Le Canada inflige un revers à la lutte contre le réchauffement

Le retrait du Canada du protocole de Kyoto inflige un revers aux efforts de la communauté internationale pour rassembler tous les pays sur des engagements contraignants contre le changement climatique, mais l'impact réel de cette défaite pourrait être limité.

Le Canada est devenu le 12 décembre le premier pays à quitter formellement le traité de 1997 sur le réchauffement planétaire, déclarant vouloir éviter des pénalités de 14 milliards de dollars canadiens pour n'avoir pas atteint ses objectifs.

La décision du gouvernement conservateur du Premier ministre Stephen Harper a été annoncée un jour seulement après que la conférence de l'ONU à Durban, en Afrique du Sud, eut décidé d'aller vers un traité impliquant tous les pays.

Pour les défenseurs de l'environnement, de tels engagements contraignants sont d'une importance vitale pour réduire les conséquences catastrophiques du réchauffement climatique et notamment des désastres naturels de plus en plus fréquents.

Pour Josh Laughren, du fonds de protection de l'environnement WWF-Canada, la décision d'Ottawa "marginalise réellement le Canada" dans les efforts internationaux contre le changement climatique. "Venant juste après le fragile accord de Durban, ce n'est pas encourageant. Mais, après tout, même les accords internationaux contraignants ne valent pas plus que ce que les gouvernements veulent bien en faire", a-t-il ajouté.

En rejetant Kyoto, les conservateurs canadiens, arrivés au pouvoir en 2006, se sont alignés sur les États-Unis, seul grand pays développé à refuser d'y adhérer. L'ancien président George W. Bush, entré à la Maison Blanche en 2001, avait estimé qu'il était injuste de ne pas demander la contribution de pays émergents tels que la Chine et l'Inde.

La décision d'Ottawa a déclenché une tempête de protestations à travers le monde. L'ONU a regretté cette décision et s'est montrée "surprise sur la date choisie par le Canada". La France a déploré "une mauvaise nouvelle pour la lutte contre le changement climatique". La Chine, qui n'a adhéré qu'avec appréhension aux efforts de l'Occident, a qualifié la position du Canada de "regrettable", demandant à Ottawa "d'assumer ses responsabilités et obligations et de respecter ses engagements" contre le changement du climat.

Au Canada même, la dirigeante des Verts, Elizabeth May, s'est dite inquiète pour la réputation de son pays et a déploré "l'hypocrisie" des représentants d'Ottawa à Durban. "Qui va croire encore que nous sommes un pays digne de confiance ?", a-t-elle lancé. Mais certains experts estiment que la décision du Canada aura en fait un impact réduit, relevant que ce pays est responsable de seulement 2% des émissions globales blâmés pour le réchauffement climatique, et que l'Union européenne et le Japon s'étaient engagés à respecter les objectifs de Kyoto.

Alden Meyer, porte-parole de l'association des "scientifiques préoccupés" américains (Union of Concerned Scientists), estime que sa décision du Canada n'en est pas moins une "aberration", même si ce pays est "un acteur insignifiant en termes d'émissions et de leadership diplomatique dans ce processus".

M. Harper cherche à développer la production de pétrole à partir de sables bitumineux, une méthode mauvaise aux yeux des écologistes. D'autres experts soutiennent que le modèle de Kyoto était de toute manière dépassé, l'adhésion des Américains et des Chinois à des engagements contraignants dans un futur traité leur paraissant peu probable. "Je pense que Kyoto, il faut le reconnaître, appartient plus au passé qu'au futur", a déclaré l'émissaire spécial américain sur le climat, Todd Stern, lors d'une conférence de presse.

Les États-Unis du président Barack Obama ont promis de faire leur part pour réduire leurs émissions, mais sans accepter des obligations inscrites dans un nouveau traité qui aurait peu de chance d'être approuvé par un Congrès sceptique.

AFP/VNA/CVN

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