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Immeubles dans la ville de Zhengzhou le 19 octobre 2016. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La mission première des banques doit être de "soutenir l'économie réelle", a martelé Guo Shuqing, président depuis trois jours de l'autorité chinoise de régulation bancaire (CBRC), lors d'une conférence de presse très médiatisée. "Les banques commerciales doivent (...) s'attaquer aux sociétés zombies, qui sont le noeud du problème, et explorer activement des moyens de contrer les problèmes d'endettement", a-t-il affirmé.
Les banques chinoises négligent souvent les entreprises du secteur privé mais financent volontiers des groupes publics structurellement déficitaires et en surcapacités, qui ne survivent qu'en s'endettant toujours davantage.
À contrario, les banques ont profité des baisses de taux d'intérêt pour investir elles-mêmes sur les marchés et développer des relations lucratives, sinon incestueuses, avec la "finance de l'ombre" -- formes de crédit non régulées.
"Banques, fonds d'investissement, courtiers et assureurs sont tous à la tête d'actifs semblables, mais ils sont soumis à des règles distinctes et à des régulateurs différents: la CBRC, l'autorité des marchés financiers, celle du secteur de l'assurance. C'est le Far-west", a déploré Guo Shuqing.
Pour en finir avec ce "chaos", il entend dépoussiérer un appareil réglementaire dépassé et "unifier" les normes pour mettre fin aux "zones grises" échappant au regard des autorités.
La CBRC va notamment élaborer un nouveau règlement encadrant plus strictement les "produits de gestion du patrimoine", des produits financiers qui promettent des rendements alléchants, émis par les banques mais peu régulés.
Expert des arcanes financières, M. Guo, 60 ans, avait dirigé la banque publique China Construction Bank il y a une décennie, avant de devenir en 2013 gouverneur de la province du Shandong (est).
À la tête de la CBRC, dont l'ancien président avait atteint l'âge de la retraite, il veut également s'attaquer aux excès de l'immobilier. Des flots de liquidités disponibles à peu de frais ont alimenté la spéculation dans la pierre: le prix moyen du m2 a bondi l'an dernier de 49% à Shenzhen (sud) ou de 38% à Nankin (est). Les crédits immobiliers se sont envolés à 688 milliards d'euros en 2016, soit 45% du total des prêts bancaires.
Il faut "strictement s'en tenir au principe consistant à acheter des appartements pour y habiter, pas pour spéculer", a-t-il affirmé, sans toutefois proposer de mesures concrètes: "Je suis là depuis trois jours! Il faut que j'étudie la question".
AFP/VNA/CVN