>>Brexit : face à Francfort, la place de Paris ne s'avoue pas vaincue
>>Brexit : les négociations entrent dans le vif du sujet
Le drapeau européen lors d'une manifestation à Londres, le 25 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Nous aussi, nous avons une reine chic", lancent les Néerlandais dans leur clip vantant les mérites d'Amsterdam et de ses fish and chips, en lice pour l'Agence européenne du médicament (AEM, ou EMA selon le sigle anglais).
La concurrence sera âpre pour l'AEM, qui compte près de 900 employés: 19 métropoles ont postulé. Huit se sont proposées pour l'Autorité bancaire européenne (ABE, ou EBA selon le sigle anglais), moins importante mais avec tout de même un peu moins de 200 employés.
Les futurs sièges des deux agences seront décidés par un vote des 27 États membres le 20 novembre prochain. La Commission européenne sera chargée d'évaluer les candidatures d'ici le 30 septembre, sans toutefois proposer de classement.
Plusieurs critères ont été définis, outre la capacité d'être opérationnel dès le transfert, qui se fera avant le départ britannique de l'UE (au plus tard fin mars 2019): l'accessibilité, la présence d'écoles, l'accès au marché du travail et aux soins médicaux.
Un certain équilibre géographique dans la répartition avec les autres agences de l'UE devra aussi être respecté.
Les 27 États membres restant dans l'UE après le départ du Royaume-Uni avaient jusqu'à lundi minuit 31 juillet pour présenter une candidature unique pour chaque agence.
Ainsi la France a proposé Lille, dans le nord, pour l'Agence médicale, et Paris pour l'Agence bancaire. L'Allemagne a elle proposé Bonn et Francfort.
Quatre États membres ont fait le choix de proposer une seule ville pour les deux agences : la Belgique, l'Irlande, l'Autriche et la Pologne, qui ont proposé leurs capitales respectives.
Des métropoles de la grande majorité des États membres sont en compétition pour l'AEM, qui a en charge l'évaluation scientifique, la supervision et les contrôles de sécurité pour les médicaments à usages humains et vétérinaires commercialisés dans l'UE.
On retrouve également sur la liste Amsterdam, Athènes, Barcelone, Bratislava, Bucarest, Copenhague, Helsinki, Milan, Porto, Sofia, Stockholm, Malte et Zagreb.
"Vautours"
Le directeur exécultif de l'Autorité bancaire européenne Adam Farkas, le 23 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les enjeux sont importants, avec pour le ou les vainqueurs l'arrivée de centaines d'employés, leurs familles, et les retombées économiques qui en découlent. C'est aussi un premier test de l'unité des 27 affichée depuis la préparation des négociations sur le Brexit.
L'AEM, installée depuis 1995 dans le quartier d'affaires de Canary Wharf à Londres, a généré par par exemple des réservations de 30.000 nuitées d'hôtels pour ses nombreux visiteurs en 2015.
Elle aussi installée à Londres, l'EBA, créée en 2011, est connue pour les tests de résistance qu'elle mène sur les banques européennes. Ses visiteurs génèrent des réservations de presque 9.000 nuitées d'hôtel par an.
Prague et Luxembourg sont également candidates pour accueillir l'Autorité bancaire.
Le détail de chaque offre est disponible sur le site internet du Conseil de l'UE, instance qui réunit ses 28 pays membres, parfois accompagnée de vidéos vantant les mérites des candidats.
Malte et la Pologne font témoigner leurs expatriés. Les Premiers ministres irlandais et danois jouent les VRP. La France loue dans un clin d'œil son "art de vivre": apéritif en terrasse et fromage.
L'ambassadeur du Luxembourg à Bruxelles a présenté lui-même la candidature de sa ville, assurant que les Européens n'étaient pas des "vautours qui tournoient autour des tours de Londres, en attendant que ces emplois s'envolent vers nous".
"Le centre financier du Luxembourg a (...) une relation fructueuse avec la ville de Londres et nous souhaitons vraiment que cela continue", a assuré George Friden.
Le vote aura lieu à bulletin secret. Chaque État membre disposera de 6 points à répartir lors d'un premier tour de vote : trois pour son premier choix, deux pour son deuxième, un pour le troisième.
Si un site récolte trois points de la part d'au moins 14 États membres, il remporte la mise. Sinon, deux tours de vote supplémentaires peuvent encore être organisés, en gardant les candidatures les plus sollicitées à chaque fois.