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Études pour la production d’un vaccin contre le COVID-19 à la société VABIOTECH. |
Photo : VNA/CVN |
Dans les centres de santé au Vietnam, on peut toujours trouver quelque part une vitrine exposant des images et des ustensiles retraçant l’évolution et le développement rapide de la médecine vietnamienne. Certaines de ces vitrines présentent notamment des échantillons de vaccins "made in Vietnam" contre certains fléaux épidémiques qui ont touché le pays et le monde : choléra, rage, encéphalite japonaise ou BCG… On y loue aussi l’intelligence ainsi que les efforts considérables du personnel médical et pharmaceutique vietnamien pour les produire.
En 1959-1960, la polio fit irruption et se développa dans les provinces du Nord, touchant 17.000 enfants et faisant plus de 500 morts. Le taux de contamination s’élevait à 126,44 cas pour 100.000 habitants. Ainsi, à cette époque, des dizaines de milliers d’enfants furent frappés d’une paralysie irréversible.
Face à cette situation, l’ancien ministre de la Santé, Pham Ngoc Thach, mobilisa les scientifiques vietnamiens pour produire un vaccin contre cette maladie.
Une maitrîse reconnue à l’international
Sous la direction de son directeur, le Professeur Hoàng Thuy Nguyên, l’Institut national d’hygiène et d’épidémiologie réussit à mettre au point le vaccin Sabin contre la polio en 1962, parvenant dans la foulée à produire deux millions de doses cette année-là. Ce même vaccin fut ensuite introduit dans le Programme national de vaccination élargi. À ce moment-là, des millions d’enfants vietnamiens se firent vacciner, leur évitant ainsi de subir d’importantes séquelles paralytiques.
Durant les années 1960-1970, le taux de contamination de la polio est tombé à 3 cas pour 100.000 habitants. Finalement, en 2000, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) reconnaissait l’éradication totale de la polio au Vietnam. Aujourd’hui, cette maladie n’a plus fait son apparition dans le pays. Après ce premier grand succès, de nombreux vaccins vietnamiens furent fabriqués pour prévenir des maladies contagieuses comme la variole, le choléra, la typhoïde, la rage, la coqueluche, l’encéphalite japonaise ou la tuberculose... pour la plupart introduits dans le Programme national de vaccination élargi.
"Chaque année, plus de 90% des enfants de moins d’un an bénéficient du Programme national de vaccination élargi. Ces dernières années, le taux de contamination de certaines maladies contagieuses a été divisé par dix voire par cent. Certaines ont été éradiquées, comme la polio en 2000 et le tétanos néonatal en 2005", informe la Docteure Duong Thi Hông, directrice-adjointe de l’Institut national d’hygiène et d’épidémiologie.
En 2017, le Vietnam a réussi à produire un vaccin contre la rougeole et la rubéole dans le cadre d’un projet financé par l’Agence japonaise de coopération internationale, devenant le 4e pays en Asie du Sud-Est à fabriquer ce vaccin deux-en-un. Conçu par le Centre de recherche et de production de vaccins et de produits biologiques médicaux (POLYVAC), il est réservé depuis 2018 à tous les enfants de 18 à 24 mois.
De plus, en 2015, l’OMS a reconnu le système national de gestion des vaccins comme satisfaisant aux normes internationales. Le pays est le 39e parmi 43 pays dans le monde à recevoir cette reconnaissance, ce qui lui permet d’exporter ces produits médicaux.
COVID-19 : des résultats encourageants
Chaque année, plus de 90% des enfants de moins d’un an bénéficient du Programme national de vaccination élargi. |
Photo : VNA/CVN |
Dès l’apparition du COVID-19 début 2020, les scientifiques et centres de recherche du Vietnam ont immédiatement participé à la recherche d’un vaccin. Actuellement, quatre établissements sont engagés sur autant de projets.
Parmi eux, le projet de recherche et de développement d’un vaccin anti-COVID-19 de la Société de production de vaccins et de produits biologiques (VABIOTECH), dépendant du ministère de la Santé, est très prometteur. VABIOTECH a effectué deux tests sur des souris de laboratoire et ont produit de bons résultats. Elle prévoit ainsi de mener prochainement un essai sur l’homme.
Selon son directeur Dô Tuân Dat, la recherche d’un vaccin, opérée en collaboration avec l’Université de Bristol au Royaume-Uni, s’orienterait en effet vers des essais cliniques, qui devraient être mis en œuvre début 2021.
Jusqu’à présent, deux phases d’injection expérimentales sur des souris de loboratoires ont déjà été réalisées servant de base importante pour progresser et compléter le vaccin. Quatre lots de cobayes ont en outre démontré une réponse immunitaire satisfaisante et la sécurité du produit.
"D’ici quatre à neuf mois, un nouveau test sur les animaux sera effectuée une fois de plus avant des essais cliniques. Ensuite, il faudra deux ou trois mois supplémentaires pour achever le processus de fabrication", espère Dô Tuân Dat.
La VABIOTECH est le premier établissement au Vietnam à avoir développé avec succès un vaccin contre le COVID-19 et à l’avoir testé sur des souris.
Actuellement, plus de 150 vaccins sont en cours de développement et de test dans le monde entier pour tenter d’enrayer la pandémie de coronavirus.