«Les émeraudes colombiennes sont les meilleures du monde, car ce sont des pierres de la plus belle qualité, de grande taille. Elles n’ont véritablement d’équivalent nulle part ailleurs», affirme ce passionné, qui se consacre depuis 40 ans à ce commerce dont il fut l’un des premiers et principaux exportateurs. Son musée, créé dans la capitale Bogota il y a quatre ans, offre une vitrine étonnante avec des pièces naturelles, d’autres taillées et même une reproduction des mines d’émeraudes. Un projet qui a donné des idées dans plusieurs pays comme les États-Unis, l’Italie ou encore la Chine qui émerge sur le marché.
Le musée d’Alberto Sepulveda offre une vitrine étonnante avec des pièces naturelles. |
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Et ce n’est qu’un début selon Alberto Sepulveda, qui promeut en Colombie un accroissement de l’exploitation de cette pierre précieuse, en participant lui-même au développement de plusieurs mines dans la région de Boyaca, principale zone de production située dans le Centre du pays. «Les mines en Colombie sont vierges, on n’a pas encore atteint 10% du potentiel de production. Il y a encore de bonnes opportunités pour en vendre davantage», affirme-t-il, en soulignant que «la Chine commence à en acheter» et que «le marché va être très intéressant».
La Colombie représente environ 55% de la production mondiale et a produit plus de 3,4 millions de carats en 2011, selon les chiffres officiels. Les exportations d’émeraudes ont atteint 130 millions de dollars annuels en moyenne depuis cinq ans, avec comme principaux acheteurs l’Inde, les États-Unis et la Thaïlande, selon la fédération nationale du secteur.
Après la découverte d’une mine à ciel ouvert gigantesque en Zambie, le pays latino-américain va lui céder la première place en termes de poids, mais pas en qualité. Les pierres colombiennes demeurent les plus grosses de la planète avec un poids moyen compris entre 40 et 200 carats.
Des émeraudes exposées au musée d’Alberto Sepulveda à Bogota. |
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Pour les extraire du sous-sol, les méthodes restent en Colombie purement artisanales, à l’image de la mine de Muzo, dans le département de Boyaca, la plus grande zone productrice. Des familles entières dépendent de cette grande mine, où a été découverte, il y a 14 ans, une émeraude exceptionnelle de cinq livres et 11.000 carats.
Une émeraude assure la retraite
Adrien, mineur de 19 ans, raconte comment les enfants accompagnent très jeunes leurs parents à la mine. «C’est quelque chose qu’on fait dès qu’on est gamin. Cela fait trois, quatre ans que j’ai commencé le boulot», confie-t-il. Pour un travail quotidien ultra exigeant de huit heures, sous une température de 40 degrés, les mineurs gagnent le salaire minimum, l’équivalent de 320 dollars, avec un seul espoir : dénicher une belle émeraude afin de toucher une partie de la vente. Une émeraude de 20 carats peut atteindre 600.000 dollars sur le marché.
«On ne vient pas pour le salaire, mais bien pour trouver une émeraude, qui peut assurer notre retraite», glisse Adrien. «On attend tous ça, oui. Trouver ce qui nous permettra de payer les études de nos enfants et les tirer de là», renchérit Enrique Aldana, un autre mineur. Outre les conditions de travail éprouvantes, le métier n’est pas sans danger, mais il en faut davantage pour décourager Adrien, même si le jeune homme reconnaît avoir senti un vertige en s’enfonçant pour la première fois dans les entrailles de la terre.
«Des accidents, il y en a eu beaucoup, souvent à cause d’un excès de confiance... Il faut être prudent, se rappeler que la vie n’est que provisoire et qu’il faut en profiter», ajoute-t-il, en se rappelant la mort d’un collègue dont le crâne a heurté la paroi lors d’une remontée sur un élévateur. Les accidents ne sont pas la seule cause mortelle pour les ouvriers de la mine. Durant des années la région a été secouée par la «guerre des émeraudes», une lutte pour le contrôle des exploitations qui a fait quelque 3.500 victimes entre 1984 et 1990, selon des estimations officielles.
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