Il y a 40 ans, dans la commune de Long Diên Dông K, aujourd'hui Long Diên Dông A, district de Dông Hai, province de Bac Liêu, les paysans récoltaient des crevettes dans leurs rizières lorsqu'il y en avait. Et depuis, ils inondent leurs rizières d'eau salée pour élever des crevettes après les récoltes de riz.
Bac Liêu est pionnière dans ce type d'exploitation des terres, appelé modèle riz-crevette. Celui-ci répand de plus en plus dans l'ensemble des provinces du delta du Mékong en recourant d'ailleurs au progrès de la science. De plus en plus de foyers d'agriculteurs améliorent leurs revenus qui vont jusqu'à 50-100 millions de dôngs par ha et par an, grâce à cette exploitation complémentaire.
Dans la commune de Sông Dôc, district de Trân Van Thoi, province de Cà Mau, la superficie employant ce modèle s'élève à 2.200 ha, tandis qu'à Bac Liêu, elle atteint 21.000 ha.
Dans la commune de Dông Hung A, district de An Minh, province de Kiên Giang, 95% des foyers qui appliquent ce modèle ont des bénéfices conséquents. Selon le secteur agricole des provinces du delta du Mékong, depuis l'an 2000, la superficie de production selon ce modèle ne cesse d'augmenter. Par exemple, la province de Kiên Giang dispose actuellement de 60.000 ha au lieu de 20.000 en 2003, Cà Mau, 25.000 ha au lieu de 15.000, et Bac Liêu, 21.000 ha au lieu de 10.000. Le modèle d'assolement riz-crevette apporte aux paysans en moyenne 27,5 millions de dôngs de bénéfices par ha et par an.
Pour un développement durable
Lors du colloque de développement du modèle de production riz-crevette dans les provinces littorales du delta du Mékong, récemment organisé à Soc Trang, les scientifiques affirment que ce modèle s'adapte bien au changement climatique et que la superficie d'une telle production peut être portée à 200.000 ha dans les prochaines années.
Un modèle d'assolement parfaitement adapté à cette région qui est la plus concernée par les changements climatiques. L'envahissement des terres par l'eau salée est inévitable et, selon l'Institut d'études du développement du delta du Mékong, 2,4 millions d'hectare de terre seraient envahis par l'eau de la mer, entraînant un bouleversement dans la riziculture à 2 récoltes annuelles à une large échelle. Avec ce modèle, les paysans peuvent non seulement cultiver du riz et élever des crevettes, mais aussi profiter des diguettes pour les cultures subsidiaires.
Selon le Docteur Trân Thanh Be, directeur de l'Institut d'études sur le développement du delta du Mékong, cette région aura 1,4 million d'hectares de terres submergées. Un chiffre qui augmentera avec le changement climatique.
Le Docteur Nguyên Van Hào, Institut de recherche en aquaculture N°2, estime que la culture des crevettes a un rendement élevé dans le delta du Mékong. Pourtant, les éléments concernant l'environnement sont importants. Selon le vice-ministre de l'Agriculture et du Développement rural Bùi Ba Bông, l'envahissement de l'eau salée est un souci, mais ce modèle de production est un signe positif en cette conjoncture difficile. Il s'agit d'un premier pas pour faire un bilan, étudier, discuter et orienter le développement durable du modèle de production riz-crevette en eau saumâtre. D'après lui, dans l'avenir, il faut mettre privilégier l'aménagement et l'investissement afin d'améliorer l'efficacité de ce modèle.
Afin de développer de façon durable et efficace ce modèle, les gestionnaires, les scientifiques, le secteur agricole et les localités doivent assister davantage les paysans. Dans l'immédiat, il faut déterminer les régions favorables à la production riz-crevettes, puis créer des zones spécialisées de grande envergure. Il faut en outre mobiliser toutes les ressources matérielles et humaines pour investir dans la restauration et la construction d'ouvrages hydrauliques pour la diversification de la production. L'application des avancées scientifiques, les transferts de technologies, ainsi que le développement du marché sont très importants. Le Docteur Pham Van Du, chef adjoint du Département de la culture (ministère de l'Agriculture et du Développement), a déclaré que ce département étudie de nombreuses et nouvelles variétés de riz davantage adaptées à ce modèle de production.
Hoàng Linh/CVN