COVID-19 : dernière soirée avant le couvre-feu, record du nombre de cas

Paris, sa région et huit autres métropoles s'apprêtent à vivre une dernière soirée de liberté avant l'entrée en vigueur des couvre-feux, à partir de vendredi minuit 16 octobre, alors que plus de 30.000 cas positifs ont été détectés en 24 heures, un record.

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Le Premier ministre Jean Castex (droite) s'adresse à des personnels soignants au CHU de Lille, le 16 octobre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Pour Lyon, Lille, Toulouse, Montpellier, Saint-Etienne, Aix-Marseille, Rouen et Grenoble ainsi que l'Île de France, soit quelque 20 millions d'habitants, le gouvernement a décidé d'instaurer un couvre-feu dès vendredi minuit 16 octobre pour quatre semaines minimum, et au-delà si le Parlement l'approuve, Emmanuel Macron ayant évoqué le 1er décembre.
Ce sera donc "chacun chez soi de 21h00 à 06h00" dans les zones concernées, comme l'a résumé le Premier ministre Jean Castex, à moins d'avoir en main une attestation dérogatoire pour aller ou revenir du travail, pour des raisons de santé, pour visiter un proche en situation de dépendance ou sortir son animal de compagnie.
Comme pendant le confinement au printemps, cette attestation, disponible sur le site du gouvernement, sera obligatoire. Les contrevenants s'exposent à une amende de 135 euros.
Dans toutes ces villes, les soirées au restaurant vont devoir être écourtées, ce qui provoque l'ire de la profession. "Je n'ai jamais vu ça en 50 ans que je suis ici. On va fermer le soir: qu'est-ce qu'on peut faire d'autre ? Il faut que nos employés soient dehors à 21h00", s'insurge Stain Roman, gérante de La Mère Buonavista à Marseille.
"Les Français acteurs"
Le gouvernement défend, lui, la seule mesure qui permet d'éviter un reconfinement, même si Jean Castex n'avait pas exclu ce dernier en début de semaine, sur fond de dégradation forte des indicateurs du COVID-19.
"Si on attend tout des pouvoirs publics, on n'y arrivera pas. Il faut rendre les Français acteurs, ils peuvent le faire pour leurs proches, pour vous aussi" les soignants, a lancé le Premier ministre vendredi 16 octobre, en visite au CHU de Lille.
Plus de 30.000 nouveaux cas avaient été enregistrés jeudi 15 octobre dans les dernières 24 heures, un record, et ce chiffre a atteint 121.078 la semaine du 5 au 11 octobre, contre 79.266 la semaine précédente, soit une hausse de 53%, selon le dernier bulletin épidémiologique de Santé publique France.

Selon le gouvernement, les couvre-feux n'auront pas d'impact sur la circulation du virus avant au moins deux à trois semaines.
Le bond actuel des nouveaux cas fait craindre une saturation des hôpitaux, alors que la situation est déjà tendue dans certaines régions, comme l'
Île-de-France, où le taux d'occupation des lits en réanimation par des patients COVID-19 dépasse déjà 40%. Le nombre des patients actuellement hospitalisés en réa est en nette hausse ces derniers jours et s'établit à 1.741, sur une capacité totale de 5.800 lits selon le ministre de la Santé, Olivier Véran.
Aux urgences de l'hôpital de Montreuil, "c'est effrayant. J'ai l'impression de revenir à mars", confie à l'AFP le chef du service, Hocine Saal. La situation est pourtant différente, mais pire en partie. Car au printemps, le nombre de patients non-Covid s'étaient effondré aux urgences.
"Ce n'est pas le cas aujourd'hui. Toute la difficulté est de prendre en charge à la fois les patients COVID et non-COVID", explique-t-il.
Assouplisement pour la culture ?
Au CHU de Lille, Jean Castex a assuré son soutien aux soignants, après avoir promis jeudi, jour de grève dans les hôpitaux pour protester contre le manque de moyens, une "indemnité compensatrice" de 110 à 200 euros bruts pour ceux qui renonceront à leurs congés.
Le couvre-feu risque de peser lourd sur le secteur de la culture et plusieurs voix se sont élevées pour un assouplissement qui permettrait aux spectateurs de théâtre ou de cinéma de rentrer chez eux après 21h00.
"Cela me paraît plaidable", a affirmé la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, dans le Parisien. "Les gens mettent trente minutes ou même une heure pour rentrer" et "c'est leur billet qui servirait de justificatif".
Contrairement au sport professionnel, le sport amateur ne bénéficiera lui d'aucune dérogation aux couvre-feux, a prévenu la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, sur France Info.
Le reste de l'Europe n'est pas épargné et l'Organisation mondiale de la santé juge désormais la situation "très préoccupante". L'OMS avertit que des niveaux de mortalité "quatre à cinq fois supérieurs à ceux d'avril" pourraient survenir "d'ici janvier", si des "stratégies prolongées d'assouplissement" des restrictions étaient menées.

AFP/VNA/CVN

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