Selon l'enquête mensuelle publiée le 6 janvier par le cabinet de ressources humaines ADP, le secteur privé a détruit 84.000 emplois en décembre, soit 42% de moins que le mois précédent. C'est le plus petit nombre de licenciements nets recensés depuis mars 2008, et le neuvième mois de baisse des suppressions de postes.
"Les pertes d'emplois diminuent désormais rapidement et, si la tendance récente continue, l'emploi dans le privé commencera à croître dans les quelques mois à venir", prédit ADP.
Le rapprochement du point mort entre embauches et licenciements, sur lequel s'accordent nombre d'économistes, est cependant loin d'être synonyme de guérison du marché de l'emploi. Celui-ci reste faible et source "d'inquiétudes fortes" pour les dirigeants de la banque centrale américaine (Fed), selon les minutes de leur réunion de politique monétaire de la mi-décembre publiées le 6 janvier.
Les chefs de la Fed estiment toujours que le taux de chômage (10% fin novembre) devrait rester "élevé un certain temps encore".
Même avec un retour à la création d'emplois, celui-ci devrait continuer de monter jusqu'à ce que les embauches soient en mesure d'absorber la hausse de la population active.
La Fed s'inquiète notamment de voir les entreprises faire face à la reprise de la demande en augmentant le nombre d'heures travaillées de leurs employés à temps partiel plutôt qu'en embauchant véritablement.
Elle redoute également que les petites entreprises, moteur de la création d'emplois en période de reprise, restent entravées dans leur développement à cause de la crise du crédit.
Néanmoins, l'enquête ADP semble donne des raisons d'espérer aux optimistes en faisant apparaître que le secteur privé tertiaire, qui représente plus des deux tiers du PIB américain, a créé en décembre plus de postes qu'il n'en a détruit (12.000 créations d'emploi nettes), pour la première fois depuis mars 2008.
Toujours selon ADP, les licenciements ont diminué fortement en décembre dans les PME, en particulier dans les petites entreprises, les plus dynamiques.
Le département du Travail américain doit publier aujourd'hui son rapport sur l'emploi en décembre. Selon le dernier consensus médian des analystes, celui-ci devrait faire apparaître 35.000 licenciements nets (contre seulement 11.000 en novembre), pour un taux de chômage stable, à 10%.
Les attentes sont néanmoins très éparpillées. Ian Shepherdson, du cabinet HFE, prévoit ainsi 75.000 licenciements nets. Au contraire, l'économiste indépendant Joel Naroff estime que les chiffres du ministère peuvent faire apparaître un retour de l'économie à la création nette d'emplois.
Tous 2 estiment en tout cas que, si ça n'est pas pour décembre, c'est pour bientôt, au moins grâce à un coup de pouce de l'État avec l'embauche des enquêteurs chargés du recensement de 2010, qui ne devrait pas tarder, comme le relève M. Shepherdson.
Pour Thomas Julien, économiste de la banque Natixis, le cycle des destructions d'emplois "devrait toucher sa fin dans un avenir proche, néanmoins, l'amélioration" du marché de l'emploi "sera assez faible" cette année.
AFP/VNA/CVN