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Une usine de Boeing, avec le mont Rainier en arrière-plan, le 25 juin à Renton (État de Washington). |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Côté Boeing, la transaction se fera entièrement en actions, à 37,25 USD par titre, valorisant Spirit AeroSystems à 4,7 milliards d’USD ou 8,3 milliards en incluant la dette, a expliqué le constructeur américain dans un communiqué.
Quelque 60% du chiffre d'affaires de Spirit en 2022 provenait de Boeing, en particulier pour des fuselages. Mais l'équipementier constitue aussi un fournisseur stratégique d'Airbus, pour lequel il produit notamment des éléments d'ailes.
L'avionneur européen a indiqué, dans un communiqué distinct, avoir "conclu un accord contraignant avec Spirit AeroSystems portant sur l'acquisition potentielle d'activités majeures liées à Airbus".
Cette transaction doit se faire pour un dollar symbolique et Airbus doit même recevoir une compensation de 559 millions d’USD, selon l'accord préliminaire. Mais Airbus devra réaliser des investissements pour accompagner la montée en cadence de la production des activités qu'il doit récupérer.
Il s'agit d'un sujet crucial pour le constructeur européen, qui a révisé en baisse ses objectifs annuels de livraisons d'appareils commerciaux la semaine dernière. La finalisation est attendue pour mi-2025, sous réserve des autorisations nécessaires.
"Nous pensons que cet accord est dans le meilleur intérêt des voyageurs, de nos clients, des employés de Spirit et Boeing, de nos actionnaires et de notre pays plus généralement", a estimé Dave Calhoun, patron de Boeing, cité dans le communiqué de son entreprise.
Boeing et Spirit AeroSystems avaient confirmé début mars des discussions préliminaires en vue de ce remariage. Lancé dans une politique d'externalisation pour ne conserver que l'assemblage final des avions, Boeing a donné naissance à Spirit AeroSystems en 2005 en se séparant de son usine de Wichita (Kansas), spécialisée dans les aérostructures.
La nouvelle société indépendante a, par la suite, diversifié sa clientèle et grossi à coups d'acquisitions. Mais les deux entreprises sont sous étroite surveillance depuis un incident en vol le 5 janvier sur un Boeing 737 MAX 9 de la compagnie Alaska Airlines.
"Stabilité d'approvisionnement"
L'Agence américaine de l'aviation (FAA) a signalé le 4 mars l'identification de "problèmes de non-conformité dans le processus de contrôle de fabrication, la manipulation et le stockage des pièces détachées et le contrôle de la production" chez Boeing et Spirit.
Le Boeing 737 MAX 9 de la compagnie Alaska Airlines, qui a perdu une porte-bouchon en vol, à l'aéroport de Portland (Oregon) le 23 janvier. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Trois des quatre familles d'avions commerciaux actuellement fabriqués par Boeing sont visés par des enquêtes de la FAA pour des problèmes de qualité : le 737, le 777 et le 787 Dreamliner.
L'avionneur européen a précisé que son volet de la transaction concernerait des "activités majeures liées à Airbus". En particulier la production de sections de fuselage de l'A350 à Kinston (Caroline du Nord) et à Saint-Nazaire (France), des ailes et du fuselage central de l'A220 à Belfast (Irlande du Nord) et à Casablanca (Maroc), ainsi que des pylônes de l'A220 à Wichita.
"Avec cet accord, Airbus entend assurer la stabilité de l'approvisionnement de ses programmes d'avions commerciaux", a relevé le groupe.
Pour Peter McNally, analyste de Third Bridge, "la logique industrielle d'intégration de la chaîne d'approvisionnement est saine mais la réalité pourrait se révéler plus difficile du fait des défis de Boeing dans son propre processus de fabrication".
Même sentiment pour Stewart Glickman, de CFRA Research: cette transaction "ne va pas être une panacée pour Boeing", qui traverse lui-même des turbulences (enquêtes multiples, cadence de production bridée, risque de poursuites pénales, etc).
Les analystes de Briefing.com pensent que la réintégration "a beaucoup de sens" même s'il s'agit davantage de rassurer le public que d'une vision stratégique. La succession de problèmes de qualité de la production de Boeing l'a conduit à annoncer début mars le projet de réintégration de Spirit. Mais pour Airbus, il était impensable que son principal concurrent devienne l'un de ses fournisseurs stratégiques.
"Nous ne voulons pas que des lots de travail importants soient fournis par notre principal et seul concurrent", avait souligné fin avril Guillaume Faury, président exécutif d'Airbus, disant suivre "de près" la situation.
L'action Boeing progressait de 2,58% et celle de Spirit AeroSystems de 3,35% à la fermeture de la Bourse de New York. Le titre d'Airbus gagnait 2,64% à la clôture de la Bourse de Paris.
AFP/VNA/CVN