La re-végétalisation des carrières, priorité du projet de bauxite

Le Premier ministre Nguyên Tân Dung a présenté l'extraction de la bauxite au Tây Nguyên comme "une grande politique du Parti et de l'État" pour le décollage socio-économique des hauts plateaux du Centre. Mais une fois les gisements exploités, comment les sites seront-ils restaurés ?

Au-dessus des gisements de bauxite à Nhân Co (province de Dak Nông), les locaux cultivent depuis longtemps caféiers, anacardiers, poivriers et cacaoyers qui ne donnent toutefois que des rendements très faibles par rapport aux terres basaltiques sans bauxite de la province voisine de Dak Lak. Par exemple, un hectare de caféiers à Dak Nông donne seulement 1,5-1,8 tonne de graines par an, contre 2,38 tonnes à Dak Lak ; 2,2 contre 3,07 tonnes pour le poivre ; 1,74 contre 4,21 tonnes pour le cacao. Selon Lâm Trí Hy, président du Comité populaire de la commune de Nhân Co, cette dernière possède plus de 3.000 ha de caféiers dont la productivité est de moitié inférieure aux plantations de Dak Lak. "Sur des terres faiblement minérales, on peut cultiver des arbres industriels ou des plantes à court terme mais avec une faible productivité. Et dans les lieux où la roche affleure, les terres sont quasiment inexploitables. J'espère qu'après l'extraction de la bauxite et le remblayage des carrières qui s'en suivra, la vie agricole des habitants de Nhân Co sera meilleure", souhaite-t-il.

"Il n'y a aucun village traditionnel d'ethnies minoritaires sur les terres concernées par les projets d'extraction de la bauxite", tient à souligner Bùi Quang Tiên, directeur général de la Compagnie d'alumine Nhân Co, maître d'œuvre du projet d'usine d'alumine Nhân Co qui sera prochainement mis en œuvre à Dak Nông.

Extraction puis remblayage dans la foulée

Comme les gisements de bauxite des hauts plateaux du Centre sont localisés en surface, leur exploitation sera réalisée à ciel ouvert. Chaque année, environ 50-60 ha seront mis en exploitation. Après extraction du minerai, localisé dans des couches de 4-5 m d'épaisseur en moyenne, un remblayage sera effectué pour restituer le terrain à la localité et à la population. "L'extraction, le remblayage des carrières et la réhabilitation des terrains devront se suivre de près", affirme Duong Van Hoà, directeur général adjoint du Groupe national des industries du charbon et des minerais du Vietnam (Vinacomin), maître d'oeuvre des 2 premiers projets d'extraction et de traitement de la bauxite au Tây Nguyên. Pas question donc de laisser des années durant des carrières immenses, telles des plaies béantes, gâter le paysage local.

Le processus de remblayage consiste concrètement à restituer le terrain de couverture, en l'ameublissant et l'amendant grâce aux engrais, puis à planter des arbres et à s'en occuper jusqu'à ce qu'ils donnent des produits agricoles ou sylvicoles de valeur commerciale.

En se basant sur le principe de remblayage et de re-végétalisation dès la fin de l'exploitation, il suffira de louer des terrains pour une durée de 2 à 5 ans. Ensuite, une fois réhabilités, ces terrains seront rendus à leurs propriétaires ou à d'autres organisations, conformément à l'accord tripartite entre le groupe Vinacomin, les autorités et les populations locales.

D'après Duong Van Hoà, Vinacomin conduira l'exploitation minière étape par étape, c'est-à-dire selon le modèle extraction-réhabilitation-extraction ailleurs, pour limiter l'expropriation simultanée de grandes surfaces, limitant ainsi les impacts négatifs sur la vie de la population locale. Afin d'aider les familles expropriées à reprendre le plus tôt possible des activités sur leurs terres remblayées, Vinacomin compte les aider à établir des modèles de production agricole adaptés au nouveau contexte, leur fournir des plants, des assistances techniques…

Pour le projet d'alumine de Tân Rai (dans la province de Lâm Dông), qui est en cours de déploiement, le ministère des Ressources naturelles et de l'Environnement a mis sur pied un groupe de contrôle environnemental chargé de suivre la construction des usines et leurs activités. "Comme les travaux s'étendront sur près de 2.000 ha, la question de leur réhabilitation est fondamentale pour le projet", insiste le vice-ministre Nguyên Xuân Cuong.

