>>La France lutte contre les hooligans
>>Euro-2016 : la Russie jugée par l'UEFA après les violences à Marseille
Des supporters russes lancent des chaises sur des supporters anglais le 14 juin à Marseille |
Ces sanctions sont tombées au lendemain de tensions diplomatiques entre la France et la Russie provoquées par l'arrestation de ces supporters. Le coup de filet a pourtant été réalisé grâce à des renseignements de la police russe, a assuré le procureur de la République, Brice Robin.
Ces 23 Russes font partie du groupe de 43 supporters contrôlés mardi dans le sud-est de la France dans le cadre de l'enquête sur les rixes de samedi 11 juin, qui ont assombri le début de l'Euro-2016. Les 20 derniers ont été remis en liberté.
"Ils étaient rentrés vers 05h00 du matin de Marseille, dans deux cars, certains blessés", a raconté M. Robin, selon qui leur interpellation a été décidée pour éviter "un risque de +fight+, de bagarre, organisée avec des Polonais à Cannes", qui ne fait pourtant pas partie des villes hôtes de l'Euro.
Le procureur aurait "aimé" que la coopération avec la Russie "soit plus rapide, mais l'essentiel, c'est qu'elle" ait eu lieu.
Figure de l'association des supporters du Lokomotiv Moscou, Alexeï Erounov, 29 ans, a écopé de la peine la plus lourde, 24 mois ferme, pour sa participation à une "chasse" aux Anglais ultraviolente près du Vieux-Port.
Bagarre entre supporters le 11 juin au Stade Vélodrome à Marseille. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Sergueï Gorbatchev (alias "la Brique"), qui dirige à 33 ans un groupe de supporters de l'Arsenal Toula (300 km au sud de Moscou, D2 russe), a été condamné à 18 mois de prison ferme.
Nikolaï Morozov (alias "Œil"), colosse de 28 ans et supporter très actif du Dinamo Moscou, s'est vu infliger 12 mois ferme. Contrairement aux deux autres, il n'apparaît pas sur une vidéo filmée par un hooligan russe lors des violences, qui a été projetée lors de l'audience après être devenue virale sur Youtube.
Démontrer leur suprématie"
Les affrontements ont été "en grande partie provoqués par des supporters de nationalité russe, particulièrement violents, qui ont voulu démontrer leur suprématie sur les supporters anglais", a souligné M. Robin.
Ces violences ont fait 35 blessés, majoritairement anglais, dont deux toujours gravement atteints. Aucun hooligan russe n'avait été appréhendé sur le moment.
Les enquêteurs examinent toujours les bandes de vidéosurveillance pour retrouver les auteurs de ces agressions dans le cadre d'une enquête pour tentatives d'assassinat.
"Ils se revendiquent" comme hooligans, des "Orel Butchers" du Lokomotiv Moscou et des "Gladiators Firms" du Spartak Moscou, et viennent avec des petites caméras portables "afin d'exhiber leurs prouesses sur les réseaux sociaux", a relaté le procureur. Les "Orel Butchers", qui ont également été vus lors de heurts à Lille mardi 14 juin, arborent un T-shirt "Tour de France - Fuck Euro-2016".
Le procureur a détaillé leur avancée "en ligne", leur armement progressif avec "tout ce qui leur tombe sous la main" : les premiers font tomber leurs victimes, les suivants "tapent à coups de pied, de poing, et de barre de fer sur ceux qui sont à terre", et une troisième vague "termine" le travail.
323 interpellations
Les vingt autres Russes qui vont être expulsés sont âgés de 25 à 40 ans. Aucune charge pénale n'a été retenue contre eux, mais ils se trouvaient à Marseille pendant les incidents.
Heurts entre supporters le 11 juin à Marseille. |
L'un d'eux attire particulièrement l'attention : Alexandre Chpryguine, président de l'Association des supporters russes et collaborateur du député Igor Lebedev, membre du parti d'extrême droite LDPR. Chpryguine a déjà été vu en compagnie du président Vladimir Poutine.
Au total, il y a eu 68 gardes à vue à Marseille pour des violences liées au football depuis le début de l'Euro. 19 personnes ont été déférées au parquet et 12 condamnées à de la prison ferme. Quatre personnes supplémentaires doivent être présentées vendredi 17 juin au ministère public.
Dans toute la France, 323 interpellations dont 196 gardes à vue ont eu lieu depuis le début de la compétition le 10 juin, a indiqué le ministère de l'Intérieur.
À Lens, un important dispositif de sécurité a été déployé autour d'Angleterre-pays de Galles (2-1), classé à risque mais qui a eu lieu sans accroc, dans une ambiance bon enfant.
En soirée, l'après-match s'est déroulé sans incident majeur à Lens ainsi qu'à Lille, où ont afflué la majorité des supporters britanniques.
Côté terrain, la joie de l'équipe de France au lendemain de sa qualification pour les 8e de finale a été ternie par une nouvelle affaire extra-sportive. Très décevant depuis le début de l'Euro, Paul Pogba est au centre d'une énorme polémique à propos d'un geste assimilé à un bras d'honneur qu'il aurait fait lors de France-Albanie mercredi, ce qu'il nie "fermement".