Les ministres de l'Environnement ont formellement entamé le 15 décembre leurs travaux, en présence du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, venu donner un coup de fouet à des pourparlers enlisés dans les querelles entre pays riches et en développement sur les objectifs et les financements. Ce sommet constitue un "moment déterminant dans l'histoire", a-t-il affirmé.
La présidente danoise de la conférence, Connie Hedegaard, a averti les ministres : "Je dois vous le dire, nous pouvons échouer. Si nous voulons réussir - et nous allons réussir ! - nous devons changer de vitesse. Cela signifie que le mot clé des 2 prochains jours doit être +compromis+". "Nous sommes presque à court de temps", a lancé le responsable de l'ONU chargé du climat, Yvo de Boer, déplorant qu'il y ait eu "des progrès mais pas suffisamment pour pouvoir présenter Copenhague au monde comme un succès".
Un cri d'alarme déjà lancé la veille par M. Ban, qui a souligné le 15 décembre à Copenhague que le financement pour "venir en aide aux pays les plus vulnérables" constituerait un "élément clé" d'un accord.
Ce financement est un des points majeurs sur lesquels s'affrontent pays industrialisés et en développement, avec les objectifs chiffrés et la répartition des efforts.
Le 15 décembre, la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, soulignait ainsi que la pression ne peut reposer exclusivement sur les pays industrialisés, qui doivent certes montrer la voie, car "pratiquement toute la croissance des émissions dans les 20 années à venir viendra des pays en développement".
Ce point oppose notamment les États-Unis et la Chine, les 2 plus gros pollueurs de la planète. Tous 2 ont réitéré le 15 décembre leurs positions, irritant l'Union européenne (UE). "Il y a 2 pays qui représentent la moitié des émissions mondiales", a lancé le ministre suédois de l'Environnement, Andreas Carlgren, dont le pays préside actuellement l'UE. "Nous attendons toujours de leur part qu'ils relèvent leur niveau d'ambition en termes de réduction d'émissions". Mais Pékin s'est à nouveau refusé à débattre de ses objectifs d'émissions de gaz à effet de serre, qui ne prévoient pas de réduction en volume absolu afin de ménager sa croissance. Et l'émissaire américain à la conférence, Todd Stern, a lui aussi exclu de revoir à la hausse à Copenhague les objectifs de réduction à l'horizon 2020, soulignant que le Congrès doit encore adopter une loi en la matière.
Le 15 décembre, un nouveau projet d'accord, laissant de côté les objectifs chiffrés de réductions, confiés à des groupes de travail, a été soumis aux délégués. Et un nouveau projet d'accord global, rédigé par la présidence danoise, était attendu le 16 décembre.
L'idée reste de limiter le réchauffement de la planète à + 2 degrés. Ce qui implique des réductions drastiques et rapides des émissions.
Le sentiment d'urgence s'accroît d'heure en heure, avant le sommet du 11 décembre.
L'avenir du protocole de Kyoto, sujet de tensions
Une conférence téléphonique pour faire le point a eu lieu dans l'après-midi entre Mme Merkel, le président américain Barack Obama, le président français Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique Gordon Brown. À son arrivée dans la capitale danoise, M. Brown a estimé qu'il sera "très difficile" d'aboutir à un accord.
L'avenir du protocole de Kyoto, seul traité international contraignant contre le réchauffement, dont la première période d'engagement s'achève fin 2012, reste aussi sujet de tensions. Y voyant la seule garantie crédible d'un engagement contraignant des pays riches, les pays en développement y sont farouchement attachés.
L'Union africaine a ainsi averti le 15 décembre que Copenhague risquait de déboucher sur "l'arrêt de mort du protocole de Kyoto", ce qui entraînerait "la mort de l'Afrique". Mais l'intransigeance sur Kyoto irrite d'autres pays. "C'est inquiétant. La conférence ne progresse pas à cause de cela", a estimé le ministre japonais de l'Environnement, Sakihito Ozawa.
D'ores et déjà, l'ancien vice-président américain et prix Nobel de la Paix, Al Gore, a réclamé le 15 décembre à Copenhague un sommet dès juillet 2010 à Mexico pour finaliser l'accord contre le réchauffement, que pourraient adopter vendredi plus de 110 chefs d'État et de gouvernement.
AFP/VNA/CVN