"Notre étude est la première à montrer de façon expérimentale que certaines espèces sauvages peuvent s'adapter très rapidement aux changements climatiques", explique le chercheur qui mène ces travaux, Rowan Barrett, tout en signalant que très peu de ces animaux ont survécu à l'expérience.
Des scientifiques canadiens et européens ont capturé des épinoches dans l'océan pour les mettre dans des bassins où ils faisaient descendre graduellement la température de l'eau.
Ils ont étudié le comportement des poissons pendant 3 ans. Résultat : à chaque génération les poissons ont réussi à s'adapter jusqu'à pouvoir survivre dans une eau 2,5°C plus froide que celle dans laquelle leurs arrière-grands-parents seraient morts, selon l'étude mise en ligne sur internet en août et qui sera publiée le 7 septembre 2010 dans la revue britannique Proceedings of the Royal Society B.
Les conclusions de ces recherches suggèrent que certains animaux au sein d'une espèce pourraient être capables d'évoluer assez rapidement pour survivre à des changements climatiques importants.
La majorité des études sur le climat publiées dans les revues scientifiques prédisent en effet que le niveau global des températures va augmenter graduellement de plusieurs degrés dans les décennies à venir, avec des vagues de chaleur et de froid extrêmes. "Mais ce n'est pas parce que nous avons vu une importante réaction évolutionnaire que cela veut dire qu'une population puisse s'adapter aux changements climatiques sans conséquences", a déclaré M. Barrett.
En effet, environ 95% des poissons étudiés sont morts au cours des 3 ans de recherche. Seuls 5% ont développé une résistance au froid.
Le généticien de l'évolution affirme qu'il va falloir mener d'autres recherches pour déterminer si une évolution aussi rapide peut se produire chez d'autres espèces et, surtout, en cas de réchauffement en non plus de refroidissement.
Selon le chercheur, cela permettrait de savoir plus précisément comment les humains pourront résister au réchauffement climatique. "On peut faire des parallèles avec d'autres rythmes d'évolution", explique M. Barrett.
AFP/VNA/CVN