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Le séminaire portant sur les enjeux de débouchés pour les étudiants francophones en sciences de l'ingénieur s'est déroulé le 20 janvier 2024. |
Photo : HUST/CVN |
Le séminaire "Employabilité des étudiants francophones en sciences de l’ingénieur : Opportunités et défis" a été organisé par l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) en Asie-Pacifique, en collaboration avec deux de ses partenaires : la Chambre de Commerce et d’Industrie France - Vietnam (CCIFV) et l’Institut polytechnique de Hanoï (ou l’Université des sciences et technologies de Hanoï - HUST). Il visait à apporter aux étudiants francophones une vision plus large sur le marché de l’emploi actuel ainsi que des recommandations utiles pour leur orientation professionnelle.
Face aux exigences accrues et à la forte concurrence dans la société, les établissements universitaires doivent eux-mêmes "évoluer radicalement" avec des stratégies de formation "plus compatibles" pour bien s’adapter à la nouvelle situation, a affirmé Huynh Dang Chinh, recteur adjoint de la HUST, lors de son discours inaugural. Et d’ajouter que le séminaire "a bien répondu aux demandes des étudiants francophones au Vietnam, notamment de ceux de la HUST".
Il s’agissait d’un espace d’échange et de partage d’expériences entre différentes parties prenantes : entreprises, universités, organisations francophones, réseaux alumni de diplômés francophones et étudiants… L’événement a aussi invité "des partenaires vietnamiens et francophones venant du milieu économique" et qui "participent au développement du pays", a souligné le Pr. Laurent Sermet, directeur de l’AUF Asie-Pacifique.
Impressionné par "une croissance incroyable" de l’économie vietnamienne en 2023 dans une conjoncture économique mondiale complexe, ce dernier a estimé que "les secteurs de la technologie et de l’ingénierie y contribuent activement". Sans oublier de rappeler que les sciences de l’ingénieur sont au cœur du développement du pays. D’après lui, ce dont le Vietnam a besoin, c’est le développement des compétences pour renforcer son identité et sa puissance sur la carte géopolitique et géoéconomique mondiale. Et "c’est la montée en compétences des travailleurs qui est l’élément crucial pour ce développement durable", a-t-il constaté.
Valorisation des soft skills
Les interventions de dirigeants et recruteurs des entreprises présentes à cette rencontre se sont rejointes sur l’importance des soft skills pour les candidats, afin qu’ils puissent se démarquer.
Intervenants au séminaire sur l’employabilité des étudiants francophones en sciences de l’ingénieur, tenu le 20 janvier à la HUST. |
Photo : Hông Anh/CVN |
“Les hard skills, autrement dit les compétences techniques, peuvent être examinées par des tests. Vous êtes capables de les perfectionner à l’université, sur les sites d’apprentissage, etc. Par contre, les soft skills requièrent un long processus d’entraînement, d’amélioration. C’est un chemin sans relâche où vous devez apprendre les compétences de communication, le sens du contact…”, a fait part Trân Van Hoàng, directeur de l’entreprise Pentalog Vietnam. À ce propos, Huynh Dang Bao Khoa, directeur de la manufacture Nestlé Bông Sen Vietnam, a insisté sur la capacité de parler en public. "Vous êtes forts, vous êtes intelligents, mais si vous n’arrivez pas à manifester vos compétences devant autrui, cela ne servira à rien", a-t-il remarqué.
C’est un fait que les étudiants en ingénierie paraissent moins dynamiques et flexibles que ceux en commerce ou en management. C’est pour cette raison que "les futurs ingénieurs devront s’entraîner davantage à présenter leur projet ou leur travail à l’école", selon l’entrepreneur. Il a conseillé aux jeunes de choisir la matière, la spécialité qui les intéressent le plus et qui leur donnent de la confiance. Car "on ne fait mieux que ce que l’on aime".
