Crise politique au Canada: Trudeau perd son plus proche conseiller

Le plus proche conseiller politique de Justin Trudeau a annoncé lundi 18 février sa démission du cabinet du Premier ministre canadien afin de se "défendre" contre des "allégations" qu'il rejette dans une affaire explosive à quelques mois d'élections législatives serrées.

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Le Premier ministre canadien Justin Trudeau photographié en décembre à Montréal.

Considéré comme l'éminence grise de Justin Trudeau et l'architecte de sa victoire en 2015, Gerald Butts a annoncé son départ et a nié être intervenu pour éviter un procès à la société SNC-Lavalin, impliquée dans un vaste scandale de corruption en Libye. Cette affaire constitue la pire crise politique au Canada depuis l'entrée en fonctions de Justin Trudeau et met à mal son Parti libéral avant les élections législatives d'octobre.

Selon le journal Globe and Mail, le cabinet du Premier ministre a exhorté Judy Wilson-Raybould, alors ministre de la Justice, d'intervenir dans ce dossier afin que les procureurs concluent avec SNC-Lavalin, géant canadien de l'ingénierie, un accord à l'amiable pour lui éviter un procès long et potentiellement dévastateur.  Le quotidien de Toronto, qui a publié ces révélations il y a près de deux semaines, assure que Mme Wilson-Raybould a "ignoré" les demandes du cabinet de Justin Trudeau, ce qui lui aurait coûté son poste: mi-janvier, elle avait été rétrogradée ministre des Anciens combattants, et mardi dernier elle a claqué la porte du gouvernement Trudeau.

"Je nie catégoriquement les allégations selon lesquelles moi ou un membre de ce cabinet aurait tenté d'influencer Mme Wilson-Raybould. Nous respectons le rôle unique qu'est celui de procureure générale", a fait valoir M. Butts dans sa lettre de démission transmise à la presse. "Mais la réalité, c'est que ces allégations existent. Elles ne peuvent pas et elles ne doivent en aucun cas faire obstacle au travail essentiel qu'effectue le Premier ministre et son bureau au nom de tous les Canadiens. Ma réputation est ma responsabilité. C'est à moi de la défendre", a-t-il expliqué.

Justin Trudeau a immédiatement réagi sur Twitter en déclarant que "Gerald Butts a servi notre gouvernement - et notre pays - avec intégrité, sagesse et dévouement. Je tiens à le remercier pour son service et son amitié indéfectible". La Gendarmerie royale (GRC, police fédérale) avait déposé en 2015 des accusations formelles contre la maison-mère du géant canadien SNC-Lavalin ainsi que ses filiales de BTP et de développement international pour "corruption d'agents publics étrangers" et pour "fraude" en Libye, du temps du dictateur Mouammar Khadafi.

Établi à Montréal (où est élu M. Trudeau) et présent sur tous les continents avec 50.000 employés dont 9.000 au Canada, SNC-Lavalin est notamment accusé d'avoir versé 48 millions de dollars canadiens de pots de vin (32 millions d'euros) à des responsables libyens. Les partis d'opposition, déjà remontés depuis l'éclatement de cette affaire, ont fulminé lundi 18 février en estimant que le départ de M. Butts renforçait les suspicions de conflit d'intérêt dans l'entourage du Premier ministre.

Le chef des conservateurs, Andrew Scheer, y a vu la preuve d'"un gouvernement en plein chaos alors que M. Trudeau tente désespérément de cacher ce scandale", et a exhorté le dirigeant canadien à "arrêter de se cacher et dire la vérité". Cette crise ne pourra être résolue sans la tenue d'une commission d'enquête publique, a pour sa part tonné le NPD, parti d'opposition de centre-gauche. Une enquête officielle a été ouverte la semaine dernière par le Commissaire canadien à l'éthique, un haut-fonctionnaire indépendant. Une commission parlementaire a également lancé une investigation sur cette affaire et les partis d'opposition veulent désormais y faire témoigner M. Butts.


AFP/VNA/CVN

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