>>Réduction de 2% du nombre de fumeurs après six ans de lutte anti-tabac
Un patient âgé examiné pour une maladie respiratoire en lien avec le tabac. |
Nguyên Van Dang a 61 ans. Il a passé 45 ans de sa vie à fumer. Il vit dans l’arrondissement de Binh Thanh (Hô Chi Minh-Ville) et fume tous les jours 1 à 2 paquets. "Je n’ai jamais cessé de fumer", a-t-il partagé.
Des dépendants incurables
Cependant, il y a cinq ans, on lui a diagnostiqué de l’asthme bronchique et son médecin lui a conseillé d'arrêter de fumer. Mais il a récidivé. Il explique: "C'est comme si la fumée avait imbibé mon sang et lorsque je vois les autres fumer, l’envie me prend aussitôt. Si je ne fume pas, je ne peux pas dormir et je me sens mal". Récemment, il a appris qu’il souffre d’une maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC), et son médecin lui a donc ordonné d’arrêter la cigarette. "Je vais tenter de suivre ses conseils car ma santé est déjà très mauvaise", a déclaré M. Dang.
Souffrant de la même dépendance, Vo Thi Cam (58 ans), habitante de l’arrondissement de Thu Duc, à Hô Chi Minh-Ville, consomme en moyenne un paquet par jour. Bien que ses proches l’ont aidé en lui achetant des substituts pour l’aider à se passer de cigarettes, elle n’a pas arrêté. "Je fume depuis 35 ans et je ne peux pas estimer le nombre de cigarettes que j’ai fumé. Maintenant, si je ne fume pas, je ne me sens pas bien et je ne peux rien faire", a déclaré Mme Cam.
Concernant la cigarette, c’est facile de commencer, mais pas d’arrêter, comme le constatent tous les gros fumeurs. Certains médecins estiment même que la dépendance à la nicotine est aussi forte que celle à l’héroïne.
Le docteur Nguyên Huu Hoàng, du Département de médecine interne des maladies respiratoires de l’hôpital Populaire de Gia Dinh, a déclaré que la dépendance au tabac avait été officiellement identifiée par le ministère de la Santé comme étant une maladie. "La dépendance au tabac n'est plus une habitude, mais une maladie qui doit être traitée", a souligné M. Hoàng. Selon le Dr Hoàng, arrêter de fumer peut être facile ou difficile, cela dépend du degré de détermination du fumeur, du soutien des médecins et des méthodes employées.
Fumer dans les lieux publics est encore autorisé. |
Au Vietnam aujourd’hui, le nombre de fumeur est élevé car les cigarettes sont très bon marché.
Peu de patients suivent des sevrages tabagiques
Depuis 2014 le Service de santé de Hô Chi Minh-Ville, avec le soutien du Fonds pour la lutte antitabac, a ouvert des services pour le sevrage tabagique. Jusqu'à présent, la ville dispose de 10 unités implantées dans des hôpitaux (Pham Ngoc Thach, l’hôpital du Peuple de Gia Dinh, Hoc Môn, l’Institut de médecine et de pharmacie traditionnelle de Thu Duc, de Nguyên Tri Phuong, de Binh Chanh, les hôpitaux de l’arrondissement 1 et 11 et l’hôpital Triêu An).
En tant que premier établissement à fournir des services pour le sevrage tabagique, l'hôpital du Peuple de Gia Dinh a également mis en place un cabinet de traitement gratuit pour les fumeurs. Cependant, après de nombreuses années de mise en oeuvre, le nombre de patients est assez faible. En 2017, seulement 126 patients y sont allés, et 200 patients pour 2018.
Depuis 2018, l'hôpital de l’arrondissement 11 a également mis en place un service de conseil pour le sevrage tabagique. Vo Thi Ri, vice-directeur de cet hôpital, a déclaré qu'après plus d'un an de mise en œuvre, il y a eu peu de patients traités. L’hôpital a décidé d’intégrer des activités de conseil et de sevrage tabagique dans les départements des maladies respiratoires. En conséquence, les patients qui viennent à l'hôpital pour des problèmes respiratoires seront interrogés sur leur statut tabagique et recevront des conseils.
Pour expliquer la rareté des patients fumeurs, le médecin Vo Thi Ri a souligné que les gens ne savent pas que les hôpitaux mettent en place ce type de service. En outre, l’assurance maladie ne prends pas en charge les sevrages tabagiques. "En fait, beaucoup de gens ne sont pas prêts à payer eux-mêmes leur sevrage", a déclaré ce médecin. Comme les médicaments pour le sevrage ne sont pas couverts par l’assurance maladie, l’unité pharmaceutique de l’hôpital n’en a pas. Cela rend l'efficacité du sevrage faible. De plus, d’après Nguyeen Huu Hoàng de l’hôpital du Peuple de Gia Dinh, les médicaments pour le sevrage tabagique sont assez difficiles à trouver sur le marché.
En ce qui concerne les solutions proposées, le médecin Vo Thi Ri a déclaré que si le tabagisme est défini comme une maladie, le sevrage tabagique devrait également être couvert par l'assurance maladie, ce qui augmenterait les chances des fumeurs d’être traités.
Texte et photos: Quang Châu/CVN