Renforcement des compétences linguistiques
Le séminaire avait pour ambition de contribuer à promouvoir le français comme un atout : langue de travail, de sciences et d’innovation. Cependant, pour maximiser l’employabilité des étudiants, en plus du français, il vaut mieux que ceux-ci apprennent aussi l’anglais.
"Une fois avoir maîtrisé la langue de Molière, vous trouverez plus facile d’apprendre une autre langue étrangère. Un avantage exceptionnel pour les étudiants francophones", a partagé Lê Hùng Cuong, directeur général adjoint de FPT digital, aussi ancien étudiant de la filière francophone de la HUST. Auparavant, M. Cuong s’est installé en France pour son master, son doctorat et a travaillé dans une entreprise de technologie. "À retenir qu’apprendre une langue, c’est appréhender une nouvelle vie, une nouvelle culture, un nouvel esprit de travail, ici c’est celui des Français et des francophones", a-t-il souligné.
Néanmoins, les programmes de formation des étudiants francophones en sciences de l’ingénieur exigent une persévérance et une capacité de travail hors du commun. "Parfois, cela semble un vrai casse-tête pour les apprenants", a admis Hoàng Thi Kim Dung, directrice du Programme de formation d’ingénieurs d’excellence au Vietnam (PFIEV), filière du génie aéronautique de la HUST. "En revanche, cette formation permet aux étudiants de bien maîtriser deux langues étrangères, à côté d’un programme technique de qualité", selon la Professeure.
Et le fruit de tous ces efforts inlassables sera de bons emplois dans des entreprises internationales ou multinationales. "Les ingénieurs capables de parler anglais et français sont une valeur sûre pour les recruteurs. Leurs capacités sont très recherchées", a déclaré Nguyên Trong Dông, directeur technique de Freyssinet Vietnam.
La passion et la motivation
Les intervenants ont discuté des opportunités et défis de l’employabilité des étudiants francophones, ou encore des compétences nécessaires pour se démarquer sur le marché de l’emploi. Mais l’élément le plus important qu’ils ont été unanimes à mettre en valeur, c’est toujours la passion et la motivation des futurs ingénieurs. "Ne choisissez pas votre parcours par défaut mais ce qui convient le mieux à vos savoir-faire et votre savoir-vivre !", a conseillé le Pr. Laurent Sermet.
Luong Hông Phong, étudiant en première année de la filière francophone du génie aéronautique de la HUST, a partagé le virage de son parcours d’études. |
Photo : Hông Anh/CVN |
"J’ai suivi la formation en technologies de l’information pendant trois années chez la HUST. C’était un choix de ma famille. Mais moi, je ne m’y suis pas intéressé. Chaque jour où je devais aller à l’école, c’était pénible. J'ai passé mes examens sans passion, sans aucune orientation future", a raconté Luong Hông Phong, actuellement étudiant en première année de la filière du génie aéronautique. "À un moment, j’ai décidé de retourner à la case départ. Depuis mon adolescence, je ressens une vive passion pour les avions et le secteur aéronautique. J’ai abandonné les trois années d’études en informatique, et a participé au concours d’entrée à la filière aéronautique de la HUST. C’est un programme en anglais et français. Et c'est ainsi que je me retrouve moi-même", a confié le jeune homme. "Ce séminaire m’a donné plus de confiance en le chemin que j’ai choisi. Et j’espère construire mon avenir avec toutes les connaissances à l’université et toutes les compétences que je peux puiser dans la vie", s’est-t-il réjoui.
Nul doute que les recommandations des représentants du monde académique et des affaires seront une boussole pour les futurs ingénieurs au seuil de leur entrée sur le très compétitif marché du travail.
“Je voudrais adresser ce message aux étudiants : vous devez avoir une vision claire de votre carrière, la vie professionnelle se divise en tranches et c’est vous qui devez prévoir celle qui vous convient le mieux pour choisir le meilleur chemin”, a conclu M. Sermet.
Hông Anh/CVN