"Plus de deux ans après le début de la crise financière, la stabilité financière mondiale n'est toujours pas assurée", a estimé le directeur du département des marchés internationaux au FMI, José Vinals.
"Elle reste en danger malgré les mesures prises pour soutenir le système financier", a-t-il ajouté lors de la présentation des "Perspectives économiques mondiales" du Fonds à Johannesburg.
Crise de la dette publique en zone euro, de l'immobilier aux États-Unis, chômage, systèmes financiers vulnérables, pressions inflationnistes dans les pays émergents, spéculation excessive sur certains marchés : les nuages s'accumulent à l'horizon, selon le FMI.
Après 5% de croissance en 2010, la planète devrait afficher une croissance de 4,4% cette année.
Par rapport à octobre où il attendait 4,2%, l'institution de Washington a relevé sa prévision, principalement pour les États-Unis. Il table sur désormais sur 3% (contre 2,3% auparavant), grâce à la prolongation de réductions d'impôts en vigueur depuis 2001 ou 2003.
S'il a salué la vigueur de la consommation des Américains, il a regretté "le coût budgétaire considérable de la mesure", et a expliqué que la première économie mondiale était toujours confrontée à un chômage élevé, à la fragilité des finances des ménages et au marasme de l'immobilier.
Pour l'Europe, les prévisions restent globalement inchangées : 1,5% en zone, 1,6% en France, 2,2% en Allemagne (contre 2,0% auparavant). La crise de la dette publique devrait perdurer, sans déstabiliser le reste du monde.
Ces projections, a expliqué le Fonds, "supposent que les mesures politiques actuelles parviennent à contenir la tourmente financière et ses effets sur l'économie réelle à la périphérie de la zone euro, pesant seulement d'un poids modéré sur la reprise mondiale".
Le tableau d'une reprise "à deux vitesses" reste inchangé si l'on compare avec la croissance attendue en 2011 dans les grands pays émergents : 9,6% en Chine, 8,4% en Inde ou encore 4,5% au Brésil. Mais pour ces pays, le FMI lance un avertissement face au risque d'emballement. "Dans beaucoup d'économies émergentes, l'activité reste vigoureuse, des pressions inflationnistes apparaissent, et il y a désormais quelques signes de surchauffe, provoquée en partie par des entrées importantes de capitaux" ou dans certains cas une monnaie sous-évaluée, a relevé l'institution internationale, qui recommande une "appréciation rapide" de la devise chinoise, le yuan.
Dans la sphère financière, le Fonds s'inquiète de "points chauds" sur les marchés boursiers "en Colombie et au Mexique et, dans une moindre mesure, à Hong Kong, en Inde et au Pérou".
Les banques des pays développés sont vulnérables à la montée de la dette publique, souligne-t-il également. Si la Grèce, l'Irlande ou d'autres pays de la zone euro devaient leur causer des pertes importantes, il imagine la région retomber dans la récession. L'institution s'inquiète aussi de voir les réformes de la régulation financière montrer des signes de "fatigue".
Quant aux banques, "la restructuration des bilans est inachevée et avance lentement", déplore le Fonds.
Selon le FMI, il faudra "des solutions structurelles aux problèmes de long terme", comme l'excès de dette de certains emprunteurs dont des États, la sous-capitalisation de certains établissements, ou encore la vulnérabilité face aux retournements des marchés financiers.
AFP/VNA/CVN