Brésil : le président Temer échappe à un procès

Le président conservateur Michel Temer a une nouvelle fois sauvé son mandat mercredi 2 août malgré sa mise en accusation pour corruption en obtenant le nombre de voix nécessaires au Parlement pour empêcher l'ouverture d'un éventuel procès.

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Le président Michel Temer.

Alors que le vote était toujours en cours et que le résultat ne pouvait pas être encore validé, l'opposition n'était plus en mesure de rassembler la majorité des deux tiers (342 voix) qui aurait donné le feu vert à la Cour suprême pour inculper le chef de l'État et l'écarter du pouvoir pour six mois. Le vote des députés implique que l'affaire sera classée.

Premier président en exercice formellement accusé de corruption, M. Temer, 76 ans, a de nouveau échappé au couperet, après avoir été blanchi par la justice électorale en juin.

Le plus grand pays d'Amérique latine évite ainsi un deuxième changement brutal à la tête de l'État en un peu plus d'un an au Brésil, après la destitution pour maquillage de comptes publics de Dilma Rousseff.

La plupart des analystes prévoyaient un vote favorable à M.Temer, qui a toujours affiché une confiance inébranlable, même si sa cote de popularité s'est effondrée à 5%. Il est accusé de s'être "prévalu de sa condition de chef d'État" pour recevoir 500.000 réais (environ 140.000 euros) de pots-de-vin de la part du géant de la viande JBS, impliqué dans le gigantesque scandale de corruption qui touche le Brésil.

Valise pleine de billets

Le début de la séance a été marqué par des protestations bruyantes de la gauche réclamant la tête du président. Puis des parlementaires de tous bords -- dont plus d'un tiers sont eux-mêmes visés par des enquêtes pour corruption -- se sont lancés dans des diatribes.

Bien que l'opposition ait réussi à retarder le début du vote par des manoeuvres dilatoires, le quorum nécessaire a finalement été atteint. Avant le début de la séance, trois députés du PSOL, parti d'extrême gauche, ont brandi une valise de billets arborant le visage de Michel Temer, en référence à l'arrestation en mai d'un proche du président en possession d'une valise de coupures qui lui aurait été destinée.

Les débats qui ont précédé le vote ont été marqués par des moments de confusion généralisée, avec des députés qui ont menacé d'en venir aux mains en se poussant au milieu de l'hémicycle.

La tension est encore montée d'un cran quand un fervent partisan de M. Temer a brandi une poupée gonflable à l'effigie de l'ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, lui-même condamné pour corruption, en uniforme de prisonnier.

Soutien des marchés

Malgré le climat de tension extrême, la partie semblait jouée d'avance, au moins pour les marchés. Peu avant le début du vote, la Bourse de Sao Paulo a terminé la séance en hausse, dépassant les 67.000 points pour la première fois depuis le début du scandale impliquant M. Temer en mai.

Le marché a anticipé une victoire du président qui aurait les mains libres pour mettre enfin en place les mesures d'austérité nécessaires à la reprise, dans un pays plombé depuis 2015 par une récession historique.

La plupart des députés ayant voté contre l'ouverture d'un procès ont mis en avant la nécessité de mettre en place ces mesures, notamment la réforme des retraites, dont l'examen au Parlement est au point mort en raison de la crise politique.

Le président n'a pas ménagé ses efforts ces dernières semaines pour s'assurer du soutien d'une majorité de députés. Des ministres ont été réquisitionnés pour aller voter à la Chambre, et de nombreuses, et coûteuses, faveurs auraient été accordées à des députés.

"Pour rester au pouvoir, Temer a sans doute dépensé autant que le PSG pour le transfert de Neymar", a ironisé Chico Alencar, député du PSOL, en référence à la clause libératoire de 222 millions d'euros que le club doit payer au FC Barcelone pour s'attacher les services du joueur brésilien.

L'avenir du footballeur était d'ailleurs plus commenté par les Brésiliens sur les réseaux sociaux que celui du président Temer, le président le plus impopulaire depuis la dictature militaire.

AFP/VNA/CVN

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