Selon M. Ouattara, reconnu président par la communauté internationale, il s'agit d'une "invitation", qu'il a acceptée, à une réunion du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'UA, prévue le 10 mars à Addis Abeba.
La visite de M. Ping survient alors que la flambée de violences depuis deux semaines fait craindre que la crise née du scrutin du 28 novembre ne débouche sur une guerre civile.
La Cour pénale internationale (CPI) s'est dite le 5 mars prête à "agir vite" contre les auteurs de crimes contre la population civile.
Sept femmes ont été tuées par balles lors d'une manifestation pro-Ouattara le 3 mars à Abidjan, dans le quartier d'Abobo (Nord). Des témoins et la mission de l'ONU dans le pays, l'ONUCI, ont accusé les Forces de défense et de sécurité (FDS) loyales à M. Gbagbo, qui ont décliné toute responsabilité.
Accompagné du Commissaire pour la paix et la sécurité de l'UA, Ramtane Lamamra, M. Ping s'est entretenu dans l'après-midi avec M. Gbagbo à sa résidence.
Il a ensuite retrouvé Alassane Ouattara au Golf hôtel d'Abidjan où celui-ci est retranché avec son gouvernement sous un blocus des forces loyales à son adversaire, dont le panel a demandé la levée.
M. Ping n'a pas révélé la teneur du "message". Mais M.Ouattara a affirmé qu'il consistait en une invitation à la réunion du 3 mars des chefs d'État du CPS. "Bien entendu, j'ai accepté cette invitation et toutes les dispositions (seront) prises pour que je puisse m'y rendre", a-t-il dit.
M. Ping devait s'entretenir ensuite avec le président du Conseil constitutionnel Paul Yao N'Dré. Proche du président sortant, M. Yao N'Dré est au cœur de la crise post-électorale : alors que M. Ouattara a été déclaré vainqueur par la commission électorale et l'ONU, le Conseil constitutionnel a invalidé en partie ces résultats et proclamé M. Gbagbo réélu.
M. Ping est envoyé par le panel de chefs d'État africains sur la crise ivoirienne, qui s'est réuni vendredi à Nouakchott sous la présidence de Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie) et en présence des autres membres, Jacob Zuma (Afrique du Sud), Jakaya Kikwete (Tanzanie), Idriss Deby Itno (Tchad) et Blaise Compaoré (Burkina Faso).
Le groupe, dont les conclusions étaient initialement attendues fin février, a finalement le mois de mars pour parvenir à des solutions "contraignantes".
Pour l'heure, le quintette a exigé "l'arrêt immédiat des tueries" et des manifestations pouvant "dégénérer en troubles et en violences".
La secrétaire d'État, Hillary Clinton, a aussi réclamé "l'arrêt immédiat de la violence", et accusé Laurent Gbagbo de "mépris inhumain pour la vie humaine et l'État de droit".
Le Conseil de sécurité de l'ONU redoute une " résurgence de la guerre civile". Après un putsch manqué, les combats de 2002-2003 avaient coupé le pays en deux, le Nord étant aux mains de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) désormais alliée à M. Ouattara.
Les violences ont déjà fait 365 morts depuis fin 2010, dont 50 en une semaine, selon le bilan établi par l'ONUCI avant la mort des sept femmes dans le quartier d'Abobo, foyer des marches pro-Ouattara et champ de bataille entre FDS et insurgés armés.
La situation humanitaire s'aggrave par ailleurs avec l'exode des habitants à Abobo et dans l'ouest, en proie à des combats entre FDS et FN.
Après une coupure de courant survenue le 28 février en zone FN, accompagnée de coupures d'eau, l'électricité est finalement revenue le 5 mars, ont rapporté des habitants de plusieurs villes du Nord. Le gouvernement Gbagbo avait invoqué des nécessités industrielles mais l'ONU avait dénoncé "un acte inhumain aux conséquences dramatiques".
AFP/VNA/CVN