Ce projet, qui a débuté le 20 mars 2008 et dont le montant total s'élève à 3,3 millions de dollars, fonctionne sous les auspices de AAF (Animal Asia Foundation) et du Parc national de Tam Dao.
À ce jour, 24 ours blessés et dont la vie était menacée ont été amenés, après les premiers secours élémentaires, de différentes fermes dans le CSOV. Ce chiffre apparaît cependant modeste par rapport à l'attente du projet. Chaque ours a désormais son propre nom, son curriculum vitae, son carnet de santé, un vétérinaire et 2 infirmiers particuliers.
Il bénéficie d'une vérification complète au niveau sanitaire avant d'être emmené temporairement en zone d'isolement pour des soins et des traitements curatifs.
Lorsque sa santé est rétablie, l'ours sera emmené dans sa loge.
Ici, les loges d'ours sont très larges (20 fois plus que les cages des fermes d'élevage). Les animaux ont de la place pour grimper, une balançoire à laquelle ils peuvent jouer, un hamac où ils peuvent dormir.
Afin d'éviter la transmission de germes pathogènes, les visiteurs doivent porter des couvre-chaussures. De plus, ils ne doivent pas s'approcher des loges par souci de sécurité pour eux-mêmes mais aussi par respect de l'espace de vie privée des animaux. Chaque loge dispose d'une fenêtre donnant à l'extérieur sur des jardins semi-sauvages, qui s'étendent sur une superficie d'environ 2.500 m2, entourée de clôtures en fer et de filets électriques, et pourvus de lacs et d'arbres...
Des personnes sont chargées de fabriquer des jouets pour les ours, et 2 spécialistes en nutrition leur assurent un bon régime alimentaire, à savoir : 2,5 kg de fruits-légumes et 0,5 kg de mazuri par jour (le mazuri est un aliment sec pour ours utilisé dans tous les parcs nationaux du monde).
Ce centre se fait remarquer également par de nombreux ouvrages complémentaires, dont le système de traitement des eaux usées le plus moderne du pays. On peut dire que l'eau traitée par ce système est aussi pure que l'eau potable mise en bouteille...
Bref, un soin idéal est offert à ces 24 ours ramenés des fermes du pays. Ils reçoivent une protection on ne peut plus minutieuse, comparable à celle des centres d'hébergement pour personnes âgées.
Tuân Bendixsen, Américain d'origine vietnamienne, représentant en chef d'AAF au Vietnam, a révélé que ces ours bénéficieront de tels soins jusqu'à leur mort. À ce propos, la longévité des ours vivant dans la nature est 3 fois plus importante que ceux vivant en captivité (30 ans contre 10 ans). Une fois mort, l'ours sera enterré dans un cimetière qui leur est destiné.
Les ours élevés dans le CSOV sont épargnés des extractions de bile mais aussi des activités reproductrices (les ours mâles sont châtrés), car on pense qu'ils dégénèrent dans les conditions de captivité. Ces ours ne sont pas remis non plus en liberté lorsque leur santé est parfaitement rétablie car on craint que les animaux, ayant perdu leurs réflexes naturels, ne reviennent jeter le trouble auprès des hommes.
L'objectif de ce projet est de venir au secours des animaux d'élevage, victimes de violences humaines, ou chassés et victimes de trafics illégaux. Pour le moment, le CSOV est en mesure d'accueillir au maximum 100 ours, mais dans l'avenir (dans la deuxième étape) sa capacité sera portée à 250 ours.
À côté du CSOV, certains autres centres de secours aux plantigrades sont aussi en construction à Cu Chi, Cat Tiên, Kiên Giang... avec une capacité d'accueil totale de quelques centaines d'ours. Toujours est-il que, par rapport aux 4.000 ours enfermés dans des cages en fer et qui ont besoin de notre secours, ce chiffre est encore un grain de sable dans le désert...
Minh Phuong/CVN