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Les différents scénarios de réduction des émissions de CO2 pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C ou 2°C. |
Rapports alarmants des scientifiques, désobéissance civile de citoyens, défilés de jeunes par millions... Depuis un an, les pays signataires de l'accord de Paris sont la cible d'une pression sans précédent que résume le mot d'ordre de ces deux semaines de réunion : #TimeforAction. Le message a été martelé sur tous les tons dès l'ouverture de cette 25e conférence de l'ONU sur le climat qui va durer deux semaines.
Le monde se trouve à un "tournant" et doit choisir entre l'"espoir" d'un monde meilleur en agissant maintenant de façon radicale, ou la "capitulation", a déclaré le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. "Voulons-nous vraiment rester dans l'histoire comme la génération qui a fait l'autruche, qui flânait pendant que le monde brûlait ?", a-t-il lancé, accusateur, devant les représentants des quelque 200 pays signataires de l'accord de Paris, dont une quarantaine de chefs d'État et de gouvernement. Dimanche déjà 1er décembre, dénonçant les engagements "totalement insuffisants" des États, il avait mis en garde contre "le point de non-retour" qui approche rapidement, appelant à mettre un terme à "notre guerre contre la planète".
Chaque degré compte
Quelques jours plus tôt, le Programme de l'ONU pour l'environnement (PNUE) portait un coup aux espoirs d'atteindre l'objectif idéal de l'accord de Paris de limiter le réchauffement à +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle. Il faudrait pour cela réduire les émissions de CO2 de 7,6% par an, chaque année dès l'an prochain et jusqu'à 2030. Alors que pour l'instant elles ne cessent d'augmenter.
Gaz à effet de serre : les pays n'en font pas assez. |
Le monde a déjà gagné environ 1°C, entraînant une multiplication des catastrophes climatiques. Et chaque degré supplémentaire va augmenter exponentiellement l'ampleur des dérèglements. Or au rythme actuel, la température pourrait grimper jusqu'à 4 ou 5°C d'ici à la fin du siècle. Et même si les États respectent leurs engagements actuels, la hausse du mercure pourrait dépasser 3°C. "Ce qui manque toujours, c'est la volonté politique", a déploré Antonio Guterres, insistant sur la nécessité d'arrêter les subventions aux énergies fossiles et les constructions de centrales à charbon, ou encore de donner un prix au carbone.
Ce dernier point est d'ailleurs un des points difficiles de négociations de cette COP, qui doit mettre en place des règles de nouveaux marchés carbone internationaux. Dans le viseur principalement de M. Guterres, les pays les plus émetteurs de CO2, "qui ne font pas leur part". Ni la Chine, ni le Japon, ni le Canada, ni l'Inde n'étaient représentés au plus haut niveau lundi 2 décembre.
Quant aux États-Unis, qui viennent de confirmer leur retrait de l'accord de Paris l'an prochain, ils ont envoyé une simple diplomate. La présence de la démocrate américaine Nancy Pelosi, influente présidente de la Chambre des représentants, a été d'autant plus remarquée. Les Américains sont "toujours là", a-t-elle assuré.
"Couloir de la mort"
Dans ce contexte, l'Union européenne, présente en force, était très attendue. "À un moment marqué par le silence de certains, l'Europe a beaucoup à dire dans ce combat", a commenté le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, qui accueillait la réunion au pied levé après la défection du Chili.
Changement climatique : les signes essentiels |
"Parce que nos sociétés le réclament (...) mais aussi pour des raisons de justice historique : l'Europe a mené la révolution industrielle et le capitalisme fossile, elle doit mener la décarbonation", a insisté M. Sanchez. Les défenseurs de la planète espèrent que lors du sommet européen des 12 et 13 décembre, l'UE pourrait s'entendre sur l'objectif de neutralité carbone d'ici 2050. Mais même dans ce cas, il faudra encore attendre 2020 pour que l'UE présente une révision de ses ambitions à plus court terme.
Cette COP était d'ailleurs vouée à décevoir ceux qui appellent à une action immédiate, tous les États étant focalisés sur celle de fin 2020 à Glasgow (Royaume-Uni) où ils doivent présenter une révision de leurs engagements, comme prévu par l'accord de Paris. Ainsi, pour Laurence Tubiana, architecte du pacte climatique de 2015, la COP25 serait déjà un "succès" si "un grand nombre de pays disaient oui, nous serons là l'an prochain avec de nouveaux engagements pour 2030 et une stratégie 2050 en ligne avec l'accord de Paris".
Aujourd'hui, seuls 68 pays se sont engagés à revoir à la hausse leurs engagements de réduction d'émissions de CO2 en 2020, avant la COP26 à Glasgow. Mais ils ne représentent que 8% des émissions mondiales, selon les experts. Les pays du Sud ont aussi fait entendre leur voix, réclamant de l'aide pour faire face aux désastres. "Les atolls les plus vulnérables comme mon pays sont déjà dans le couloir de la mort", a souligné à distance Hilda Heine, la présidente des Iles Marshall menacées par la montée des eaux.
Vu l'ampleur des réformes nécessaires partout dans le monde pour réduire les émissions, qui risquent d'aggraver les inégalités sociales, la question de la transition "juste" était également sur toutes les lèvres. "Les crises sociale et environnementale sont (...) les deux faces d'une même pièce", a résumé la ministre chilienne de l'Environnement Carolina Schmidt, présidente de cette COP25.
AFP/VNA/CVN