Cinq ans après, une éruption de boue continue ses ravages en Indonésie

Après avoir englouti champs, maisons et usines, le volcan de boue surgi de terre il y a cinq ans dans une région peuplée d'Indonésie commence à se calmer, mais le danger va perdurer pendant des décennies.

Toutes les minutes environ, un jet de liquide épais et fétide, suivi d'un gros nuage de vapeur blanche, s'élève dans le ciel. En retombant, les coulées viennent grossir l'immense lac de boue séchée, craquelée ou encore humide, qui s'étend sur plus de 700 hectares. "Toute ma vie est là-dessous", se désole Harwati, une mère de famille de 35 ans. Du doigt, elle désigne l'endroit supposé où est enterré le "warung" (petit restaurant) qu'elle venait d'ouvrir lorsque la catastrophe s'est produite.

Harwati est l'une des 40.000 personnes "déplacées" par le volcan Lusi, apparu sans crier garde le 29 mai 2006 au milieu d'une rizière.

Peu à peu, son flot nauséabond a submergé douze localités, une trentaine d'usines, des centaines d'ateliers et de commerces ainsi qu'une autoroute très fréquentée aux portes de l'agglomération de Surabaya, la deuxième ville d'Indonésie. Douze personnes ont été tuées.

D'abord désemparées par ce désastre sans précédent, les autorités ont réussi à contenir la boue en construisant plus de 20 km de digues de terre, qui s'élèvent aujourd'hui à une dizaine de mètres. "Cela devrait être suffisant", estime Soffian Hadi, qui supervise les opérations au Bureau de gestion de la catastrophe (BPLS). Car "l'éruption a fortement diminué ces derniers mois. Le volcan ne dégorge plus qu'environ 10.000 m3 de boue par jour contre un maximum de 180.000 m3", soit l'équivalent de 40 piscines olympiques, en 2007.

"Le pire semble passer", constate également Richard Davies, un géologue de l'Université de Durham (Royaume-Uni). "La pression diminue, ce qui est un signe encourageant". Mais quand s'arrêtera Lusi? Réunis cette semaine à Surabaya, des géologues internationaux sont restés prudents, leurs estimations variant de quelques années à plus de 80 ans. "Des études plus approfondies du sous-sol autour du volcan sont indispensables pour prédire la durée et son activité futures", souligne Humanitus, une ONG australienne qui soutient les victimes de Lusi.

Certains experts craignent aussi l'apparition de nouvelles éruptions dans cette région au sous-sol riche en gaz et en pétrole.

À l'approche du cinquième anniversaire, les associations de victimes ont organisé de nouvelles manifestations pour réclamer une accélération du paiement des indemnisations.

Cette question est particulièrement épineuse en raison de la vive polémique qui dure depuis cinq ans sur les causes de l'apparition du volcan. De nombreux experts internationaux mettent en cause une erreur de forage de la société gazière Lapindo Brantas, contrôlée par la famille d'Aburizal Bakrie, un homme d'affaires extrêmement influent.

Sous la pression du gouvernement, Lapindo a accepté de verser 700 millions de dollars tout en refusant de reconnaître sa responsabilité. Elle affirme qu'un tremblement de terre survenu deux jours plus tôt a provoqué la catastrophe.

Outre les 13.000 familles directement affectées, des milliers d'habitants des environs réclament aussi d'être indemnisés, notamment pour dommages économiques et environnementaux. "L'eau de notre puit est polluée, l'air que nous respirons est mauvais, les murs de la maison sont fissurés et plus personne veut acheter les produits que nous cultivons", se plaint Sulastri, 34 ans, dont la masure en briques est située à moins de 200 mètres de la digue. "La plupart des voisins sont partis vivre ailleurs mais nous n'avons pas assez d'argent pour cela", regrette-t-elle.

AFP/VNA/CVN

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