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Bombardement au Nigeria. |
Sa grande sœur de 7 ans, Ya-zahra Aji, est allongée sur le lit d'en face. Sa main droite est recouverte d'un large bandage : un morceau d'une bombe larguée par erreur par l'armée de l'air nigériane s'est plantée dans son corps.
Dans la matinée du 17 janvier, c'était le moment de la distribution alimentaire dans le camp de déplacés de Rann, dans le nord-est du Nigeria, région dévastée après 7 ans de conflit contre Boko Haram.
La mère des deux petites filles a dû les laisser, elles et leurs six frères et sœurs, dans la tente familiale, pendant qu'elle allait chercher de la nourriture.
Quelques instants plus tard, les bombes s'abattaient sur le camp, où se sont réfugiées près de 40.000 personnes. Le bilan, qui devrait encore s'alourdir selon les services de secours sur place, est dramatique: au moins 70 morts, dont des travailleurs humanitaires, et une centaine de blessés.
"On a entendu le rugissement d'un avion de combat dans les airs, et après, une énorme explosion. On s'est tous mis à courir, car il était clair que le camp était attaqué", rapporte Fati Yasin, leur mère.
La jeune femme s'est tout de suite dirigée vers sa tente, où elle a trouvé ses deux petites filles blessées et leurs frères et sœurs en pleurs à leurs côtés, sous le choc.
Dans cette chambre de l'hôpital de l'État de Borno, à Maiduguri, géré par le Comité International de la Croix Rouge (CICR), les sept lits sont occupés par des victimes de ce bombardement "regrettable", comme l'a ensuite qualifié le président Muhammadu Buhari en exprimant ses condoléances.
Dans un lit, un bébé de 7 mois est allongé, anesthésié par la douleur ou par les médicaments. Les médecins viennent de lui retirer des morceaux de métal du cou et du pied.
Sa mère, Ngwari Mustapha raconte qu'elle portait son fils sur son dos, lorsque la première attaque a eu lieu.
"Mon autre enfant a été blessé aux deux jambes", raconte-t-elle en arabe shuwa, langue parlée dans les régions les plus reculées de l'État du Borno, à la frontière avec le Cameroun et le Tchad.
"Je pleure parce que mes enfants n'ont pas été blessés par Boko Haram, mais par l'armée. L'armée était censée nous protéger de Boko Haram".
AFP/VNA/CVN