Deux ouragans en six semaines : les habitants de Louisiane épuisés

"C'est comme quand quelqu'un se prend un coup alors qu'il a déjà un œil au beurre noir. Vous ne savez pas si le noir autour de son œil vient de cette fois ou de la fois d'avant".

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Des rues de Lake Charles, en Louisiane, inondées après le passage de l'ouragan Delta, le 10 octobre 2020.

La métaphore est musclée, mais c'est la première qui vient à l'esprit de l'agent Aymond, un policier de la paroisse (équivalent du comté en Louisiane) de Calcasieu, en voyant les débris qui jonchent les rues de la ville de Lake Charles. Laura, fin août, ou Delta, vendredi soir 9 octobre : "Honnêtement je ne peux pas vous dire ce qui vient de quel ouragan".

Les deux ont frappé le littoral de Louisiane à peu près au même endroit, et Delta a battu un record en devenant la 10e tempête de l'année à atteindre les côtes américaines. Six d'entre elles ont, à des degrés divers, touché la Louisiane.

Et même si les dégâts de Delta ne semblent pas être si importants (quelques tuiles envolées, des rues et des maisons partiellement inondées), les habitants de la région sont las de toutes ces évacuations, ce stress, ces coupures de courant. Surtout dans des communautés modestes (la Louisiane est l'un des États les plus pauvres du pays) où les gens ont déjà du mal à accéder aux soins et à l'éducation.

"Je suis né et j'ai grandi à Lake Charles, et je n'ai jamais vu autant de catastrophes. Deux ouragans en deux mois", soupire Brian Moore, 49 ans.

Sous le soleil et la chaleur qui ont suivi samedi matin 10 octobre le passage de Delta, cet homme est en quête d'essence pour son générateur. Son ancienne maison a été "totalement détruite" par Laura et il venait de s'installer dans son nouveau domicile.

À une vingtaine de kilomètres à l'Est, dans une petite ville du nom d'Iowa, John Thibodeaux, dont le patronyme rappelle l'influence française dans la région, fait griller des saucisses sur un barbecue au charbon pour lui et ses voisins. La fameuse "Southern Hospitality" vantée dans le Sud du pays.

"C'est simplement la bonne chose à faire. Si tu manges et que personne d'autre ne mange, il y a un problème. Nourris tes voisins aussi", explique-t-il.

Mauvais humour 

Brian Moore cherchant de l'essence dans les rues de Lake Charles, en Louisiane, le 10 octobre 2020.

Ses yeux sont fatigués, l'homme, au visage marqué, n'a pratiquement pas dormi de la nuit.

"Comment je me sens ? Comme de la merde. Si c'est Dame Nature qui fait ça, elle n'a pas un bon sens de l'humour".

Pour Laura, il avait décidé d'aller dans un hôtel du coin. Mais l'établissement a fermé, trop endommagé par le passage de cet ouragan fin août, et John Thibodeaux a décidé de rester vendredi 9 octobre dans sa maison en bois, typique de la région.

Bien évidemment ses réparations temporaires n'ont pas tenu et des trombes d'eau se sont infiltrées chez lui pendant la nuit. Mais l'homme tient à relativiser.

"Après Laura, quand je suis sorti de l'hôtel et que j'ai commencé à conduire dans le quartier, on aurait dit qu'une bombe thermonucléaire avait explosé !". "J'ai déjà fait le tour du quartier hier soir et ce n'est pas aussi grave", confirme Rob Gaudet, fondateur de la Cajun Navy.

Cette ONG a passé la nuit, en commençant à peine trois heures après l'arrivée de Delta, sous la pluie et sous le vent, à chercher des personnes qui n'avaient pas pu évacuer, souvent les plus démunies, pour leur venir en aide.

Dans un abri aménagé dans le centre de Lake Charles, ils leur offrent gîte et couvert de fortune.

Robert Berard, 68 ans, est l'une de ces personnes. "J'ai envoyé ma mère à Baton Rouge pour Laura. Elle est toujours là-bas". Lui a tenu à rester pour surveiller ses affaires, par crainte des pilleurs.

Le précédent ouragan a détruit sa maison et il vit depuis dans un petit immeuble adjacent, inondé pendant la nuit. "Je ne veux plus jamais revivre ça, personne ne veut revivre ça", raconte-t-il, visiblement encore secoué mais heureux que l'ONG lui ait donné des chaussures, lui qui était arrivé pieds nus. "La prochaine fois, j'évacuerai".

AFP/VNA/CVN

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