La littérature vietnamienne sème à tous vents

La conférence internationale de présentation de la littérature vietnamienne se déroule du 5 au 10 janvier à Hanoi. L'événement réunit environ 300 écrivains et traducteurs, dont la moitié d'étrangers venus d'une trentaine de pays et territoires. Leur objectif, c'est d'étudier profondément la littérature vietnamienne et de chercher à la présenter dans le monde.

De nombreuses nations dans le monde ressentent une vive sympathie envers le peuple vietnamien, héroïque et audacieux dans la reconquête de son indépendance nationale. Pour mieux comprendre encore l'âme des Vietnamiens, leur caractère, leur humanité, leur indulgence et leur conception originale de l'existence, il faut se plonger dans la littérature vietnamienne, d'après le poète Huu Thinh, président de l'Association des écrivains du Vietnam (AEV).

Selon les statistiques de l'AEV, environ 570 ouvrages littéraires vietnamiens ont été traduits, en différentes langues, la plupart étant des oeuvres classiques ou datant de la période de lutte contre les Français ou les Américains. "Il reste un vide important pour la traduction d'ouvrages contemporains", fait remarquer le président de l'AEV, le poète Huu Thinh.

De nombreuses difficultés attendent les traducteurs d'oeuvres littéraires vietnamiennes. Xia Lu, traductrice chinoise, professeur de vietnamien à la Faculté de langues orientales de l'Université de Pékin, partage ses réflexions sur la situation des oeuvres vietnamiennes en Chine : "Chez nous, certaines nouvelles d'écrivains vietnamiens sont traduites et la plupart d'entre elles paraissent dans des magazines", ajoutant que "trouver d'un éditeur acceptant la diffusion de ces traductions n'est pas évidente". Avec l'explosion de différentes sortes de loisirs, la littérature n'est plus le premier choix des Chinois. Un autre souhait de Xia Lu, c'est de trouver des consoeurs et confrères (écrivains, traducteurs, critiques et vietnamologues) qui "me présenteront des oeuvres représentatives de la nouvelle génération d'écrivains".

La traduction d'une oeuvre littéraire vietnamienne exige du temps, des efforts ainsi qu'une vraie passion pour les lettres et l'homme vietnamien. Le traducteur mongol S. Dashtsevel, auteur de la version mongole de Truyên Kiêu (Histoire de Kiêu) de Nguyên Du (1765-1820), confie que la traduction de ce chef-d'oeuvre lui a coûté une vingtaine d'années. "J'ai dû beaucoup étudier l'oeuvre, comparer avec les versions anglaise et française, dit ce membre de l'Académie scientifique de Mongolie. La traduction de poèmes contemporains est une tâche plus ardue. J'ai lu certains poèmes de ce genre mais je les ai, pour la plupart, peu ou pas compris. Il me faudra beaucoup de temps pour réussir à les traduire et restituer leur souffle poétique".

Le Professeur sud-coréen Ahn Kyong Hwan, auteur des versions coréennes de Truyên Kiêu (Nguyên Du), de Carnet de prison (Président Hô Chi Minh) et du Journal intime de la doctoresse Dang Thuy Trâm, souhaite une éventuelle assistance aux traducteurs de la part des éditeurs des 2 côtés. "Nous voudrions qu'ils nous proposent des oeuvres à traduire", précise-t-il.

La littérature vietnamienne mérite d'être connue

Une des questions fondamentales, c'est comment faire pour que la littérature du Vietnam se fasse connaître des lecteurs internationaux. L'Association nationale des écrivains devra réfléchir sérieusement à cette question. Elle pourra assister les traducteurs dans leur travail et dans la recherche de maisons d'édition et de débouchés pour les oeuvres traduites. Un point à préciser, les universités dont celles des États-Unis, constituent un débouché important pour les ouvrages littéraires vietnamiens. Et l'important, c'est d'avoir un fonds d'assistance à la traduction littéraire, pour le paiement de droit d'auteur et de publication de l'oeuvre... L'AEV pourra également organiser des concours de traduction d'oeuvres littéraires vietnamiennes en langues étrangères.

Certains traducteurs tels que Nguyên Thiên Dao, de France, recommandent la création d'écoles de formation de jeunes traducteurs. "Nous devons accorder la priorité à la formation des traducteurs pour perfectionner la qualité des versions étrangères", estime le traducteur Nguyên Thiên Dao.

Un phénomène souvent constaté dans certains pays de la région ASEAN comme Malaisie ou Philippines, mais qui reste marginal au Vietnam, c'est l'écriture d'oeuvres directement en anglais, souvent par de jeunes auteurs, pour aller directement au contact du lectorat étranger. De nombreux écrivains vietnamiens polyglottes pourraient s'inspirer de cette stratégie, comme Nguyên Phan Quê Mai, Di Ly, Ngô Tu Lâp, Trang Ha...

Les jeunes écrivains sont appelés aussi à faire de la publicité pour leurs propres ouvrages, selon le jeune auteur américain Hillary Watts. "Nous pouvons profiter de l'internet pour présenter nos oeuvres aux éditeurs ou aux lecteurs. Les dépliants d'agences de voyage peuvent également servir d'intermédiaire entre l'auteur et les lecteurs", estime-t-il. La traductrice suédoise Anna Gustafsson suggère quant à elle que "l'Association nationale des écrivains envoie aux traducteurs suédois la liste des oeuvres représentatives de l'année". Ce qui aidera les traducteurs à accéder le plus vite possible aux nouveaux ouvrages remarquables.

Cette conférence internationale de présentation de la littérature vietnamienne, qui s'est ouverte mardi à Hanoi, réunit environ 300 écrivains et traducteurs. Sont aussi présents le chef de la Commission de l'idéologie et de la culture du PC vietnamien, Tô Huy Rua, le président du Conseil central de la théorie, de la critique littéraire et des arts du PC vietnamien, Phùng Huu Phu, et le vice-Premier ministre, ministre de l'Éducation et de la Formation, Nguyên Thiên Nhân. "La présentation aux peuples du monde des oeuvres littéraires nationales les plus représentatives est un travail significatif, qui contribue à faire régner le bonheur et la paix sur Terre", déclare le vice-Premier ministre Nguyên Thiên Nhân. S'adressant aux écrivains et traducteurs internationaux, il leur confie : "Votre présence au Vietnam aujourd'hui constitue un début prometteur. C'est le prélude aux études complètes sur la littérature et la culture du Vietnam, à la traduction et à la présentation du patrimoine littéraire vietnamienne sur tous les continents".

Thuân Thiên/CVN

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