Le monticule d'Oc Eo à Vong Khe, province d'An Giang (delta du Mékong), va prêter son nom à une civilisation importante de la région. En 1944, le chercheur français Louis Malleret avait mené des fouilles sur ce site et les premiers résultats d'étude étaient apparus dans sa thèse de doctorat, puis publiés dans un ouvrage de 6 volumes intitulé Archéologie du delta du Mékong.
La ville située au sud du delta du Mékong aurait été la ville portuaire la plus importante du royaume du Founan et aurait existé entre le 1er et le 7e siècle. Oc Eo aurait été reliée par un canal à la ville d'Angkor Borey, située 90 kilomètres plus au nord, qui était vraisemblablement la capitale du Founan. Parmi les causes les plus importantes de la floraison d'Oc Eo, figure sa situation sur les routes commerciales maritimes entre la péninsule malaisienne et l'Inde d'une part, et entre le Mékong et la Chine de l'autre. Pendant la période de floraison d'Oc Eo et du Founan, les bateaux de la région ne pouvaient pas couvrir de longues distances et devaient suivre la côte. Oc Eo était de ce fait une étape stratégique. La ville fut découverte, de même que nombre de villes et canaux anciens, dans des photos aériennes du Sud du Vietnam prises par les Français dans les années 1920. L'un des canaux traversait la muraille d'une très grande ville.
À ce jour, les documents concernant la civilisation d'Oc Eo sont nombreux. Outre la systématisation de ces documents, le professeur Pham Duc Manh et ses collègues Pham Thi Ngoc Thao, Dô Ngoc Chiên et Nguyên Công Chuyên ont dû se rendre sur place 3 fois, de 2006 à 2008, là où les courants fluviaux sont importants à An Giang. "Nous privilégions les fouilles des sites archéologiques de Go Tu Trâm (district de Thoai Son) et Go Cây Tung (district de Tinh Biên)”, dit Pham Duc Manh.
Selon lui, les travaux de recherche se divisent en 6 parties, dont la "culture ancienne et la collection des objets culturels typiques de l'ère préhistorique et antique d'An Giang" est la principale.
De nombreux objets découverts
M. Manh a indiqué que ce sont des reliques sélectionnées après les fouilles dans le district de Thoai Son. Il s'agit des pioches en pierre trouvées à Da Nôi ; hache, collier... dans la grotte de Nui Sâp ; outils et ornements à Ba Thê. Dans la région de Châu Dôc, des os d'animaux et des outils de production ont été trouvés. Sont présentés objets en pierre et en porcelaine, objets de métal, dents et crânes humains et os d'animaux à Go Cây Tung. Selon Nguyên Lân Cuong et Nguyên Kim Thuy, les crânes humains qui y sont trouvés sont voisins de ceux des populations thaïlandaises et des Viêt anciens.
Toujours selon le maître de recherches Pham Duc Manh, après les fouilles, de nombreuses statues bouddhiques en bois et en pierre, de celles hindoues figurant Brahma, Shiva, Vishnu ont été trouvées. Les habitants d'Oc Eo étaient d'excellents bijoutiers. L'or était finement travaillé avec de nombreux symboles brahmaniques. "En outre, nous avons trouvé des linga de différentes dimensions et matières, essentiellement en pierre. Particulièrement, des écritures en sanskrit gravées sur pierre et sur des objets en or ou en argent ont été mises à jour, facilitant l'étude de la vie matérielle et spirituelle du royaume du Founan", dit-il. Beaucoup de pierres précieuses, pierres semi-précieuses, métaux et autres biens commerciaux ne provenaient pas de la région elle-même et témoignent d'un commerce florissant dans la ville.
Depuis 1975, les archéologues vietnamiens, en collaboration avec leurs collègues étrangers, ont lancé de nombreux programmes d'étude sur la civilisation d'Oc Eo. Après avoir fouillé plus de 100 sites archéologiques, les archéologues ont affirmé qu'Oc Eo était une civilisation de nature côtière au développement prospère. Tombée ensuite dans l'oubli, elle ne figure plus dans les documents d'histoire du moyen âge. Les archéologues continuent de rechercher les causes de la disparition de cette culture. Une série en a été évoquée : déluge, inondation, épidémie, etc. "D'après moi, il faudrait continuer à rechercher les traces de la civilisation post-Oc Eo, des documents ainsi que des preuves pour conclure de manière exacte", souligne Pham Duc Manh.
D'après le chercheur Tô Buu Giam, président du comité du prix Trân Van Giàu, l'ouvrage d'étude réalisé par Pham Duc Manh et ses collègues liste de manière systématique les objets récoltés sur les sites archéologiques fouillés dans la province d'An Giang depuis un siècle. "Il s'agit d'une source documentaire sûre et de valeur scientifique", dit-il.
Le prix scientifique Trân Van Giàu
Le prix portant le nom du professeur Trân Van Giàu, né le 6 septembre 1911, a été créé en 2003. Réservé aux Vietnamiens des 4 coins du monde, ce prix est décerné dans 2 disciplines : histoire et histoire des idéologies. En 7 ans, 4 travaux d'études historiques ont obtenu ce prix.
Le prix a été décerné pour la première fois aux travaux de recherche du chercheur Thai Hông sur Nguyên Tri Phuong (1800-1873), dignitaire célèbre de la cour des Nguyên (1858), Gia Dinh (1861) et Hanoi (1873) ; la 2e fois a vu récompenser la monographie sur le Nam Bô du chercheur Nguyên Dinh Dâu et la 3e fois l'étude sur l'histoire des résistances de la population du Nam Bô.
Le professeur Trân Van Giàu a utilisé la totalité de ses économies pour alimenter le fonds qui porte son nom. Chaque ouvrage d'étude primé recevra des centaines de millions de dôngs. Cette année, l'ouvrage d'étude du professeur Pham Duc Manh a reçu 150 millions de dôngs comme prime.
“Le professeur Trân Van Giàu souhaitait que les générations suivantes poursuivent ses travaux d'étude", révèle Tô Buu Giam, président du comité du prix.
Hoàng Phuong/CVN
(16/01/2010)