Vinacomin projette d'investir dans la construction d'un centre de sylviculture biologique à Lâm Dông pour étudier les conditions pédologiques et écologiques, expérimenter des techniques de restaura- tion de la couverture végétale. "Ce centre est inspiré de ce qui se fait dans d'autres pays producteurs d'aluminium comme le Brésil et l'Australie où des experts du groupe Vinacomin se sont rendus pour acquérir des connaissances en la matière", note Duong Van Hoà.

Le groupe envisage également d'investir dans une usine d'engrais organiques au service de la re-végétalisation et surtout du développement des cultures de caféiers, poivriers, hévéas, anacardiers…

"Il est certain qu'une fois la terre extraite, les sols ne retrouveront pas leur état initial. C'est tout à fait normal dans l'exploitation minière. On devra remblayer et réhabiliter selon l'aménagement choisi par les autorités locales.

Par exemple, si de la terre banale suffira pour le reboisement, la culture maraîchère nécessitera, elle, des terres plus fertiles. Et si la construction d'ouvrages industriels est prévue, on n'aura alors qu'à remblayer sans se préoccuper de la qualité du sol. Le plus important, ce sera donc de bien choisir le type de reconversion de ces terrains", précise M. Hoà.

L'épineuse question des cambouis rouges

Outre le remblayage et la re-végétalisation des carrières, une autre question se pose, autrement plus complexe celle-ci, c'est la gestion des cambouis rouges. Ces résidus du traitement de la bauxite en alumine sont en effet très corrosifs et nocifs pour l'environnement car ils contiennent de la soude caustique. Ils sont appelés "cambouis rouges" du fait d'une teneur élevée en oxydes de fer qui leur donnent cette couleur particulière.

Ils seront transportés via un système de canalisations puis entreposés dans un grand bassin de rétention en polyéthylène de haute densité HDPM (High Density Polyethylene Material) et en béton pour éviter toute contamination du sol. Une vallée de 110 ha, située à proximité du complexe bauxite-aluminium Tân Rai (Lâm Dông), sera exclusivement utilisée pour ce bassin dont les normes de qualité seront contrôlées par le ministère de l'Industrie et du Commerce. Le site sera divisé en plusieurs petites entités de 10-15 ha chacune. À Nhân Co, le site d'entreposage des cambouis rouges devrait couvrir 210 ha.

Selon Vinacomin, la durabilité du bassin (pour la première phase) est de 10-12 ans. Une fois plein, les cambouis rouges seront asséchés et recouverts de sols végétaux. "Autour du bassin seront installés 4 observatoires pour contrôler régulièrement les normes environnementales et déceler immédiatement d'éventuels incidents", d'après Duong Van Hoà.

La gestion et le recyclage des cambouis rouges constituent une question importante sur laquelle plan- chent, depuis les années 1990, de nombreux scientifiques et organismes de recherche. Grâce aux avancées technologiques de ces dernières années, ils s'avèrent que ces cambouis rouges pourront être valorisés pour la production de matériaux de construction (briques), d'additifs de ciment… "Nous souhaitons que des briqueteries recyclant les cambouis rouges voient le jour dans le Tây Nguyên", espère-t-il.

Pour sa part, le ministre des Ressources naturelles et de l'Environnement, Pham Khôi Nguyên, estime que "le complexe bauxite-aluminium de Tân Rai est le premier projet national d'exploitation de la bauxite et de production d'alumine, le projet pilote de l'industrie de l'aluminium, un futur secteur économique important du pays. En résolvant les problèmes environnementaux que va générer ce projet, nous disposerons de bases solides pour la poursuite de cette nouvelle industrie prometteuse".

Nguyên Hông Nga/CVN

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