À Dublin, des manifestants se sont rassemblés devant des bâtiments gouvernementaux pour dénoncer la décision, qualifiée de "honte nationale" par des médias irlandais, mais défendue par le Premier ministre Brian Cowen qui a refusé devant la presse d'endosser le rôle de "père fouettard".
L'aide à l'Irlande "est justifiée afin de sauvegarder la stabilité financière de l'UE et de la zone euro", ont déclaré dans un communiqué les ministres des Finances de la zone euro et de toute l'UE, à l'issue d'une réunion convoquée en urgence, alors qu'au même moment Dublin officialisait sa demande de soutien.
La BCE a salué la réponse des autorités européennes, tout comme le FMI qui s'est dit prêt à apporter sa contribution par le biais d'un prêt sur plusieurs années.
Le montant n'a pas été précisé immédiatement. Mais des sources diplomatiques ont indiqué qu'il devrait être compris entre 80 et 90 milliards d'euros. Une enveloppe pas très éloignée de celle accordée au printemps à la Grèce. Cette dernière avait obtenu un prêt de 110 milliards d'euros sur trois ans, étant alors dans l'impossibilité d'emprunter à des taux d'intérêt abordables pour refinancer sa dette.
L'objectif est similaire pour l'Irlande. Mais il s'agit cette fois principalement d'aider les banques irlandaises en crise, que Dublin a déjà dû renflouer à hauteur de 50 milliards d'euros, faisant du coup grimper son déficit public à des sommets: 32% du PIB attendus cette année.
Il s'agit aussi d'éviter une contagion à d'autres pays aux finances publiques fragiles de l'Union monétaire, comme le Portugal ou l'Espagne, via la hausse des taux d'emprunts obligataires. D'où le message de l'UE le 21 novembre, destiné à rassurer les marchés avant leur ouverture le 22 novembre.
Signe de la dimension internationale prise par la crise irlandaise, des consultations ont aussi eu lieu sur le sujet dans la soirée entre les grands argentiers des pays du G7 (États-Unis, Japon, Canada, Royaume-Uni, France, Allemagne et Italie).
La ministre française des Finances, Christine Lagarde, a jugé que l'UE et le FMI avaient adressé un "message très fort" aux marchés, apportant la "garantie" nécessaire pour "écarter" le risque d'un effondrement des banques irlandaises.
Dans le détail, l'Irlande va pouvoir bénéficier d'un plan d'aide pour les pays de la zone euro en difficulté mis sur pied au printemps dernier suite à la crise grecque, doté au total de 750 milliards d'euros et comprenant trois volets : prêts de l'UE, de la zone euro et du FMI.
Il est prévu que le Royaume-Uni et la Suède -deux pays non membres de la zone euro- accordent en complément des prêts bilatéraux à l'Irlande.
L'objectif est principalement de mettre en place un Fonds pour aider à recapitaliser les banques irlandaises qui auraient besoin d'argent frais, selon le communiqué de l'UE.
Ces banques sont plombées par l'éclatement d'une bulle immobilière consécutive à la crise financière mondiale. Et Dublin a vu son déficit exploser. Ce déficit doit revenir dans la limite européenne de 3% du PIB d'ici 2014.
En échange, l'UE a prévenu le 21 novembre que le secteur, soutenu aussi à bout de bras par la BCE, allait devoir être "restructuré".
Des efforts budgétaires vont être aussi exigés, ce qui provoque déjà la colère de l'opinion dans l'île. Ces mesures visent à économiser 15 milliards d'euros sur quatre ans, soit près de 10% du PIB irlandais.
Des discussions sur les détails de l'aide et les contreparties exigées doivent encore avoir lieu à Dublin dans les jours à venir avec l'équipe d'experts européens et du FMI. Dès le 22 novembre, l'euro était en hausse à Tokyo face au billet vert.
AFP/VNA/CVN