>>Castex à Nice pour un hommage national aux trois victimes de l'attentat
>>Hommage national à Nice pour les victimes de l'attaque à la basilique
Hommage aux victimes de l'attentat de Nice de 2016, le 14 juillet 2017 sur la Promenade des Anglais à Nice. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le 14 juillet 2016, soir de Fête nationale en France, environ 30.000 personnes s'étaient rassemblées sur le front de mer qui borde la baie des Anges pour le traditionnel feu d'artifice.
C'est dans cette foule que Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, Tunisien d'une trentaine d'années demeurant à Nice, a foncé au volant d'un camion de 19 tonnes, fauchant des dizaines de personnes pendant deux minutes, avant que la police ne l'abatte.
L'attaque avait été revendiquée par le groupe jihadiste État islamique, qui contrôlait alors des territoires en Irak et en Syrie, même si l'enquête n'a confirmé aucune connexion entre l'organisation ultraradicale et son auteur.
Le Premier ministre Jean Castex, accompagné entre autres du garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti et de la ministre déléguée en charge de la citoyenneté Marlène Schiappa, participera à la cérémonie d'hommage à 16 heures à la villa Massena, près de la Promenade des Anglais.
À ses côtés également, le maire LR Christian Estrosi, qui sera dans la matinée à Paris pour voir défiler "sa" police municipale -un hommage à son intervention lors d'une attaque qui avait fait en octobre dernier trois morts dans une basilique, réveillant les douleurs de la ville.
Sobre et intimiste selon le vœu des familles, la cérémonie sera clôturée par le lâcher de 86 colombes. Un concert-hommage de Grand Corps Malade est prévu dans la soirée, à l'issue duquel seront allumés sur le front de mer, à 22h34 précises, l'heure de l'attentat, 86 faisceaux lumineux.
"Mémoire douloureuse"
"La mémoire est douloureuse mais l'oubli est insupportable. Ce sont des moments très douloureux pour nous, d'y aller, de préparer la cérémonie. Mais qu'on soit tout seuls, dans ces moments-là, ce serait vraiment insupportable", confie Anne Murris, présidente de l'association Mémorial des Anges qui a perdu sa fille de 27 ans dans l'attaque.
Image tirée d'une vidéo diffusée le 22 avril par la police italienne montrant un homme (centre), escorté par des policiers, et identifié comme Endri Elezi, un Albanais soupçonné d'avoir fourni une arme à l'auteur de l'attaque au camion sur la Promenade des Anglais à Nice en juillet 2016. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Que chacun ait une pensée pour eux et pour nous au fond de son cœur", souhaite-t-elle.
Pour beaucoup de proches de victimes, il est toujours impossible de faire son deuil. Plusieurs parents n'ont pu récupérer que l'an dernier les organes prélevés sur leurs enfants à des fins d'autopsie et mis sous scellés par la justice. Certains en contestent l'authenticité et ont saisi le Défenseur des droits après le refus d'une analyse ADN.
Certaines victimes, directes ou indirectes, n'ont pas encore été indemnisées. Au 5 juillet, une offre d'indemnisation définitive a été adressée à 85% des 2.429 victimes recensées par le Fonds de garantie des victimes (FGTI), pour un total de 83 millions d'euros versés.
Pour les 15% restants, "il s'agit en majorité de personnes dont l'état de santé n'est pas encore stabilisé", note le FGTI: impossible dès lors d'évaluer le préjudice, ajoute l'organisme, qui verse à ces 360 personnes, en attendant, des provisions financières.
"Peur des camions, de la foule"
Outre les 86 victimes tuées et les 206 victimes blessées physiques, le FGTI a identifié un total de 1.683 blessés psychiques.
Le mois dernier, la justice a quant à elle fixé la date du procès des personnes suspectées d'avoir aidé Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. À Paris du 5 septembre au 15 novembre 2022, comparaîtront huit personnes, dont trois pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle".
Si les parties civiles (plus de 850) et leurs avocats se sont félicités de ce renvoi aux assises, elles déplorent cependant que deux des accusés, poursuivis pour des faits de droit commun, aient été remis en liberté en novembre suite à un vice de procédure.
Plusieurs victimes regrettent la lenteur de l'instruction conduite à Nice pour "homicides et blessures involontaires" sur le dispositif de sécurité déployé ce soir-là, copiloté par la préfecture et la mairie, dont les représentants ont été entendus par les juges comme témoins assistés.
Au cœur des interrogations notamment : la course folle du camion aurait-elle pu être modifiée, voire stoppée, par l'installation de plots en béton ou de jardinières ?
Cinq ans après l'attentat, 300 enfants sont toujours suivis à l'hôpital Lenval de Nice pour le psychotraumatisme subi. Certains gardent des phobies persistantes : "Peur des camions, de la foule, des pétards, des feux d'artifice, ou plus classiquement, la peur du noir mais qui se maintient chez des jeunes de 17, 18 voire 20 ans", décrit Morgane Gindt, psychologue chercheuse.
AFP/VNA/CVN