>>Bien lancés, Sanders et Buttigieg espèrent en découdre avec Trump
>>Débat démocrate : le jeune Buttigieg face aux vétérans Sanders et Biden
Bernie Sanders et Joe Biden. |
Au lendemain du "Super Tuesday", avec le retour fracassant de l'ancien vice-président de Barack Obama dans la course à l'investiture démocrate, c'est bien un duel entre ces deux hommes aux positionnements très éloignés qui se dessine.
Deux hommes, deux styles
Sourire éclatant, chevelure soigneusement peignée, Joe Biden est un homme politique à l'ancienne, démonstratif et volontiers tactile. Accolades, poignées de main appuyées, voire baiser sur la tête d'une ancienne élue, ses marques d'affection lui ont valu d'être au centre d'une polémique qu'il a désamorcée en arguant de sa bonne foi et des "normes sociales" changeantes.
L'ancien sénateur du Delaware de 77 ans a un capital sympathie certain, dû en grande partie au fait qu'il n'hésite pas à montrer émotions et empathie. Même ses gaffes, nombreuses, contribuent à l'humaniser.
Sa vie privée a été marquée par la tragédie. Et les deuils qu'il a connus - la mort de sa femme et de leur petite fille dans un accident de voiture en 1972, le décès de son fils Beau d'un cancer en 2015 - sont bien connus des Américains.
Plus austère, Bernie Sanders, 78 ans, avec ses cheveux blancs rebelles, a un style plus rugueux.
Réputé bougon et peu sociable, bien qu'il se déride en meeting et soit chaleureux avec ses partisans, il est passionné jusqu'à être perçu comme colérique.
Connu - et caricaturé - pour la manière dont il agite les bras ou pointe du doigt en parlant, le sénateur du Vermont est farouchement indépendant. Contrairement à son rival, pilier de l'establishment démocrate, il n'a jamais été encarté au parti.
Son ardeur à défendre des idées résolument à gauche a clairement apporté un nouveau souffle aux démocrates et suscite l'enthousiasme chez ses partisans, mais fait grincer des dents chez ses détracteurs qui l'accusent d'être aussi polarisant que Donald Trump.
Pour les deux septuagénaires, la question de la santé s'est en revanche posée. Bernie Sanders a subi un infarctus en octobre, et Joe Biden a régulièrement des difficultés d'élocution qui sèment le doute sur sa forme.
Continuité contre révolution
Avec ses positions centristes, Joe Biden se place dans la continuité. Pour de nombreux Américains nostalgiques de l'époque plus apaisée de l'avant-Trump, "Oncle Joe" est rassurant et incarne une certaine normalité.
"Les gens ne veulent pas d'une révolution, ils veulent des résultats", martèle-t-il en référence aux mesures radicales proposées par Bernie Sanders.
Qui rétorque qu'"on ne peut pas battre Trump avec toujours les mêmes vieilles recettes".
Bernie Sanders est un socialiste autoproclamé - terme toujours choquant pour certains aux États-Unis, pour qui il a des relents de Guerre froide - et dit vouloir révolutionner l'Amérique.
Vote noir, vote latino
Les différences entre les deux hommes sont aussi évidentes dans leur base.
Le come-back de Joe Biden lors du "Super Tuesday" est ainsi en grande partie dû à sa popularité chez l'électorat noir.
Il a aussi été davantage choisi par les femmes, les personnes plus âgées et les personnes diplômées.
Quant à Bernie Sanders, il a pu compter, notamment en Californie, sur les Hispaniques, et a aussi attiré les jeunes et les électeurs indépendants.
Mais le vote latino, comme les autres, est loin d'être homogène, et des déclarations de M. Sanders vantant certains aspects de la révolution cubaine ainsi que d'anciens voyages dans des pays communistes, revenus hanter sa campagne, pourraient lui nuire notamment en Floride. Cet État clé de l'élection présidentielle américaine accueille une importante communauté de réfugiés cubains.
Politiques
"Bernie" croit fermement à une entière refonte d'un système de santé américain "cruel" et plaide pour une assurance maladie universelle et gratuite.
Il promet aussi d'effacer la totalité de la dette étudiante, ce qui a été applaudi par ses soutiens mais a suscité des interrogations sur le financement de cette mesure.
Joe Biden, lui, veut se présenter comme un politicien plus souple et se targue de pouvoir travailler avec les républicains. Ce qui lui a été reproché par ceux qui jugent qu'il a été trop complaisant avec eux.
Sur la dette étudiante, il va moins loin que son rival, proposant de renforcer les voies permettant aux étudiants d'alléger, ou d'annuler, leurs dettes. Il défend farouchement la réforme de la santé passée sous le mandat de Barack Obama.
M. Sanders est allé à l'offensive mercredi, en affirmant que "Joe allait devoir s'expliquer" sur son programme et son passif, évoquant notamment son vote de sénateur en faveur de la guerre en Irak. "Bernie", également élu au Congrès à l'époque, avait voté contre.
AFP/VNA/CVN