La date du procès n'a pas été précisée mais le début de l'audience, qui doit durer des mois, est en principe prévu pour 2011, soit 32 ans après la chute du régime des Khmers rouges, alors que l'âge avancé et la santé fragile des accusés font craindre que certains ne meurent avant de répondre de leurs actes.
L'idéologue du régime totalitaire de Pol Pot, Nuon Chea, et son ministre des Affaires étrangères, Ieng Sary, devront s'expliquer sur la mort de quelque 2 millions de personnes.
Khieu Samphan, président du "Kampuchéa démocratique", et Ieng Thirith, ministre des Affaires sociales, seront à leurs côtés. La cour a décidé "de faire comparaître les 4 accusés", a indiqué le juge You Bunleng dans une conférence de presse.
Pol Pot, est décédé en 1998. Les accusés sont détenus dans une prison attenante au tribunal depuis 2007 et nient leur implication dans la famine, les travaux forcés, les tortures et les massacres.
Dans le documentaire d'un journaliste cambodgien (Enemies of the People), Nuon Chea a pourtant admis que le régime avait massacré les "traîtres" qui n'avaient pu être "rééduqués" ni "corrigés". "Ces gens étaient considérés comme des criminels (...). Ils ont été tués et éliminés. Si nous les avions laissés vivre, la ligne du parti aurait été compromise. Ils étaient des ennemis du peuple", explique l'idéologue dans le film. Il n'a jamais réitéré ces aveux devant des magistrats.
Le procès "est ce que nous attendions depuis plus de 30 ans", s'est réjoui Reach Sambath, porte-parole du tribunal, estimant que le procès "pouvait faire partie du processus de guérison" d'un pays traumatisé.
Entre 1975 et 1979, un quart de la population du Cambodge a disparu. Si le terme de génocide est communément utilisé pour évoquer la période, les massacres commis contre la population khmère ne sont eux-mêmes pas assimilables à un génocide selon l'ONU.
Ce procès n'est que le deuxième organisé par le tribunal, structure hybride mélangeant droits cambodgien et international.
En juillet, Kaing Guek Eav, alias "Douch", patron de la prison de Tuol Sleng à Phnom Penh où quelque 15.000 personnes avaient été torturées avant d'être exécutées, a été condamné à 30 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Défense et accusation ont fait appel.
AFP/VNA/CVN