Si la pandémie de COVID-19 apporte son lot de difficultés aux entreprises, elle leur offre également d’importantes opportunités. |
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En raison de la crise liée au nouveau coronavirus, la Compagnie générale de confection 10 (May 10) a connu une chute de 30% de ses commandes en avril en glissement mensuel. "Ce taux pourrait s’élever à 60% en mai et en juin", remarque Trân Duc Viêt, son directeur général.
Afin d’y remédier, sa compagnie a rapidement changé son fusil d’épaule et s’est lancée dans la production de masques de protection. Un virage vraisemblablement efficace qui lui a permis d’atteindre 63 milliards de dôngs (environ 2,67 millions d’USD) de chiffre d’affaires au premier trimestre, soit 10% de plus qu’à la même période de 2019.
Des premiers résultats encourageants
Production de masques dans une usine de la Compagnie générale de confection 10 (May 10). |
Photo : Trân Viêt/VNA/CVN |
May 10 a fabriqué, en mars dernier, cinq millions de masques en tissu, générant un chiffre d’affaires de 35 milliards de dông (1,48 million d’USD). Parallèlement, elle s’oriente vers la fabrication de masques médicaux.
"Nous avons reçu des commandes en provenance d’Allemagne et des États-Unis. Un grand partenaire étranger nous a demandé de lui livrer 400 millions de masques médicaux pour juillet 2020, d’une valeur de 52 millions d’USD, soit 30% de notre chiffre d’affaires prévisionnel pour cette année", s’enthousiasme Trân Duc Viêt. Et d’ajouter qu’un partenaire américain a également fait une commande de 20 millions de masques en tissu, et un autre, allemand, de 2 millions ainsi que 6 millions de masques médicaux.
Des masques antibactériens de la SARL unipersonnelle de tricotage Dông Xuân (Dêt Kim Dông Xuân). |
Sur le plan des exportations, si l’épidémie de COVID-19 apporte son lot de difficultés aux entreprises sylvicoles, paradoxalement elle leur offre également d’importantes opportunités. En effet, de plus en plus de compagnies venues des États-Unis, de l’Union européenne (UE), de l’Australie et du Japon notamment, cherchent à trouver de nouveaux marchés de production en dehors de la Chine, dont le Vietnam. Afin de tirer leur épingle du jeu, les entreprises vietnamiennes devront intensifier leur commerce électronique.
À titre d’exemple, "la filière du bois doit profiter de cette opportunité pour renforcer le développement de l’e-commerce, qui permet aux entreprises domestiques non seulement de rehausser leur visibilité mais aussi d’augmenter leurs commandes ainsi qu’accroître leurs ventes", souligne Dô Xuân Lâp, président de l’Association du bois et des produits forestiers du Vietnam (Viforest).
Le vice-président de l’Association du commerce électronique du Vietnam (VECOM), Nguyên Ngoc Dung, abonde dans ce sens : "L’e-commerce est la meilleure solution pour l’industrie de transformation du bois. Car la crise liée au COVID-19 a +bloqué+ l’accès de l’industrie aux clients chinois et a également interrompu de nombreux salons à travers le monde". En effet, inquiets par les risques d’infection, les clients et acheteurs potentiels évitent naturellement de se rendre dans les salles d’exposition de meubles traditionnels.
L'e-commerce se développe de plus en plus au Vietnam. |
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Selon lui, le O2O (online-to-offline) sera l’un des moyens les plus rapides de s’adapter aux fluctuations actuelles. Il s’agit d’un modèle commercial de vente au détail qui combine à la fois le marketing en ligne et l’introduction de produits pour amener les internautes vers les points de vente physiques. Par ailleurs, en visitant les boutiques en ligne, les clients auront accès à plusieurs milliers de produits de qualité distribués par des enseignes de renom.
Vu Thanh Son, directeur de la Compagnie générale du commerce de Hanoï (Hapro), fait savoir que le COVID-19 est un coup dur pour les marchés cibles de sa compagnie aux États-Unis, en UE et au sein de l’ASEAN. Pour surmonter les obstacles, Hapro intensifie la vente en linge. Elle décide également de se focaliser sur d’autres débouchés, notamment le marché intérieur.
Le milieu des affaires au centre des assistances
"Ces derniers temps, nombreuses sont les entreprises qui se reconvertissent vers le commerce en ligne. Dans l’optique de les soutenir, le gouvernement a mis en place une série de mesures, notamment des aides financières ainsi que l’exemption, la réduction et le report de paiement des taxes, impôts et charges sociales", insiste Mac Quôc Anh, vice-président et secrétaire général de l’Association des PME de Hanoï.
La pandémie de COVID-19 est dévastatrice pour l’économie, nationale comme mondiale. |
Photo : VNA/CVN |
Des solutions sans précédent sont également envisagées, comme l’octroi aux entreprises de prêts à taux zéro afin qu’elles puissent payer le salaire de leurs employés. La mise en œuvre de cette politique aide ces dernières à éviter notamment la réduction de leurs effectifs dans ces moments difficiles mais également à apporter une contribution importante à la sécurité et à l’ordre social.
La Banque d’État du Vietnam a, quant à elle, lancé plusieurs programmes dans le sillage de la directive N°11/CT-TTG du Premier ministre Nguyên Xuân Phuc publiée en mars dernier concernant les tâches gouvernementales urgentes ainsi que les solutions nécessaires pour lever les difficultés de production et de commerce et assurer la sécurité sociale.
Au moins 250.000 milliards de dôngs (10,57 milliards d’USD) du programme de soutien au crédit seront utilisés pour aider les entreprises directement touchées par la pandémie.
En ce qui concerne la politique budgétaire, le ministère des Finances a proposé au gouvernement de lancer un programme de soutien de 80.000 milliards de dôngs (environ 3,39 milliards d’USD). L’objectif est de permettre aux entreprises de faire des économies en liquidités en autorisant le paiement tardif d’impôts et de loyers fonciers.
La taille de ce programme de soutien a doublé par rapport à la proposition initiale de 30.000 milliards de dôngs (1,26 milliard d’USD). Dans le même temps, une série de solutions destinées à accélérer le décaissement des investissements publics a été mise en œuvre pour injecter rapidement près de 700 milliards de dôngs (29,65 milliards d’USD) dans l’économie.
Cependant, il est important de définir des critères pour chaque programme de soutien et de superviser leur mise en œuvre afin d’éviter tous risques pour l’économie, en particulier l’inflation et les risques d’abus et de corruption.
Compte tenu des ressources budgétaires limitées et de la priorité absolue accordée au front sanitaire, chaque entreprise doit s’efforcer de se restructurer et de surmonter activement les difficultés dans la mesure de ses capacités.
Les efforts et la créativité des entreprises, ainsi que les mesures de soutien du gouvernement les aideront à surmonter les défis, à stimuler leurs exportations et à contribuer durablement au développement de l’économie nationale.