Coronavirus : la France gère l'urgence

Face l'épidémie de coronavirus qui a déjà tué 562 personnes dans le pays, la France gère l'urgence : équiper ses soignants de masques et endiguer des hospitalisations toujours plus nombreuses. Mais les experts planchent aussi sur la suite : combien de temps les Français vont-ils devoir rester cloîtrés chez eux ?

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Un policier protégé par un masque à Rennes, le 21 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé samedi 21 mars avoir saisi le conseil scientifique créé sur le COVID-19 pour se prononcer sur "la durée" et "l'étendue" nécessaires du confinement, pour l'instant décrété jusqu'à fin mars au moins. L'avis du conseil est attendu pour lundi 23 mars. Mais tout laisse penser que le confinement sera prolongé, comme en Italie, qui enregistre le plus de décès au monde (près de 5.000, devant la Chine d'où est partie l'épidémie).

Le gouvernement a par ailleurs passé commande de plus de 250 millions de masques, dont la pénurie pèse sur les soignants. Le "stock d'État" n'est actuellement que de 86 millions de masques, pour une consommation prévue de "24 millions de masques par semaine", a précisé le ministre de la Santé Olivier Véran. Pour les deux semaines à venir, a-t-il dit, priorité sera donnée aux personnels de santé, en ville comme à l'hôpital, et aux personnes intervenant auprès des personnes âgées, avec notamment 500.000 masques par jour pour les personnels des Ehpad.

Le ministre, refusant d'entrer dans une "polémique", a rappelé que ces stocks stratégiques "se sont réduits année après année" depuis dix ans, avec en début d'épidémie un total de "117 millions de masques". Le gouvernement avait conscience que cette situation "allait être une difficulté", a-t-il reconnu.

Pas de généralisation des masques

Il a toutefois redit ne pas envisager l'usage généralisé du masque dans la population, rappelant notamment que l'OMS ne le recommande pas. Quant aux professions au contact du public qui en réclament (forces de l'ordre, distribution...), là encore le gouvernement va consulter son conseil scientifique. Sur le terrain, de nombreux élus locaux ont imposé des mesures pour durcir le confinement, avec notamment des couvre-feux décrétés à Béziers (Hérault), Vallauris, Menton (Alpes-Maritimes) et Roquebrune-sur-Argens (Var), de 22h à 5h du matin, ainsi qu'à Charleville-Mézières (Ardennes) et Perpignan (de 20h à 6h).

Le maire de Montpellier a aussi instauré ce couvre-feu, accompagné de la fermeture des marchés alimentaires. Les transports publics y sont désormais réservés aux usagers qui travaillent. À Paris, Anne Hidalgo a appelé samedi 21 mars à "aller vers un confinement beaucoup plus sévère". Elle a défendu les marchés alimentaires en plein air de la capitale, mais en "accompagnant les ouvertures de mesures drastiques", dans un entretien au Parisien.

Coronavirus : les décès en France.

"La situation va continuer à s'aggraver avant que les effets du confinement fassent leur effet", a rappelé M. Véran. Il estime le nombre de personnes infectées en France à une large fourchette, "entre 30.000 et 90.000", en raison des nombreuses personnes présentant peu ou pas de symptômes.

Nouvelle méthode de diagnostic

Concernant l'utilisation de tests, qui ont peu à peu été réservés à certaines catégories de populations (fragiles, âgées, femmes enceintes, etc.), le ministre a assuré que les autorités se préparaient à pouvoir "les multiplier au moment ou nous lèverons le confinement". Avec notamment l'espoir de voir se développer "une nouvelle méthode diagnostique plus simple et plus rapide".

Selon les derniers chiffres du ministère, l'épidémie a causé la mort de 562 personnes, soit 112 de plus pour la journée de samedi 21 mars, et entraîné l'hospitalisation de 6.172 malades, dont 1.525 en réanimation (pour la moitié âgés de moins de 60 ans).

Les sept régions les plus touchées sont le Grand Est, la Corse, l'Île-de-France, les Hauts-de-France, la Bourgogne-Franche-Comté, Auvergne-Rhône Alpes et désormais la Nouvelle-Aquitaine. "Face à l'urgence et à l'ampleur de l'épidémie", notamment en Île-de-France, les hôpitaux de Paris (AP-HP) en appellent aux "professionnels médicaux et paramédicaux disponibles dans les semaines à venir" pour renforcer les équipes de ses 39 hôpitaux.

L'Assemblée nationale a voté dimanche 22 mars à l'aube un projet de loi permettant l'instauration d'un "état d'urgence sanitaire", au terme d'un âpre débat sur l'encadrement de ce régime d'exception, et l'ajout de sanctions pour non-respect du confinement. Le Sénat se réunira dimanche après-midi 22 mars, lui aussi en formation serrée, pour le ré-examiner. Le Parlement avait adopté définitivement vendredi 20 mars le volet financier des mesures d'urgence face au coronavirus. Combiné au projet de loi d'urgence voté en première lecture au Sénat, le texte prévoit 45 milliards d'euros pour aider les entreprises en difficulté et financer le chômage partiel des salariés.

Le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé samedi 21 mars la suspension générale du jour de carence en cas d'arrêt maladie pendant la durée de l'état d'urgence sanitaire. La riposte du gouvernement recueille l'assentiment d'une majorité de Français. Ils sont 55% à lui faire confiance pour "faire face efficacement au coronavrius", et 57% pour "aider les entreprises en difficulté", selon un sondage Ifop pour le JDD paru dimanche 22 mars.

Selon cette étude, 84% des sondés se disent inquiets de l'épidémie de coronavirus, dix points de plus par rapport à la semaine dernière. La France, où des applaudissements résonnent désormais chaque soir vers 20h pour les soignants, s'emploie par ailleurs toujours à organiser le retour d'environ 130.000 de ses ressortissants bloqués à l'étranger. Les expatriés de retour pourront accéder directement à la Sécurité sociale : l'Assemblée nationale a voté dans la nuit de samedi 21 mars à dimanche 22 mars la suspension du délai de carence de trois mois habituellement imposé aux Français après un long séjour à l'étranger.


AFP/VNA/CVN

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