorités sanitaires ont en fait déjà pris la décision du retrait au nom du principe de précaution, décision qui serait "unique dans l'histoire de la chirurgie réparatrice", selon le quotidien.
Dans ce cas, qui paiera ? La porte-parole du gouvernement l'a déjà dit : "s'il s'agit d'une urgence sanitaire et de santé publique, la réopération sera à la charge de la Sécurité sociale".
En France, 2.172 plaintes ont jusqu'ici été déposées contre PIP, société implantée dans le Sud de la France, soupçonnée d'avoir cherché à réduire les coûts de revient du gel, alors qu'elle était confrontée à la concurrence et à un fléchissement de ses ventes depuis le milieu des années 2000.
La justice a aussi ouvert une information judiciaire pour "blessures et homicide involontaire". Aucune plainte n'est pour l'instant venue de l'étranger contre PIP placée en liquidation judiciaire en mars 2010.
Une première alarme avait retenti en mars 2010 avec la découverte de l'escroquerie et la décision par l'agence sanitaire Afssaps d'interdire l'utilisation de ces prothèses et de recommander des examens pour les femmes porteuses.
Une seconde alerte a sonné avec la mort fin novembre d'une femme de 53 ans, ancienne porteuse d'implants PIP, des suites d'une forme rare de cancer, un "lymphome primitif du sein". Tous ces cancers ne sont pas nécessairement imputables aux prothèses frauduleuses, a relativisé mi-décembre le directeur général de l'Afssaps
Dominique Maraninchi, rappelant qu'avec ou sans prothèse "une femme sur dix a, a eu ou aura un cancer du sein" d'après les statistiques nationales.
AFP/VNA/CVN