Des employés de banque crient leur colère durant une manifestation devant le palais présidentiel, le 23 mars à Nicosie. Photo : AFP/VNA/CVN |
Le 23 mars au soir, la Commission européenne a "reconnu les progrès accomplis par le gouvernement chypriote en vue d'une solution qui ouvre la voie à un accord pour un programme d'aide financière à Chypre". "Le travail et les contacts intensifs vont se poursuivre dans les prochaines heures", a ajouté dans un communiqué le commissaire chargé des Affaires économiques, Olli Rehn. Mais il a accentué la pression sur Nicosie en jugeant "essentiel" qu'un accord soit trouvé par l'Eurogroupe "le 24 mars au soir".
Chaque partie est sous tension : les Chypriotes parce que la BCE a menacé de couper les vivres aux banques le 25 mars faute d'accord acceptable. Mais aussi la troïka des bailleurs de fonds, au premier rang desquels l'UE, accusée d'avoir entériné la semaine dernière un plan comprenant l'instauration d'une taxe exceptionnelle sur tous les dépôts bancaires de l'île.
Très controversé, ce prélèvement sans précédent a conduit au rejet du plan par le parlement chypriote, plongeant dans la tourmente l'ensemble de la zone euro et amenant Chypre au bord de la faillite. M. Rehn a souligné que "les événements des derniers jours ont conduit à une situation dans laquelle il n'y a plus de solutions optimales". "Aujourd'hui, il n'y a que des choix difficiles", a-t-il estimé.
La convocation d'un Eurogroupe est un signe que les négociations avancent pour boucler le paquet de plusieurs milliards d'euros nécessaire à l'obtention d'un plan de sauvetage international de 10 milliards d'euros.
Sur la restructuration des banques chypriotes, devenu le principal volet du plan, on indiquait le 23 mars de source européenne que le démantèlement de la banque Laiki, la deuxième du pays, était acquis.
Les négociations se poursuivaient, en revanche, sur le sort de la première banque de l'île, la Bank of Cyprus, symbole national que les dirigeants de l'île ne veulent pas voir disparaître, selon une source européenne. Mais cette restructuration est réclamée notamment par le Fonds monétaire international (FMI), qui considère que cette banque est "un problème majeur", a précisé cette source.
Concernant la taxe sur les dépôts bancaires, il était acquis qu'elle ne s'appliquerait pas aux dépôts inférieurs à 100.000 euros, comme il était prévu dans le plan initial la semaine dernière.
La restructuration des banques
Mais le taux du prélèvement au delà de 100.000 euros n'était pas encore fixé. La question est aussi de savoir si la taxe ne frappera que les résidents ou aussi les non-résidents, qui sont surtout russes. Nicosie rechigne à frapper les déposants russes, mais plusieurs États de l'UE le réclament. En fonction de la réponse qui sera apportée, son pourcentage oscillerait entre 1 et 5% pour un rapport d'environ 1 milliard d'euros, selon les estimations.
Autre nouveauté, compte tenu de la restructuration des banques, qui passera notamment par l'isolement des actifs de mauvaise qualité dans une "bad bank", le montant que devra fournir Chypre en échange du prêt pourrait être inférieur aux 5,8 milliards prévus initialement.
Le plan devrait être complété par une décote sur les actifs sains tirés des deux banques. Une fourchette entre 15 à 20% était évoquée le 23 mars. L'opération frapperait les détenteurs de titres, mais pas les déposants. Elle avait été refusée par les autorités chypriotes la semaine dernière.
Les mesures sur la table des dirigeants chypriotes sont peu ou prou celles refusées par le président chypriote Nicos Anastasiades lors de la réunion de l'Eurogroupe la semaine dernière à Bruxelles.
Parallèlement à l'Eurogroupe, les dirigeants de l'UE ont prévu une réunion à haut niveau dimanche à Bruxelles avec le président Anastasiades, autour des présidents du Conseil européen Herman Van Rompuy et de la Commission José Manuel Barroso, a-t-on appris de source européenne. Mais elle reste conditionnée au succès des négociations et n'a pas été confirmée.
AFP/VNA/CVN