Ceux-ci soulignent également que la création d'emplois devra figurer en tant que telle dans le train de mesures gouvernementales prises contre l'inflation et la récession économique.
Dang Nhu Loi, député et vice-président de la Commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale.
S'il y a des estimations sur le nombre de chômeurs en 2009, elles ne sont pas précises malheureusement, 300.000 pour les uns, 1,1 million pour les autres, même jusqu'à 3 millions pour d'autres encore… Une certitude cependant, c'est que la récession économique entraînera, en dehors d'une diminution générale de la production, la faillite de nombre d'entreprises. Il est donc sûr que le chômage sera bien présent cette année et l'on attend encore une estimation officielle sur ce point, de même que les mesures gouvernementales pour y faire face.
En effet, en dehors de la croissance économique, la création d'emplois répond également aux mesures d'assistance financière de l'État ainsi qu'à l'exportation de la main-d'œuvre. Ce sont ainsi 450.000 postes de travail qui ont été créés directement grâce à ces 2 facteurs. Il reste cependant que les trois-quarts de ceux qui ont pu trouver un travail le doivent aux opportunités fournies par la croissance économique…
Dang Quang Diêu, vice-directeur du Comité des politiques socioéconomiques de la Confédération générale des travailleurs du Vietnam.
À l'heure actuelle, dans les villes et provinces où les zones industrielles sont les plus nombreuses, maints salariés ont déjà perdu leur travail. Selon les données des 4 villes et provinces (Hanoi, Hô Chi Minh-Ville, Binh Duong et Dông Nai), plus de 20.000 personnes ont été licenciées lors du dernier trimestre 2008 et du premier mois de 2009.
La Confédération générale est sur le point de soumettre au gouvernement des propositions pour soutenir la création d'emplois. Elle lui demanderait d'abord d'accorder une priorité aux entreprises ayant besoin d'un volume important de personnel, mais aussi l'application de mesures, y compris des sanctions financières, en cas de licenciement massif et dépourvu de cause réelle et sérieuse, c'est-à-dire prononcé sous couvert de récession. Enfin, l'octroi d'allocations chômage est prévu en 2009 par la Confédération générale des travailleurs du Vietnam, dont le montant total de 3 mois de salaire serait financé par le budget d'État. Selon les prévisions, environ 150.000 personnes seraient licenciées cette année, ce qui représente un total de 900 milliards de dôngs d'allocations qui devrait être mobilisé...
Nguyên Thu Huong, directrice de l'Institut des sciences du travail et sociales (ministère du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales).
Le chômage est actuellement un problème extrêmement complexe et préoccupant dans le monde entier. Cela l'est aussi pour le Vietnam même si la problématique diffère quelque peu du fait que notre pays n'est pas encore totalement industrialisé. Je veux dire par-là que ceux qui perdent leur travail ne sont pas rigoureusement parlant des chômeurs. Ils rentreront chez eux pour travailler dans les champs. Comment peut-on affirmer cela ? Tout simplement parce que les entreprises amenées à diminuer leur masse salariale licencient d'abord les moins qualifiés, c'est-à-dire majoritairement des gens issus de zones rurales, que l'on retrouve également majoritaires dans les contrats à durée déterminée, notamment saisonniers, autres postes concernés en premier par les suppressions d'emploi.
Quant à tenter une estimation générale pour 2009, le meilleur indicateur est de considérer les entreprises exportatrices dont plus de 50% de celles employant le plus de main-d'œuvre relèvent des secteurs de la confection et des chaussures et du cuir. Selon les statistiques établies, à une croissance de 0,1% des exportations répond une création d'emplois supplémentaires de 0,4%. Notons que la croissance des exportations était de près de 30% en 2008. Cette dernière devant baisser de 13% en 2009, le chômage devrait atteindre, selon les projections effectuées, les 5% à la fin du premier trimestre. De toute façon, la tendance globale sur les dernières années est à la hausse puisqu'en 2007, ce taux était de 4,4% avec près de 1,1 million de demandeurs d'emploi.
Plus spécifiquement, le ministère du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales prévoit qu'environ 150.000 Vietnamiens perdraient leur travail, soit victimes directes d'une fuite de responsabilité, juridique ou financière, de leur employeur, soit d'un dépôt de bilan, soit enfin d'un licenciement économique collectif. Il élabore en conséquence 3 mesures qu'il va prochainement soumettre au gouvernement.
Dans le premier cas précité, les autorités locales devraient demander aux cadres gestionnaires de l'entreprise en cause d'exécuter leurs obligations en termes de salaire comme d'assurances sociales, ainsi que d'assurer une mesure d'accompagnement consistant à présenter leurs anciens salariés à d'autres employeurs. Ceux qui ne trouveront pas de poste dans ce cadre bénéficieraient alors d'une assistance financière. Dans le second cas, dépôt de bilan, le patrimoine de l'entreprise serait liquidé pour le paiement des salaires, indemnités et primes d'assurance, dont celles des régimes d'allocation chômage, et c'est en cas d'insuffisance de biens que l'État accordera une allocation de 3 mois de salaire au plus.
Enfin, pour les licenciements collectifs, le ministère proposerait à l'entreprise de verser aux salariés une allocation chômage et, faute de quoi, accorderait une allocation de 3 mois de salaire financée par l'État. Au total, ce devrait être environ 900 milliards de dôngs qui devraient être budgétisés pour la mise œuvre de ces mesures. Ces mesures sont pratiquement importantes car, rien qu'à la fin de 2008, ce sont près de 30.000 travailleurs vietnamiens qui ont perdu leur emploi directement à cause de la crise mondiale…
Ngân Huong/CVN